Activité Physique

Piétons Québec invite à se déplacer à pied

Au Québec, une personne sur cinq habite à quelques minutes de marche de son travail, soit à moins de trois kilomètres. Dans certaines villes, la proportion est beaucoup plus élevée : c’est le cas à Sept-Îles (52 %), Matane (49 %) ou encore Dolbeau-Mistassini (57 %).

Pourtant, les Québécois sont nombreux à avoir le réflexe de l’automobile pour de courtes distances. La part modale de l’auto pour les déplacements de moins de trois kilomètres est de 63,6 %, ce qui représente près de deux personnes sur trois, selon Statistique Canada.

« Marcher est une avenue crédible et viable sur de courtes distances. En plus, c’est efficace et gratuit, dit Katia Lesiack, coordonnatrice de projets chez Piétons Québec. Malheureusement, on rate souvent des occasions de marcher. »

Pour souligner le mois international de la marche, qui a lieu en octobre, Piétons Québec vient de lancer sa campagne nationale Tous piétons ! sous le thème « Fais voir ta belle démarche ».

La campagne fait valoir les bénéfices de la marche pour les déplacements quotidiens, dont l’amélioration de la santé physique et mentale, en plus de donner l’occasion à ceux qui la pratiquent de voir leur quartier et ses habitants sous un nouveau jour.

« C’est pour ça qu’on veut inviter les gens à privilégier la marche. On peut croiser des gens que l’on connaît et échanger quelques mots, puis s’arrêter plus facilement dans un commerce de proximité sur notre trajet. »

— Katia Lesiack, coordonnatrice de projets chez Piétons Québec

Pour un adulte en santé, franchir trois kilomètres à la marche peut prendre 35 minutes environ, voire moins si on marche d’un bon pas.

Le porte-parole de la campagne est le chroniqueur et auteur Olivier Niquet, qui dit marcher une vingtaine de minutes par jour matin et soir pour se rendre au travail et en revenir, en plus d’emprunter le métro.

« Je suis chanceux, j’habite dans un quartier de Montréal où les commerces sont à quelques minutes de marche et où les aménagements sont adéquats et agréables à utiliser, et j’en profite. »

— Olivier Niquet, porte-parole de la campagne de Piétons Québec

À ce sujet, le but de la campagne est également de sensibiliser les décideurs à tenir compte de la marche dans leurs aménagements urbains, souligne celui qui a étudié en urbanisme à l’université.

« Je sens un changement. On a élu des maires et mairesses très dynamiques récemment. L’été dernier, j’ai animé une série documentaire sur les liens entre la santé et l’urbanisme, et j’ai rencontré des gens qui travaillent dans ces municipalités-là. C’est sûr qu’ils sont pris avec certaines infrastructures qui leur lient les mains, mais ils ont tous ça en tête », dit-il.

L’une des clés est d’avoir de belles infrastructures qui donnent envie de marcher, explique Katia Lesiack. « On invite les municipalités du Québec à montrer leurs belles démarches et à faire des milieux de vie qui sont plus favorables à la marche, plus agréables pour marcher. »

Enjeu de santé publique

Selon l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), « la faible utilisation des moyens de transport actif contribue aux impacts négatifs de la sédentarité, notamment en ce qui concerne la forte proportion de personnes qui présentent un surpoids ».

L’INSPQ a estimé que chaque heure passée en voiture est associée à une hausse de 6 % du risque d’obésité, tandis que chaque kilomètre parcouru à pied est associé à une diminution de 5 % du risque de surpoids.

Au Québec, la sédentarité et le manque d’activité physique touchent environ un adulte sur deux.

Chez les enfants, la sédentarité a aussi empiré ces dernières années. Le pourcentage des enfants qui respectent les recommandations en matière d’activité physique d’intensité moyenne à élevée, soit 60 minutes par jour, est passé de 39 % avant la pandémie à 28 % durant celle-ci, selon le dernier Bulletin de l’activité physique chez les enfants et les jeunes de l’organisme Participaction (voir onglet suivant).

Les messages de la campagne Tous piétons ! seront diffusés sur les réseaux sociaux et sur le web, en plus d’être complétés par des activités dans certaines municipalités participantes le 23 octobre prochain.

Pandémie

La sédentarité a bondi chez les jeunes

Ce que plusieurs observateurs de l’enfance redoutaient se confirme : les enfants au Québec et au Canada ont moins bougé depuis le début de la pandémie de COVID-19 et leur temps d’écran a bondi.

Le dernier Bulletin de l’activité physique chez les enfants et les jeunes de l’organisme Participaction constate que l’activité physique, qui était déjà bien en deçà des recommandations, a baissé avec la mise en place des mesures de confinement.

Le pourcentage des enfants qui respectent les recommandations en matière d’activité physique d’intensité moyenne à élevée, soit 60 minutes par jour, est passé de 39 % avant la pandémie à 28 % durant celle-ci.

« Sur deux ans de COVID, avec les mesures strictes, l’obligation de rester chez soi, le couvre-feu, les niveaux ont baissé. Les jeunes ne pouvaient aller jouer au soccer, au hockey… », note en entrevue le DJean-Philippe Chaput, professeur associé à l’Université d’Ottawa et membre du comité de recherche du Bulletin.

Le temps d’écran a beaucoup augmenté entre 2020 et 2022. L’enseignement en mode virtuel a, sans surprise, fait bondir le temps d’écran. La note attribuée à ce chapitre est passée de D+ en 2020 à F deux ans plus tard.

Participaction remarque cependant une hausse des activités à l’extérieur chez les jeunes. « Les gens étaient tannés de rester chez eux », remarque le DChaput.

Mais globalement, il note que la pandémie a entraîné « un déclin de l’activité physique et une hausse du temps d’écran ». « Il y a des enfants avec des parents extrêmement sédentaires, qui ne bougent pas à la maison, dit-il. Au moins, à l’école, ils sont exposés à un environnement plus actif. »

Un défi pour la ministre

Ces résultats n’étonnent pas la Dre Julie St-Pierre, pédiatre spécialisée dans le traitement de l’obésité. « Ce n’est pas la première étude dans le monde qui montre cette tendance », dit-elle.

Dans une métanalyse publiée en juillet par la revue JAMA Pediatrics, des chercheurs ont analysé 22 études internationales. Ils concluent que les enfants et les jeunes passent 20 % moins de temps à bouger depuis le début de la pandémie.

« Maintenant, ce qui est important, c’est que les parents reprennent les routines : le samedi, c’est natation, dans la semaine on va au soccer... Beaucoup de gens dans nos cabinets de pédiatrie nous disent qu’ils n’ont pas repris les activités chez les jeunes. »

— La Dre Julie St-Pierre, pédiatre spécialisée dans le traitement de l’obésité

Elle note que d’autres facteurs, outre la pandémie, donnent du carburant à la sédentarité. Elle entend de plus en plus parler de la criminalité à Montréal, et de la peur de certains parents de laisser leurs enfants jouer au parc. Ou encore de l’inflation, qui pousse des parents à rogner dans les budgets alloués au sport.

« Je pense vraiment que la prochaine ministre déléguée aux Sports, que ce soit Isabelle Charest ou quelqu’un d’autre, devra prendre ce problème très au sérieux, et mettre des mesures en place comme des programmes gratuits chez les jeunes », dit la Dre St-Pierre.

La Fédération des éducateurs et éducatrices physiques du Québec (FEEPEQ) demande à Québec d’augmenter le temps réservé à cette matière.

« À la suite des dernières élections, la FEEPEQ pose aujourd’hui cette question : avec un budget provincial toujours plus gourmand en ce qui concerne le système de la santé du Québec, ne serait-il pas temps d’investir en amont et donc, en éduquant nos jeunes à la santé ? », fait valoir la Fédération dans un courriel envoyé jeudi à La Presse.

Les données de Participaction proviennent d’une multitude de sources, le plus possible objectives, c’est-à-dire avec des outils de mesure plutôt que des questionnaires. « L’enfant ne peut pas vraiment tricher », note Jean-Philippe Chaput.

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