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Quand le Congo rencontre le Québec

Maria-José et Zoya de Frias sont propriétaires du restaurant Le Virunga, sur le Plateau-Mont-Royal, une adresse où la gastronomie africaine trinque avec le terroir québécois. Voici leur petite histoire.

Qui est Tastet ?

Tastet est né de bons vivants — ils aiment bien manger et bien boire en bonne compagnie  ! Tous les jours, ce site Web partage des bonnes adresses et des artisans à découvrir.

Ce duo mère-fille est originaire de Congo-Kinshasa. Au début des années 90, alors que Maria-José était cheffe d’entreprise, elle a donné naissance à sa deuxième fille, Zoya, puis elle est partie en vacances en Belgique pour visiter des membres de sa famille. Or, rapidement, elle a reçu un appel l’avertissant qu’elles ne pouvaient plus rentrer à Congo-Kinshasa, la situation n’étant plus sécuritaire là-bas.

Dès lors, Maria-José et ses deux filles se sont installées en Belgique, dans la région de Bruxelles. «  En arrivant en Europe, il fallait qu’on s’adapte à la situation. Ça a pris quelques années pour arriver à s’établir; on se demandait constamment si on rentrait au pays ou pas  », confie Zoya.

En fin de compte, Maria-José a pris la décision de s’installer dans le « plat pays » de Brel. C’est alors qu’elle a entrepris une formation de styliste et lancé sa propre boîte. Quant à Zoya, elle s’est retrouvée confrontée à la dure réalité du racisme et n’est pas arrivée à trouver du boulot. Résultat : les trois femmes de tête ont pris la décision de quitter l’Europe pour aller vivre au Québec. C’est que, grâce à son père, Zoya possède une double nationalité. Voilà que la famille de Frias a pris la direction de Montréal, à la recherche d’une meilleure qualité de vie.

Intéressée depuis toujours par le monde de la restauration, Maria-José, alors dans la quarantaine, s’est inscrite en cuisine au collège. Rapidement, elle a observé une grande ouverture des Québécois envers la couleur de sa peau et décroché, après ses études, un stage au restaurant Mess Hall, à Westmount; tout cela avant d’être embauchée au Bitoque, un resto portugais situé sur la rue Notre-Dame. «  Ce sont ces occasions favorables qui l’ont encouragée à s’investir dans la société. Elle sentait que celle-ci l’intégrait réellement et l’acceptait à part entière », explique sa fille Zoya.

Quant à cette dernière, à l’âge de 16 ans, elle a poursuivi ses études collégiales avant de s’inscrire à un double baccalauréat en informatique et en statistique. À sa sortie de l’université, la jeune femme n’a pas tardé à trouver un emploi comme analyste-programmeuse. Néanmoins, Zoya n’avait pas l’impression de se réaliser et de s’épanouir pleinement; elle ressentait un certain vide.

Au même moment, sa mère est arrivée avec une proposition : ouvrir un restaurant. À la recherche d’un nouveau défi, Zoya ne demandait pas mieux.

«  Depuis notre arrivée, on était entourées de personnes qui ne connaissaient pas vraiment notre culture. On s’est dit qu’il n’y avait pas de meilleur moyen que de rassembler les gens autour d’une table pour la faire découvrir  », raconte-t-elle.

C’est donc en 2016 que Le Virunga a ouvert ses portes, rue Rachel, sur le Plateau-Mont-Royal. Animé d’une passion hors du commun, le tandem mère (en cuisine) et fille (en salle) présente ainsi la gastronomie africaine à une clientèle québécoise aussi curieuse qu’ouverte. Pour ce faire, elles orchestrent une rencontre entre les produits du terroir local et les saveurs de leur pays natal.

Si l’originalité de la proposition et l’absence de projets similaires ont d’abord refroidi de nombreux investisseurs, les deux femmes n’ont pas lâché prise. Au départ, elles fonctionnaient avec un plan d’un an, puis de trois ans, puis de cinq ans… «  Quand on se lance avec un produit de communauté comme le nôtre, ça prend énormément de temps avant qu’il devienne accessible à tous  », fait remarquer Zoya.

Les efforts de Maria-José et Zoya de Frias portent leurs fruits : depuis son ouverture, Le Virunga ne cesse en effet de gagner en popularité et d’attirer — ou, pourrait-on dire littéralement, de charmer — les gourmands d’ici et d’ailleurs. Les deux propriétaires restent toujours aussi déterminées à briser les barrières culturelles et à présenter aux Québécois la cuisine africaine sous son meilleur jour. «  On a le potentiel de faire découvrir notre culture gastronomique à beaucoup de gens encore  », conclut Zoya… qui, en ces temps pour le moins inusités, a bien hâte de recommencer à servir ses clients.

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