Opinion : Femmes en technologie

Et si c’était aux entreprises de les intéresser ?

En 2019, le secteur des technologies représentait plus de 136 000 emplois au Québec1, et il n’a cessé de croître depuis, d’autant plus que la pandémie de COVID-19 a créé de nouveaux besoins technologiques. C’est aussi un secteur fortement touché par une pénurie de main-d’œuvre, et pourtant. toute une partie de la population n’a pas accès à ces emplois. Un constat est frappant dans la province : 80 %2 des postes sont occupés par des hommes. Où sont les femmes, demandez-vous avec raison ?

Traditionnellement, des professions réservées aux femmes

Les femmes ont toujours été présentes dans la technologie. Cela pourrait en surprendre plus d’un, mais jusqu’aux années 70, l’informatique était plutôt réservée aux femmes. Et les exemples sont nombreux. Ce sont les femmes qui exploitaient les premiers ordinateurs monolithiques pour calculer les codes balistiques et les codes ennemis pendant la guerre.

Quand les ordinateurs sont arrivés dans nos bureaux, ce sont les femmes qui travaillaient en coulisses et qui recueillaient les données pour les gouvernements.

C’est aussi une femme, Margaret Hamilton, qui a conçu le système embarqué du programme spatial Apollo et qui a permis l’arrivée du premier homme sur la Lune.

Des exemples canadiens – ou de Canadiennes –, il y en a aussi : Beatrice Helen Worsley, la première femme au monde à avoir reçu un doctorat en science informatique en 1952 et à avoir aidé à développer un des premiers ordinateurs au pays. Il y a aussi Michèle Thibodeau-DeGuire, la première femme à obtenir un diplôme en génie civil de l’École Polytechnique en 1964 et première femme en génie-conseil au Québec.

Où sont donc passées les femmes en technologie ?

Les femmes ne sont aujourd’hui que trop peu présentes dans le secteur des technologies. Au Québec, leur présence tend même à baisser. Ce constat suscite des questionnements : quels sont les freins à l’entrée, à la rétention et à la progression des femmes dans les postes en technologie au Québec ?

Bien que nous sommes aujourd’hui en 2020, la discrimination est encore une réalité. Mais les entreprises ont un rôle à jouer et elles peuvent encourager plus de diversité au sein de leurs équipes technologiques. Elles peuvent mettre en place des mesures pour s’assurer qu’il n’y ait aucune discrimination, et pour s’assurer que leurs employées se sentent à l’aise et soutenues. Elles peuvent aussi aller plus loin et former leurs employées, ainsi que les générations futures. Il faut savoir que la sous-représentation des femmes commence très tôt, dès le primaire et le secondaire, qui sont des périodes charnières pour les jeunes filles et pour leur avenir professionnel. Les filles devraient être exposées aux disciplines informatiques, aux STIAM (science, technologie, ingénierie, arts et mathématiques) dès leur plus jeune âge.

Elles devraient surtout être exposées à des modèles de femmes issues du milieu technologique, pour qu’elles s’intéressent à poursuivre des études dans cette direction.

Triste mais vrai, un Canadien sur deux est incapable de nommer une seule femme en science ou en ingénierie. Pire encore, aujourd’hui, 70 % des Canadiennes adultes affirment n’avoir eu aucun modèle féminin dans le secteur des STIAM en grandissant3. Lors de notre première édition virtuelle de Girls’ Tech Day, qui a lieu du 14 au 28 novembre, nous alliions plaisir et apprentissage pour amener les filles à vouloir se lancer en technologie. Ces jeunes seront exposées à des femmes de tête qui ont du cœur au ventre, et qui leur raconteront leurs expériences – leurs défis, leurs échecs et leurs réalisations, ainsi que des anecdotes de leur quotidien.

Les intéresser passe forcément par une évolution de la société à tous les niveaux. Il faut que tout le monde soit convaincu, y compris les entreprises, mais aussi les filles elles-mêmes, qu’elles peuvent avoir n’importe quelle profession et occuper n’importe quel poste dans le milieu technologique.

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