Décentraliser la santé pour la sauver

Les symptômes sont criants et un seul diagnostic s’impose.

La gestion hypercentralisée du système de santé affecte la qualité des soins dispensés à la population et elle est en grande partie responsable des maux qui menacent l’intégrité du système sur plusieurs fronts : pénurie de personnel, démotivation du personnel, délocalisation des services, débordement et fermetures des urgences, listes d’attente qui perdurent en chirurgie, etc.

Exacerbées par la récente urgence sanitaire, les nombreuses manifestations du mal profond qui plombe notre capacité à prodiguer des soins de qualité dans un délai raisonnable font malheureusement trop souvent la manchette.

Si le diagnostic est clair, le remède l’est tout autant.

Il faut rétablir la gestion de proximité dans les hôpitaux de soins aigus, et la confier à des gestionnaires qui sont plus près du terrain et de la réalité du personnel médical et des patients.

Nous sommes près de 800 médecins qui pratiquons dans toutes les régions du Québec à vivre ces problèmes au quotidien. Nous revendiquons la décentralisation du système de santé, cause pour laquelle nous avons formé le Regroupement québécois de médecins pour la décentralisation du système de santé (RQMDSS).

Actions

Nous savons avoir une oreille attentive de la part du ministre et du Ministère. Ils envoient déjà des signaux positifs quant à d’éventuelles orientations qui se rapprocheraient d’une gestion de la santé mieux adaptée à la réalité terrain.

Les propos du commissaire adjoint à la santé et au bien-être, le DDenis A. Roy, rapportés par la revue ProfessionSanté.ca, nous donnent espoir : « Nous devons passer d’une gouvernance hiérarchique axée sur la production à un leadership partagé et responsable, axé sur les résultats. »

Nous osons espérer qu’il s’agit là d’un signal annonciateur de changement et non d’un simple énoncé d’intention.

Nous tenons également à saluer la récente décision de Lise Verreault, désignée par le ministre Dubé lui-même à titre de présidente-directrice générale par intérim au CISSS de la Montérégie-Ouest, de doter deux des hôpitaux de sa région d’un directeur général adjoint local.

De notre point de vue, il s’agit d’un exemple à suivre, d’un modèle qui favorise l’efficience des centres de soins, tout en envoyant un signal positif à ceux et celles qui traitent des patients au quotidien.

Solutions

La gestion de proximité représente la façon optimale de mettre en œuvre des solutions adaptées à la réalité locale et d’encourager les initiatives en ce sens. C’est également un excellent moyen de valoriser l’engagement et le sentiment d’appartenance du personnel, ce qui devrait inexorablement en augmenter le taux de rétention.

Nous devons redonner aux professionnels le goût de s’investir davantage, et stimuler cette fierté de faire partie d’une équipe qui peut prendre les décisions qui s’imposent pour offrir les meilleurs soins aux patients.

Pour y arriver, nous proposons :

  1. Qu’un directeur général (DG) adjoint responsable, autonome et devant rendre des comptes soit rattaché à chaque établissement ;
  2. Que la fonction de directeur des services professionnels (DSP) local soit rétablie avec pleine autonomie et pleine autorité ;
  3. Qu’un conseil des médecins, dentistes et pharmaciens (CMDP) local soit formé dans chaque hôpital, pour protéger la qualité des soins ;
  4. Qu’une table locale des chefs de département et de service opérationnelle et décisionnelle soit reconnue, pour réellement adapter l’offre de soins aux besoins particuliers de la population desservie par chaque établissement.

*Cosignataires : la Dre Ruth Vander Stelt, la Dre Marie-Claude Blouin, le Dr Philippe Rola

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