Chronique

Ils étaient cinq (puis quatre)

Le titre ne me disait rien qui vaille : L’ombre de Jesse. Ça sonnait comme a) un roman de Danielle Steel et b) un film d’après-midi de TVA à propos d’un ado rejeté qui aspire à devenir aussi cool que le quart-arrière de son école secondaire publique de Mississauga.

Rien de très inspirant. Après 10 minutes d’écoute, mes préjugés se sont désagrégés d’un seul coup. Cette minisérie policière britannique, la version française de The Five, est captivante et évoque autant The Killing que The Missing.

Vraiment, il ne faut pas que ce thriller passe sous votre radar. Le premier épisode, diffusé gratuitement sur ICI Tou.tv, a été relayé mardi à 20 h sur les ondes de Radio-Canada. Les neuf autres suivront dans la case d’Unité 9 pendant tout l’été.

Si vous aimez les intrigues complexes et tordues, couchées sur plusieurs niveaux, vous deviendrez accro à L’ombre de Jesse, qui a remporté un vif succès lors de sa sortie européenne au printemps 2016. 

Il faut aussi mentionner que la minisérie a été écrite par l’auteur Harlan Coben, spécialiste du polar haletant.

L’ombre de Jesse démarre avec un flash-back de l’été 1995. Cinq enfants s’amusent dans la forêt, de façon innocente. Puis, pour une raison nébuleuse, les quatre plus vieux ordonnent au plus jeune, le fameux Jesse, de rentrer à la maison et de ne plus les suivre. À contrecœur, Jesse rebrousse chemin. Ses petits camarades ne le reverront plus jamais. Personne ne retrouvera son corps non plus.

Vingt ans plus tard, la culpabilité ronge toujours le quatuor impliqué dans cette disparition, particulièrement Mark, le grand frère de Jesse. S’il n’avait pas repoussé Jesse cette journée-là, serait-il encore parmi eux ?

La réponse viendra – peut-être – de l’un des quatre amis de 1995, Danny, devenu policier. Alors qu’il enquête sur le meurtre d’une jeune femme tuée à coups de marteau, les résultats des analyses de laboratoire lui couperont le souffle. L’ADN de Jesse a été retrouvé sur la scène de crime, 20 ans après son présumé rapt.

Jesse serait-il encore vivant ? Si oui, est-il vraiment l’auteur de cet assassinat ? Sinon, pourquoi quelqu’un aurait-il « planté » cet indice qui a réveillé bien des mauvais souvenirs ?

À partir de ce moment-là, l’intrigue déboule dans nos salons. Des personnages en apparence gentils cachent de gros squelettes dans leurs placards. En retournant dans le passé, on découvre que la promenade dans les bois de 1995 camoufle assurément quelque chose de dramatique.

Le plaisir d’une série comme L’ombre de Jesse, c’est d’essayer de deviner qui a fait quoi. La tâche s’annonce ardue, mais ô combien palpitante.

Plaisir sucré estival

La chaîne canadienne Bravo a amorcé ce mois-ci – les lundis à 22 h – la diffusion d’une série légère et pétillante comme un cocktail d’été. Ça s’appelle Daytime Divas et ça nous téléporte dans les coulisses d’un talk-show quotidien fictif à la The View.

Comprenons-nous bien. C’est loin d’être génial, mais c’est très divertissant pour un téléroman-savon.

La Barbara Walters de Daytime Divas est incarnée par Vanessa Williams (Ugly Betty). C’est elle, la patronne et l’animatrice de l’émission fictive The Lunch Hour, qui réunit, comme le veulent la tradition et les clichés, une comique noire, une commentatrice blanche aux idées conservatrices, une journaliste sérieuse et une recrue fofolle.

Les coups les plus bas s’échangent sur le plateau de The Lunch Hour. Le but ? Obtenir le plus de temps d’antenne possible. Adios, la solidarité féminine.

Daytime Divas dérive du livre Satan’s Sisters de l’animatrice Star Jones, qui s’est assise pendant neuf ans autour de la table de The View. Elle sait donc de quoi elle parle.

En trois épisodes, il a déjà été question d’enfant transgenre, de ménage à trois, de chirurgie plastique ratée, de vidéos compromettantes et de consommation de cocaïne.

Daytime Divas, aussi offert en rattrapage sur iTunes, n’est pas la série la plus réaliste du petit écran, on s’entend là-dessus. Mais c’est assurément l’émission qui assume avec le plus d’enthousiasme son côté trash. Et les fans s’en délectent.

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