MÉDECINS SPÉCIALISTES

Un revenu moyen net de 420 000 $

Le revenu moyen net des médecins spécialistes du Québec a été de 420 000 $ en 2015-2016, et leurs frais annuels de cabinet ont été de 30 000 $ en moyenne, révèlent des données publiées par le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) du Québec dans le cadre de l’étude des crédits.

Selon le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, ces chiffres montrent qu’il y a actuellement « de l’espace » pour intégrer les frais accessoires à la rémunération médicale.

Jusqu’à maintenant, seule la facturation annuelle brute des médecins avait été divulguée par la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ). Or, ces chiffres ne donnent pas un juste portrait de la situation, a indiqué la semaine dernière la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ). En effet, les frais de cabinet des médecins, soit les sommes servant à payer les appareils, le personnel et les autres dépenses de cabinet, doivent en être retranchés.

La porte-parole du ministère de la Santé, Noémie Vanheuverzwijn, explique que les frais de cabinet sont difficiles à évaluer de façon précise, puisqu’ils varient en fonction de plusieurs facteurs. « Par exemple, le coût du logement diffère d’une région à l’autre », dit-elle. La porte-parole reconnaît également que le MSSS ne possède « pas d’informations détaillées et homogènes » sur les coûts réels des frais de cabinet.

Si bien que depuis les années 70, on estime les frais de cabinet à 30 % pour les spécialistes, 35 % pour les omnipraticiens et 70 % pour les radiologistes, par exemple.

Le ministre Barrette compte bien corriger la situation. « Je vais faire ce que jamais personne n’a fait avant : une évaluation des frais en question », a-t-il annoncé à La Presse. Cette analyse sera faite en même temps que l’évaluation des frais accessoires.

METTRE FIN AU DÉBAT

Président de l’Association des radiologistes du Québec, le Dr André Constantin a accepté de discuter ouvertement de rémunération avec La Presse. Il explique que la majorité du travail des radiologistes se fait à l’hôpital. « Environ 10 % du volume d’examens des radiologistes se fait en cabinet », dit-il.

Le Dr Constantin ne s’en cache pas : avec un revenu moyen net d’environ 535 000 $, les radiologistes « ne feront pleurer personne ». Il explique toutefois que vers 2007, les associations membres de la FMSQ ont consenti à mieux répartir la masse salariale entre les spécialités. Si bien que l’écart de rémunération entre les radiologistes et les autres spécialités s’est rétréci au fil des ans.

348 545 520 $

Somme totale facturée par les médecins spécialistes de radiologie en 2015-2016

Source : RAMQ

Le ministre Barrette confirme que la répartition de la rémunération entre les spécialités au Québec est parmi les plus équitables au pays.

Le Dr Constantin répète que les médecins spécialistes « ne font pas pitié ». Mais le débat sur leur rémunération l’agace.

« Je n’ai aucun problème à parler de notre rémunération et qu’il y ait un débat là-dessus. C’est correct. Mais il y a plusieurs défis dans le réseau de la santé actuellement, et ces enjeux sont éclipsés par ce débat sur la rémunération », déplore-t-il.

UN PROBLÈME D’ACCÈS

Diane Lamarre, critique de l’opposition officielle en matière de santé, croit que le débat sur la rémunération médicale a lieu parce que la population a l’impression de ne pas en avoir pour son argent.

« Si, avec tout cet argent, on avait un bon accès aux soins, les gens questionneraient moins la rémunération. Mais là, l’argent a été donné par le gouvernement libéral, mais on n’a pas garanti l’accès. C’est ce qui choque. »

— Diane Lamarre, critique du Parti québécois en matière de santé

Le ministre Barrette affirme qu’au cours des dernières années, les médecins québécois ont connu un rattrapage salarial par rapport à l’Ontario.

« Maintenant, le focus doit être sur l’organisation des soins. Il faut régler l’accès, et toutes les énergies doivent y être consacrées », dit-il.

La FMSQ n’était pas en mesure de commenter la situation, hier.

Rémunération des médecins spécialistes

La chirurgie au sommet

En consultant les revenus nets des médecins, on constate que la chirurgie cardio-vasculaire et thoracique présente la rémunération nette la plus élevée, soit 606 471 $ par année. Ces spécialistes travaillent presque exclusivement à l’hôpital, si bien que leurs frais de cabinet moyens sont estimés à 335 $ par année.

Top 5 des revenus nets les plus élevés

CHIRURGIE CARDIO-VASCULAIRE ET THORACIQUE

Revenus moyens bruts : 606 806 $

Revenus moyens nets : 606 471 $

OPHTALMOLOGIE

Revenus moyens bruts : 645 965 $

Revenus moyens nets : 549 979 $

RADIOLOGIE

Revenus moyens bruts : 661 474 $

Revenus moyens nets : 534 842 $

CHIRURGIE VASCULAIRE

Revenus moyens bruts : 513 742 $

Revenus moyens nets : 510 333 $

CARDIOLOGIE

Revenus moyens bruts : 480 478 $

Revenus moyens nets : 463 213 $

Rémunération des médecins spécialistes

Nombre de médecins les mieux rémunérés dans le top 25

2005

Radiologie diagnostique : 9

Ophtalmologie : 7

Urologie : 2

Obstétrique-gynécologie : 1

2015

Ophtalmologie : 10

Obstétrique-gynécologie : 7

Radiologie diagnostique : 6

Chirurgie générale : 2

Quasi absents de la liste des 25 médecins ayant présenté les factures totales les plus élevées il y a 10 ans, les obstétriciens-gynécologues sont aujourd’hui bien présents dans ce groupe. En 2015, 7 des 25 médecins ayant soumis les plus grosses factures à la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) exercent cette spécialité. En 2011, un an après l’entrée en vigueur de la couverture des traitements de procréation assistée par le régime public, ce nombre atteignait même 14, révèlent des données obtenues par La Presse.

Rémunération des médecins spécialistes

Évolution des factures totales les plus élevées

Les données de La Presse révèlent qu’alors que les spécialistes de médecine interne, d’oncologie médicale, d’urologie ou même des médecins omnipraticiens figuraient auparavant dans le palmarès des factures les plus élevées, ils en ont aujourd’hui disparu. Personne n’était disponible, hier, ni à la FMSQ ni à l’association des obstétriciens-gynécologues du Québec pour expliquer cette évolution.

Médecin le mieux rémunéré depuis 2011

2011 : Obstétricien-gynécologue (3,6 millions)

2012 : Radiologiste diagnostique (2,5 millions)

2013 : Ophtalmologue (2,6 millions)

2014 : Obstétricien-gynécologue (2,7 millions)

2015 : Obstétricien-gynécologue (2,4 millions)

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