Opinion Diversité sexuelle

Pour un acronyme véritablement inclusif

Nous sommes en 2016 et, encore aujourd’hui, des personnes ne se sentent pas incluses dans les luttes LGBT.

Réponse à Laurent McCutcheon sur son texte « De LGBT à LGBTIQQA2s, pas facile de s’y retrouver  ! », publié le 30 juillet

Revenons sur le texte de Laurent McCutcheon pour identifier certaines lacunes.

Tout d’abord dans l’introduction du texte, M. McCutcheon affirme que l’on détourne le sens premier de l’acronyme en y ajoutant des lettres et des chiffres (oh scandale !) alors que le sens premier de l’acronyme LGBT n’en est-il pas un, d’identification ? Plusieurs personnes s’identifient comme étant membres de la communauté LGBT. Pourquoi alors refuser à des personnes de pouvoir s’y identifier, alors que ce sont ces mêmes personnes qui ajoutent des lettres à l’acronyme afin qu’il soit plus représentatif de la communauté ? Il s’agit du sens premier de l’acronyme.

La distinction entre « état d’être » et « idéologie » n’est pas mauvaise en soi, mais d’inclure les personnes asexuées et « two-spirit » dans les idéologies relève ici d’une grave erreur. Les personnes asexuées qui ne ressentent pas de désir sexuel ne le sont pas par choix ou par idéologie. Le phénomène relève plutôt de l’état d’être. Les personnes « two-spirit » ne le sont pas non plus par idéologie. D’ailleurs, soulignons ici que nous pourrions aussi parler des personnes pansexuelles ou encore des personnes agenres, etc. qui sont aussi des états d’être. 

Mais, comme M. McCutcheon ne veut pas plus de lettres dans un acronyme, c’est mieux de ne pas en parler…

Difficile de s’y retrouver ? C’est au contraire très facile de s’y retrouver. D’ailleurs, il faudrait voir comment, en premier lieu, la communauté LGBT en est arrivée à l’adoption de cet acronyme.

Tout d’abord on parlait des luttes gaies, tout simplement. Mais, rapidement, on s’est bien aperçu que des personnes se sentaient exclues de la lutte qui faisait surtout référence aux hommes homosexuels. Les personnes bisexuelles aussi se sentaient exclues, et dans les environs des années 80, l’acronyme LGB a fait son apparition.

Mais, à ce stade, des personnes qui tentaient de militer aux côtés des personnes LGB ne se sentaient pas incluses dans les luttes par les groupes institués qui défendaient les droits des personnes LGB. Ce sont les personnes trans qui vont militer pour l’inclusion du T dans l’acronyme et on y retrouvait à l’époque les mêmes semblants d’arguments qu’il fallait conserver l’acronyme simple, qu’il ne fallait pas trop en rajouter, les gens ne comprendraient pas ce qu’on dit, etc. Après plusieurs années, l’acronyme LGBT commence à être adopté.

UN GESTE D'AUTODÉTERMINATION

Nous sommes en 2016 et encore aujourd’hui, des personnes ne se sentent pas incluses dans les luttes LGBT, et elles ajoutent des lettres à l’acronyme, dans un geste d’autodétermination afin d’avoir des points de repères identitaires, comme pour les personnes qui sont déjà incluses dans l’acronyme. De ne pas accepter ce nouvel acronyme plus long revient à exclure ces personnes, comme on a exclu les personnes trans à une certaine époque.

Et au nom de quoi le fait-on ? La simplicité ? Parce que dire cinq ou six lettres de plus dans un discours est vraiment plus long ? Parce que d’expliquer et d’éduquer les gens est difficile ?

Je croyais que la communauté LGBT en était une d’inclusion, d’ouverture et de progrès.

Tant qu’à vouloir simplifier, pourquoi ne pas retirer LG (qui représente les personnes lesbiennes et gaies) et remplacer ces deux lettres par une seule, le H, qui représenterait les personnes homosexuelles ? Ah ! Vous vous identifiez plus à L ou G qu’à H ? C’est drôle, il y a des personnes qui, elles aussi, aimeraient ça s’identifier à l’acronyme…

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