Le Canadien

Un message pour les jeunes

On aurait presque dit que Rob Ramage et Francis Bouillon s’étaient coordonnés pour transmettre le même message aux joueurs : entraînez-vous ici.

Le thème du développement des joueurs est à la mode dans l’entourage du Canadien depuis l’arrivée de Jeff Gorton et de Kent Hughes. Avec 38 joueurs réclamés lors des quatre derniers repêchages, le bassin d’espoirs n’a jamais été aussi plein.

Ramage rencontrait les médias après l’entraînement de mardi, et un collègue lui a demandé quels joueurs s’étaient démarqués au tournoi des recrues à Buffalo. Il a immédiatement nommé Xavier Simoneau et William Trudeau.

« Ils ont eu un très bon été à Brossard, ils se sont entraînés ici et ça a paru », a souligné Ramage.

Bouillon, lui, a d’abord nommé Emil Heineman, avant de se faire interroger spécifiquement sur Simoneau. C’était comme s’il attendait qu’on lui pose la question.

« Il a passé beaucoup de temps ici, beaucoup de temps sur la glace avec Adam Nicholas [le directeur du développement hockey]. Trudeau aussi a fait beaucoup d’efforts et en tant que joueur, tu dois investir quelque part. Simoneau ne vient pas d’ici, mais il a passé l’été chez Trudeau. Ils étaient ici du lundi au vendredi, ils faisaient le gym et embarquaient sur la glace. C’est comme ça que tu deviens un joueur de hockey. Tu t’entraînes avec les meilleurs. Ils ont compris que passer du temps à Brossard, c’est un investissement. »

Il est évidemment plus facile pour les joueurs établis dans la région de Montréal de faire un tel effort, car ils peuvent dormir à la maison. Ceux qui viennent de l’extérieur doivent se loger, donc payer un hôtel ou un appartement. Pour des joueurs d’âge junior, qui n’ont toujours pas de contrat de la LNH, l’investissement peut être considérable.

Juraj Slafkovsky l’a fait, cet investissement, arrivant quelques semaines avant le début du camp. Il fait cependant partie des privilégiés, puisqu’il a signé son contrat cet été, qui vient avec un boni annuel de 95 000 $. « Ça m’a permis de connaître le monde, de chasser l’effet du décalage horaire. Je connais mieux la ville et c’est important », a-t-il résumé.

Owen Beck, choix de 2tour du CH, souhaitait l’imiter, mais un été plus chargé que prévu l’en a empêché, dit-il. Mais il aimerait passer « peut-être une semaine sur deux » dans les installations de l’équipe à Brossard l’été prochain.

Jordan Harris a quant à lui passé l’été à la maison, dans la région de Boston. Il a notamment patiné avec des espoirs des Bruins, des séances organisées par John McLean et Tom Ford, deux consultants en développement des habiletés embauchés par les Bruins.

« J’étais à la maison cet été, c’était commode, je savais quand j’avais de la glace et j’avais des groupes de joueurs avec qui m’entraîner. Passer mes étés ici serait aussi bon, sinon meilleur », admet-il.

Pour Ramage, il ne fait aucun doute que les espoirs auraient intérêt à imiter Simoneau et Trudeau, qui ont pu côtoyer Nick Suzuki et Josh Anderson, entre autres.

« Des choses ont changé dans le vestiaire. Des gars du Canadien s’entraînent ici et quels meilleurs modèles avec qui travailler, pour savoir quoi améliorer ? Veux-tu devenir un joueur de hockey ou tu préfères passer du temps à la plage ? », a laissé tomber Ramage.

Des nouveautés

Ça, c’est un bout qui est entre les mains des joueurs. De son côté, la nouvelle administration du Canadien a aussi implanté des initiatives.

Par exemple, en participant à un tournoi des recrues plus élaboré que ceux des dernières années à trois, voire deux équipes. On retrouvait six clubs à Buffalo et les espoirs du Canadien ont affronté trois équipes différentes en plus de tenir un entraînement. « D’un point de vue de recrutement, on peut voir plus d’équipes, a fait valoir Ramage. On a joué trois matchs et c’était suffisant. C’est ce qu’on a pu faire en allant à Buffalo, au lieu de simplement jouer contre Belleville. »

Le personnel pour encadrer les espoirs a aussi été engraissé. Ramage et Bouillon sont maintenant entourés du très énergique Adam Nicholas. Marie-Philip Poulin s’est ajoutée comme consultante, mais comme son emploi principal consiste à jouer au hockey, elle ne peut être présente à temps plein.

De plus, un membre de l’organisation nous racontait cette fin de semaine que Scott Pellerin s’est ajouté à l’équipe de développement. L’ancien joueur, qui a travaillé sept ans au développement des joueurs des Maple Leafs, était d’ailleurs sur la patinoire mardi. De plus, Nick Carrière, dont le titre officiel est « directeur des clubs affiliés et dépisteur professionnel », s’est aussi joint au groupe du développement des joueurs, car Ramage l’a nommé en énumérant le personnel.

Il a été impossible de savoir quels sont les titres de Pellerin et de Carrière. Mais Ramage a souligné leur importance, rappelant que le Tricolore comptera cette saison 27 espoirs qui ne seront pas avec le Rocket de Laval.

Le Canadien

Du monde à la messe !

Ne cherchez pas une chambre d’hôtel pour vos vacances à Brossard ; elles seront monopolisées par le Canadien.

Le Tricolore a dévoilé mardi sa formation en vue du camp d’entraînement, et il y aura du joueur de hockey au mètre carré. L’équipe a en effet convié 74 joueurs pour l’exercice.

On retrouvera 43 attaquants, 20 défenseurs et 8 gardiens. Les trois autres joueurs sont identifiés comme excédentaires (« extra ») : Carey Price, Paul Byron et Logan Mailloux.

Le premier ne jouera vraisemblablement pas cette saison. Byron devrait quant à lui revenir assez tôt dans la saison, avait dit Kent Hughes la semaine dernière, tandis que Mailloux a participé à l’entraînement de mardi au camp des recrues. Il le faisait toutefois avec un gilet bleu, signifiant qu’il ne pouvait pas encaisser de mises en échec.

Mailloux se remet d’une opération à une épaule.

C’est donc dire que Jonathan Drouin et Sean Monahan, deux attaquants dont la présence en début de saison était incertaine, sont répertoriés dans la même liste que les joueurs réputés en santé.

Les attaquants Pierrick Dubé et John Parker-Jones, de même que les gardiens Antoine Coulombe et Riley Mercer, figurent sur la liste du personnel. Ces quatre joueurs non repêchés participaient en fin de semaine au tournoi des recrues en vertu d’une invitation et en ont donc montré suffisamment pour que leur essai soit prolongé.

Les 74 joueurs constituent un record d’équipe pour un début de camp, de mémoire d’homme. À titre comparatif, il y en avait 70 l’an dernier, 42 la saison précédente (en pleine pandémie), 57 en 2019-2020, 66 en 2018-2019 et 61 en 2017-2018.

Le camp s’amorcera avec les examens médicaux ce mercredi, et les premières séances sur glace auront lieu jeudi. Notons que le traditionnel match intraéquipe entre les Rouges et les Blancs aura lieu dimanche après-midi, au Centre Bell.

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Juraj Slafkovsky sera évidemment le point de mire de ce camp. Le Canadien a repêché au tout premier rang pour la première fois depuis 1980, ce qui génère forcément beaucoup d’attention. Le grand Slovaque était d’ailleurs un des trois joueurs qui rencontraient les médias mardi, dernière journée du camp des recrues.

Rob Ramage, lui-même repêché au 1er rang en 1979 par les défunts Rockies du Colorado, est bien placé pour mesurer l’attention portée à Slafkovsky. « J’ai eu la chance d’être repêché à Denver, quand il y avait 8000 personnes dans les gradins, a raconté Ramage mardi, lors d’une rencontre avec les médias. Les Rockies étaient en dernière page du journal, derrière le basketball secondaire. J’étais vraiment mauvais à ma première saison, je pense que j’ai gagné le veston vert pour le différentiel ! »

Le veston vert est un clin d’œil au Tournoi des maîtres, mais Ramage ne l’aurait pas « gagné » s’il avait été remis. Il avait présenté un différentiel de - 42 en 1979-1980, mais Peter Sullivan et Dale Hoganson avaient affiché un pire rendement que lui.

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Parlant de Slafkovsky, ce sera une saison de transition pour le hockey slovaque, avec sa possible arrivée et celle du défenseur Simon Nemec (Devils) dans la LNH, en même temps que la retraite de Zdeno Chara. « Tous les enfants le regardaient à la télévision. C’est bien qu’on ait eu un gars comme lui en Slovaquie, mais je suis chanceux qu’il prenne sa retraite maintenant ! », a-t-il lancé en riant.

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En plus de Ramage, Francis Bouillon, également du département du développement des joueurs, rencontrait les médias. Bouillon a formulé un commentaire intéressant au sujet de Jordan Harris, affirmant que Martin St-Louis serait « le meilleur coach pour lui chez les pros ». « Il va l’amener à un autre niveau », a prédit l’ancien défenseur. Ramage a quant à lui parlé du charisme de Harris, un trait de personnalité que l’on remarque assez rapidement chez le jeune homme. « J’ai toujours dit que s’il n’était pas joueur de hockey, il pourrait devenir président des États-Unis » !

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Enfin, le défenseur Arber Xhekaj continue de faire jaser. Sa force physique sautait aux yeux lors du tournoi des recrues, et c’est pourquoi Bouillon croit que le passage chez les professionnels lui sera bénéfique. « En allant dans la Ligue américaine, il va tomber dans son calibre, car ce sont de gros bonshommes, estime Bouillon. Dans le junior, il était un peu seul sur la glace, les joueurs avaient peur de lui, il faisait ce qu’il voulait ! » Bouillon croit que Xhekaj aura besoin de temps à Laval, notamment pour apprendre quand foncer vers le porteur de la rondelle. « Il va voir que dans le pro, il y a de bons patineurs aussi. »

Rondelle libre

L’entonnoir

La cuvée 2017 du repêchage par le Canadien annonçait de grandes promesses. Cinq ans plus tard, seul Cayden Primeau est encore dans l’organisation. Avons-nous péché par excès d’enthousiasme à l’époque ? Oui, un peu. À compter du moment où ils sont repêchés, les jeunes joueurs entrent dans un immense entonnoir. Tous les espoirs sont encore permis à l’orée de cet entonnoir. Mais plus on avance, plus l’espérance diminue.

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