COMMANDITÉ
Économie d’ici

L’achat local au-delà de la tendance

Face à la pandémie de la COVID-19, les Québécois se sont tournés, plus que jamais, vers les entreprises d’ici. Aujourd’hui, tout porte à croire que, même après l’essoufflement de la crise printanière, l’achat local continuera de rythmer l’été. Entretien avec la créatrice Eve Gravel, fière ambassadrice de la production locale.

La durabilité comme priorité

Designer chouchou des Québécoises, Eve Gravel fait briller sa marque éponyme depuis près de 20 ans. Ses vêtements se démarquent par leur simplicité et leur confort, mais aussi par leur production locale et éthique. « On essaie vraiment d’utiliser des matières premières qui sont durables et naturelles, qui vont perdurer dans le temps. On travaille avec des coupes qui sont intemporelles, qui ne vont pas être démodées dans deux ou trois ans. »

Toutes les créations d’Eve Gravel sont produites localement, et ce, depuis les débuts de la marque – un engagement très apprécié de sa fidèle clientèle.

« Ça n’a jamais été une question de tendance pour moi. J’ai toujours voulu être proche de ma main-d’œuvre et donner du travail aux gens d’ici… C’est vraiment ça le but du projet Eve Gravel. »

Refuser de produire à l’étranger

Eve Gravel a commencé par coudre elle-même ses créations, puis elle s’est bâti un petit réseau de couturières locales. Son entreprise ayant pris de l’ampleur, elle aurait ensuite pu se tourner vers la production étrangère, mais la perspective ne l’a jamais intéressée, préférant la proximité et les échanges que permet la sous-traitance locale.

« Quand on fait des affaires à l’étranger, explique-t-elle, on envoie ses demandes par courriel, on reçoit ses vêtements par avion, on renvoie ses corrections de la même façon… Pour moi, ça n’avait aucun sens aux points de vue logistique et écologique. C’est sûr que la main-d’œuvre coûte plus cher, mais je suis fière de pouvoir dire que tout le monde qui travaille pour moi reçoit un salaire décent, qu’il n’y a pas d’exploitation. »

La main-d’œuvre : une denrée rare

Un enjeu majeur vient toutefois ternir l’attrait de la production locale, souligne Eve Gravel : la pénurie de main-d’œuvre. « Pendant la pandémie, on a vu à quel point c’était un problème ; on n’arrivait pas à trouver assez de main-d’œuvre pour coudre les masques et les chemises médicales. »

« Le gouvernement a réalisé qu’il avait négligé le secteur manufacturier alors que nous, on se plaint depuis des années en demandant de favoriser l’immigration pour rebâtir une main-d’œuvre manufacturière… Heureusement, la pandémie pourrait faire changer les choses. »

L’ère de l’achat local

L’industrie de la mode n’a pas échappé au nouvel engouement des Québécois pour l’achat local. Eve Gravel en ressent indéniablement les effets dans son entreprise, nous dit-elle. « Notre site internet a explosé pendant la pandémie ! On a toujours fait des ventes en ligne, mais en ce moment, on constate vraiment une hausse inhabituelle. »

Il faut croire que la récente campagne gouvernementale visant à encourager l’économie locale a fait son bout de chemin dans la tête de bien des Québécois. « C’est super parce que c’est ce qu’on prône depuis nos débuts », poursuit Mme Gravel. Il y a 20 ans, il n’y avait pas de boutiques proposant des produits québécois ; on trouvait juste des vêtements européens ou américains. Je me suis fait fermer la porte au nez plus d’une fois… »

La fierté d’acheter localement

Selon Eve Gravel, l’achat local, c’est aussi une question de fierté. « Quand je porte une création d’un designer d’ici, je suis fière de dire que c’est québécois. J’ai peut-être mis 30 $ de plus sur un morceau, mais je suis vraiment contente de raconter sa petite histoire, de faire découvrir son créateur. »

« Ce plaisir-là, de pouvoir dire que je suis habillée à 100 % en québécois, je suis prête à l’acheter. Quand on goûte à la fierté de l’achat local, on ne peut généralement plus s’en passer !  »

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.