Décontamination de l’est de Montréal

« La mairesse n’a pas la note de passage », dit Chantal Rouleau

Valérie Plante doit utiliser les millions déjà versés par Québec pour ses projets plutôt que de continuellement quémander des fonds, a asséné vendredi la ministre responsable de la Métropole et de la région de Montréal dans une sortie d’une vigueur surprenante.

En entrevue avec La Presse, l’habituellement discrète Chantal Rouleau s’est avouée « extrêmement déçue » par la réaction en demi-teinte de Valérie Plante face au budget provincial de jeudi, notamment sur la décontamination de l’est de Montréal et le logement social.

« Valérie Plante a donné une note de 6,5/10 pour le budget », a souligné Mme Rouleau, faisant référence à une déclaration de jeudi passé en conférence de presse. « Je peux vous dire que la mairesse n’a pas la note de passage pour la décontamination dans l’est de Montréal. »

À son avis, les travaux avancent à pas de tortue, beaucoup plus lentement que ce qu’espérait Québec en accordant 100 millions au projet en 2019.

« On devrait voir en ce moment des terrains être décontaminés, mais ce n’est pas le cas », a déploré Mme Rouleau, faisant voler en éclats l’image d’entente cordiale régnant entre la mairesse et elle.

« L’argent qui a été investi à la Ville est toujours dans les coffres de la Ville et n’est pas utilisé pour la décontamination. »

— Chantal Rouleau, ministre responsable de la Métropole et de la région de Montréal

Jeudi, Valérie Plante avait affirmé qu’elle s’« attendait à avoir une somme qui allait marquer le coup » pour la décontamination de l’est de Montréal, somme qui n’était pas au rendez-vous. Elle avait ajouté craindre que le Réseau express métropolitain (REM) de l’Est ne soit prêt à être déployé avant que ce territoire soit décontaminé, si Québec tardait à faire son second versement de 100 millions promis en début de mandat.

Nulle crainte à avoir, dixit Chantal Rouleau. « Je ne pense pas qu’on permettrait qu’un laxisme de la Ville vienne empêcher la réalisation du REM de l’Est, qui est un projet extrêmement important. » Quant au deuxième versement, il viendra une fois des résultats concrets obtenus, assure la ministre. « Les 200 millions de dollars, pour nous, c’est une promesse. »

Au cabinet de la mairesse, on fait remarquer que Valérie Plante a souligné à la fois des points forts et des points faibles quant au budget provincial.

« La mairesse a expliqué que le budget répondait bien à l’urgence en matière de santé, d’éducation et de relance économique », a affirmé son directeur des communications, Youssef Amane.

Il a ajouté que l’administration Plante travaillait avec la ministre sur le dossier de la décontamination. « Elle est donc au courant de ce qui s’en vient, a-t-il dit. Nous considérons qu’il est important de déjà commencer à planifier les prochains projets. »

« Ça fait cher la porte »

Quant au logement social – autre point de critique de Valérie Plante envers le budget –, Chantal Rouleau accuse l’administration de traîner la patte avec les investissements de Québec. « Depuis qu’on est en poste, ce sont 460 millions qu’on a accordés à la Ville de Montréal dans le cadre [de l’entente] Réflexe Montréal, a-t-elle dit. À ce jour, on n’a vu que 80 logements sortir de terre. Ça fait cher la porte. »

La ministre, ancienne mairesse d’arrondissement de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles, reconnaît sans problème que d’autres projets sont en planification ou en construction et que des logements sociaux ne peuvent pas se construire en quelques mois. Mais le bilan reste décevant, à son avis.

« Réflexe Montréal donne toute la latitude, tout ce qui est nécessaire en matière de ressources ou de pouvoirs à la Ville pour agir en habitation, a affirmé la ministre Rouleau. La mairesse a de l’argent dans ses coffres. Elle est capable d’agir, elle est capable de construire. Elle n’en manque pas. »

À l’hôtel de ville, on voit les choses différemment.

« Les besoins de la métropole sont bien connus en matière d’habitation. À l’heure actuelle, il y a des milliers de projets de logements en attente de financement de la part du gouvernement du Québec, à Montréal et partout au Québec. »

— Youssef Amane, directeur des communications de la mairesse Valérie Plante

Selon Mme Rouleau, le dossier du logement est représentatif d’une méthode face à laquelle Québec perd patience.

« Chaque fois, la mairesse demande plus d’argent, plus d’argent. Mais on ne voit pas toujours les résultats, a- t-elle dénoncé. C’est choquant, parce que beaucoup d’argent est investi. Il faut voir les résultats : c’est ce qu’on n’a pas, pour l’instant. Il faut que la mairesse passe à l’action, plutôt que de toujours demander des millions. »

Jeudi, Valérie Plante a indiqué que ses équipes analysaient toujours le budget afin de calculer l’ensemble des sommes auxquelles Montréal aurait droit. Mais déjà, elle disait rester sur sa faim.

« On a été l’épicentre de la pandémie, on en a beaucoup souffert, a-t-elle affirmé. Dans cette idée d’une relance verte et inclusive, j’aurais aimé avoir des mesures très fortes. »

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