Cours sur la culture et la citoyenneté québécoise

Ce projet doit être inclusif

L’annonce de François Legault à propos du remplacement du cours d’éthique et de culture religieuse (ECR) par un cours sur la culture et la citoyenneté québécoise est une excellente nouvelle. Particulièrement quand on sait qu’encore trop de jeunes issus de l’immigration ne se sentent pas québécois, et ce, même s’ils sont parfois nés ici. Toutefois, présenter un Québec interculturel sera nécessaire pour faire naître un sentiment d’appartenance chez tous ceux qui peinent à se sentir chez eux… chez eux. Ce cours sera-t-il un appel à l’unité des Québécois de tous les horizons ?

Certains expriment déjà leur crainte d’assister à un repli sur soi identitaire.

Je suis de ceux qui voient plutôt dans cette initiative une occasion extraordinaire de rassembler autour de la table tous ceux qui composent le Québec d’aujourd’hui.

Encore cette semaine, de jeunes adultes issus de l’immigration ont exprimé sur les ondes du Keke Show, une émission diffusée sur la chaîne spécialisée Natyf TV, leur difficulté à s’identifier à la culture québécoise.

Ce phénomène n’a rien de nouveau. En 2017, Radio-Canada a réalisé un documentaire et plusieurs reportages sur la crise identitaire des enfants de la loi 101. Selon Stéphane Leclair, journaliste-intervieweur dans le cadre du documentaire, « Québécois, ça veut dire surtout Blanc francophone dans la majorité des esprits. Si on veut être honnête avec nous-mêmes, c’est vrai que, quand on dit Québécois, la première chose qui nous vient en tête, c’est cette image-là ».

L’inclusivité avant tout

Si on peut saluer la persévérance du Parti québécois qui a milité pendant plusieurs années pour l’abolition du cours d’ECR et pour son remplacement par un cours d’initiation à la citoyenneté québécoise pendant de nombreuses années, on doit surtout s’assurer que cette victoire ne se retourne pas contre nous en présentant une vision trop homogène de notre peuple. Plus que jamais, cette notion d’inclusivité doit être véhiculée pour que chacun puisse trouver sa place dans l’histoire du Québec qui s’écrit aujourd’hui avec des citoyens issus de différentes communautés culturelles.

Récemment, j’ai pu observer sur le terrain que des jeunes du primaire issus de l’immigration s’identifient toujours davantage à la culture d’origine de leurs parents qu’à celle du Québec. L’histoire se répète donc, et pour assurer la survie de notre société distincte, la connaissance et la maîtrise du français ne suffisent pas.

Il faut impérativement développer un sentiment d’appartenance chez chaque citoyen pour favoriser une cohésion sociale et nationale. Le contenu de ce cours sera déterminant à cet effet.

À titre d’enfant d’immigrants haïtiens, j’ai moi aussi vécu une crise identitaire qui a changé le cours de mon existence. Je crois sincèrement qu’au fil de mon parcours, je suis passée à côté de nombreuses occasions parce que je peinais à me sentir à ma place chez moi. Aujourd’hui, ce passé est loin derrière moi, mais pour certains, cette réalité est quotidienne. Les responsables de la mise en place du nouveau cours sur la culture et la citoyenneté québécoise ont intérêt à ne pas l’ignorer s’ils souhaitent rallier toute la population à ce projet qui se doit d’être commun.

Au passage, si nous pouvions bannir de notre langage courant des termes issue de la sociologie comme « immigrants de deuxième génération » qui font allusion aux personnes qui, comme moi, sont nées ici, nous ferions déjà un grand pas en tant que société. Québécois, c’est ce que nous sommes.

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