Une « saine réserve » de tests rapides se construit

Les tests rapides, qui partaient il y a des semaines comme des petits pains chauds, sont nettement moins demandés au Québec maintenant que les livraisons se régularisent. Des pharmaciens se réjouissent de cette situation, qui leur permet d’accumuler une saine réserve en cas de nouvelle vague.

« Pour l’instant, la demande a vraiment beaucoup diminué. On a même stoppé certaines commandes. C’est toujours relatif à la perception du risque, au nombre de cas, un peu comme la vaccination. Si jamais il y avait une autre vague, ce qu’on ne souhaite pas, ça repartirait très vite », affirme le président de l’Association des pharmaciens-propriétaires, Benoit Morin.

Il rappelle qu’il y a quelques semaines seulement, la non-disponibilité de tests rapides a été « extrêmement difficile » pour bon nombre de pharmaciens.

« C’est très sain pour nous et pour la population d’avoir une réserve présentement. Chaque famille devrait avoir sa boîte en sa possession, en cas de symptômes, pour éviter de se rendre en succursale à ce moment-là. »

— Benoit Morin, président de l’Association des pharmaciens-propriétaires

Au ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), la porte-parole Marjorie Larouche indique que Québec doit recevoir 41 millions de tests rapides du gouvernement fédéral en mars et en avril 2022. En février, ce chiffre était de 22 millions. La province devrait par ailleurs recevoir « entre 18 millions et 42 millions de tests rapides par l’entremise de différents fournisseurs » au cours du mois de mars.

« Niveaux intéressants »

On ignore encore de quelle manière exactement tous ces tests seront distribués. En février, le Québec en avait distribué 19,6 millions au total, dont une bonne partie était allée dans les écoles, les pharmacies, les services de garde, les entreprises et le réseau de la santé. Chose certaine, « le Québec s’assure de distribuer rapidement les tests rapides qu’il reçoit », assure Mme Larouche, précisant toutefois que « la stratégie de distribution est constamment ajustée afin de répondre aux besoins et demandes ».

À l’Association québécoise des distributeurs en pharmacie, le directeur général Hugues Mousseau confirme lui aussi que la demande pour les tests rapides a « considérablement diminué » au sein même des établissements, pendant que l’offre, elle, a largement augmenté, selon lui.

« En termes de prévisibilité de stocks, on est à des niveaux vraiment intéressants qui nous permettent de répondre à la demande, maintenant et pour le futur, et ce, même s’il y avait une hausse dans les mois à venir. »

— Hugues Mousseau, directeur général de l’Association québécoise des distributeurs en pharmacie

M. Mousseau dit percevoir une certaine « régularisation » des approvisionnements et des livraisons, autant du fédéral que du provincial.

Hugues Mousseau croit aussi qu’il est important de « profiter » de cette situation pour mieux s’outiller collectivement. « Il faut que les gens en aient à la maison et non qu’ils se rendent en pharmacie quand il y a l’apparition de symptômes. Pour nous, c’est vraiment la clé. Si on réussit à implanter ça dans la plupart des ménages, la prochaine crise ne sera pas aussi importante », affirme-t-il.

La réalité des tests rapides a en effet fortement changé, et pour le mieux. « On est passés d’un système push, donc dès que les grossistes recevaient les tests, ils nous envoyaient le maximum qu’ils pouvaient parce que c’était la folie et qu’on ne suffisait pas à la demande, à un système pull. Moi, comme pharmacien, j’en commande seulement quand j’en ai besoin. C’est vraiment rendu une gestion normale du stock, comme l’ensemble de mes produits », indique M. Morin.

Logique

Chez Santé Canada, le porte-parole Mark Johnson souligne que le gouvernement canadien s’est procuré « une quantité importante de tests rapides pour les semaines et les mois à venir, qu’il continuera de livrer » et de distribuer « le plus rapidement possible ». Dans l’avenir, « le gouvernement du Canada continuera d’acheter des tests rapides au besoin », écrit-il aussi, rappelant toutefois qu’il revient aux provinces de les distribuer « en fonction de leurs priorités en matière de dépistage ».

Pour l’heure, la capacité québécoise de tests PCR est d’environ 35 000 quotidiennement durant le mois de mars. Le MSSS estime que cette capacité « permet de répondre aux besoins actuels ». À titre comparatif, en février, la capacité était un peu plus élevée, à environ 50 000.

Vu les nouvelles limites imposées au dépistage, il semble logique de diminuer cette capacité quotidienne, dit l’enseignante à l’École de santé publique de l’Université de Montréal, Roxane Borgès Da Silva. « Je comprends le gouvernement de vouloir réallouer les ressources humaines et financières. Ça doit être efficient. Ça ne me surprend pas : ça ne donne rien de maintenir des ressources de cette ampleur en place », indique-t-elle.

État des lieux

Les 9 nouveaux morts enregistrés lundi portent à 13 la moyenne quotidienne. La tendance est ainsi en baisse de 17 % sur une semaine. On a observé lundi une légère hausse de trois hospitalisations. À ce jour, 1077 personnes atteintes de la COVID-19 demeurent hospitalisées, dont 61 se trouvent toujours aux soins intensifs (- 2). Côté vaccination, la campagne québécoise continue de ralentir. Dimanche, à peine 4200 doses supplémentaires ont été administrées, dont plus de 2490 étaient des troisièmes doses. Le Québec administre en moyenne 6450 doses quotidiennement. Du nombre, à peine 4220 personnes par jour viennent chercher leur troisième dose, alors que le Québec n’a pas encore franchi le cap des 50 % ayant reçu leur dose de rappel.

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