Cinq choses à savoir sur Arm, champion britannique des microprocesseurs
Le champion britannique des microprocesseurs Arm, filiale du japonais SoftBank, est entré jeudi en Bourse à Wall Street en clôturant à 62,39 $ US, en hausse de 25 % sur son prix d’inscription. Voici cinq choses à savoir sur cette entreprise qui a atteint une valorisation dépassant les 65 milliards de dollars.
Dans presque tous les téléphones intelligents
Arm est une référence mondiale dans la conception d’architectures de semi-conducteurs, fabriqués ensuite sous licence par ses clients pour la quasi-totalité du marché mondial des téléphones intelligents.
Ses modèles de processeurs ont ainsi intégré la fabrication de plus de 99 % des téléphones intelligents dans le monde en 2022.
Fondé en 1990, Arm voit sa technologie contenue aussi dans la majorité des tablettes et des écrans télé numériques, et dans une part importante des puces avec processeurs intégrés.
Environ 70 % de la population mondiale utilise des produits basés sur sa technologie, selon les estimations de l’entreprise.
Arm reçoit une redevance unitaire sur la quasi-totalité des puces conçues et fabriquées avec sa technologie.
L’entreprise, qui emploie quelque 6000 salariés en Europe, en Asie et aux États-Unis, affichait un chiffre d’affaires pour 2022 stable à 2,68 milliards de dollars.
Un fleuron britannique
Arm, dont le siège se situe à Cambridge, cœur des sciences de pointe britanniques avec notamment le géant pharmaceutique AstraZeneca et un centre universitaire parmi les plus réputés au monde, est considéré comme un fleuron de l’industrie britannique.
L’entreprise était cotée à la Bourse de Londres avant d’être rachetée par SoftBank en 2016 pour 32 milliards de dollars.
L’annonce en mars d’une introduction en Bourse outre-Atlantique de cette entreprise considérée comme stratégique a été un coup dur pour le gouvernement britannique et le premier ministre Rishi Sunak, qui s’efforçaient depuis des mois d’obtenir la cotation à domicile de leur joyau technologique.
Un projet de mégacession d’Arm à l’américain Nvidia, annoncé en 2020 mais abandonné début 2022 face à des « obstacles réglementaires significatifs », avait donné des sueurs froides au gouvernement britannique, qui insistait sur le « rôle vital d’Arm dans le secteur de la technologie » et l’économie au Royaume-Uni.
Intelligence artificielle
Arm compte jouer un rôle stratégique sur l’intelligence artificielle (IA) générative, qui suscite actuellement un engouement mondial.
Selon le fabricant, ses microprocesseurs permettent déjà à tous les téléphones intelligents modernes d’être compatibles avec l’intelligence artificielle et l’apprentissage automatisé (machine learning).
Mais certains analystes remettent en question les ambitions d’Arm sur ce marché, sur lequel l’entreprise doit encore démontrer qu’elle est incontournable.
Concurrence du code source libre
L’un des principaux défis pour Arm est le développement de l’architecture ouverte et libre de droits RISC-V, au détriment de ses propres modèles.
L’un de ses principaux clients, Qualcomm, avec qui Arm est en procès depuis 2022 sur des questions de propriété intellectuelle, a lancé le mois dernier une coentreprise avec d’autres acteurs du secteur pour « faire progresser l’adoption de RISC-V à l’échelle mondiale ».
Le succès croissant de cette technologie « est le plus grand risque pour Arm » alors que cette dernière « fait déjà une percée dans les applications de milieu et bas de gamme », et « il semble inévitable qu’Android et Microsoft finissent par adopter RISC-V » pour réduire leurs coûts, selon Albie Amankona, analyste chez Third Bridge.
Dépendance à la Chine
Près du quart du chiffre d’affaires de l’entreprise est généré par un seul client, Arm China, une entité qui, en dépit de son nom, n’est contrôlée ni par le fabricant britannique de microprocesseurs ni par sa société mère SoftBank, qui n’y possèdent qu’une participation indirecte et minoritaire.
« Nous dépendons de notre relation commerciale avec Arm China pour accéder au marché » chinois. Et « si cette relation commerciale n’existait plus ou se détériorait, notre capacité à être compétitif sur [ce] marché pourrait en être affectée de manière significative et défavorable », prévient Arm dans les documents déposés en vue de son introduction en Bourse.
L’entreprise est aussi particulièrement sensible aux tensions internationales qui se sont accrues ces dernières années autour de ce secteur stratégique, entre la Chine et les États-Unis notamment.