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« Le coût du loyer flambe »

À l’approche du 1er juillet, un important regroupement de locataires sonne l’alarme

Avec en main l’analyse de dizaines de milliers de petites annonces partout au Québec, l’un des plus importants regroupements de locataires de la province sonne l’alarme : le coût des loyers connaît actuellement une inquiétante flambée, ce qui milite à son avis pour un meilleur contrôle gouvernemental.

À la veille du grand déménagement du 1er juillet, le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ) a dévoilé jeudi les résultats d’une enquête menée, de février à mai dernier, en épluchant plus de 60 000 annonces sur le site Kijiji. Même si l’organisme se doutait que le prix des logements avait monté, il ne s’attendait pas à un bond aussi impressionnant. Alors que la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) fixe le loyer moyen au Québec à 800 $, leur enquête révèle que les locataires paient en moyenne 1044 $ par mois, soit 30 % de plus.

« Quand on disait à des locataires que la moyenne des prix était de 800 $, ils nous riaient dans la face ! lance Maxime Roy-Allard, porte-parole du RCLALQ. Et lorsqu’on regarde les annonces de près, on voit bien que ce n’est pas la réalité. »

Alors que le taux d’inoccupation à Montréal n’a jamais été si bas en 15 ans, soit à 1,5 %, des propriétaires ne se gênent pas pour augmenter abusivement les prix, avance M. Roy-Allard, selon qui Québec doit mettre en place un registre des loyers ainsi qu’un contrôle obligatoire des loyers.

« C’est une véritable crise ! »

La Montréalaise Lynda Belkhir et son mari en sont témoins : « C’est une véritable crise ! C’est clair que la situation s’est aggravée cette année », affirme la mère de deux enfants qui vit dans l’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie. Puisque leur propriétaire a repris possession du 5 1/2 qu’ils payaient 875 $ par mois depuis trois ans, ils ont dû chercher un nouvel endroit pour le 1er juillet. Ils espéraient trouver dans le même secteur, mais peine perdue.

« Les logements sont trop chers. Et quand ils sont plus abordables, il y a trop de demandes. Il a fallu qu’on en prenne un à l’extérieur du quartier et à un prix plus élevé (1050 $). Nous n’étions pas en position pour négocier », explique à regret Mme Belkhir.

À ce sujet, Véronique Laflamme, porte-parole du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), explique : « Les gens ont peur de se retrouver à la rue, alors ils prennent un loyer trop cher. Mais dans la situation économique qu’on annonce suite à la crise sanitaire, ce sera encore plus problématique. »

Pour mettre toutes les chances de son côté, Lynda Belkhir avait fait appel à l’Office municipal d’habitation de Montréal pour que celui-ci l’accompagne dans sa recherche de logement. Un service qui a gagné en popularité cette année, puisque cinq fois plus de ménages que l’an dernier se sont tournés vers ce service pour trouver un logement dans leur gamme de prix. Preuve que la crise est importante et que « le coût du loyer flambe », fait valoir la représentante du FRAPRU.

La Société d’habitation du Québec (SHQ) affirme qu’un plan d’action « encore plus élaboré » qu’à l’habitude a été déployé pour répondre à la crise sanitaire et à celle du logement pour s’assurer que tous les ménages se trouvent un toit.

Soutien financier et aide d’urgence

Depuis le début de la pandémie, sur les 411 ménages montréalais qui ont demandé de l’aide à la SHQ, 270 ont réussi à trouver une nouvelle demeure et 141 cherchent toujours.

« Tout le monde travaille très fort depuis plusieurs mois pour aider ces gens-là. Notre seul et unique but est d’aider les plus démunis.  »

— André Ménard, directeur des communications de la SHQ

La SHQ a mis en place plusieurs mesures pour venir en aide aux ménages dans le besoin comme du soutien financier et de l’aide d’urgence aux municipalités.

« Ce sont de bonnes solutions à court terme, puisque nous voulons que personne ne se retrouve en situation d’itinérance, dit la porte-parole du FRAPRU, Mme Laflamme. Mais il faut aussi trouver des alternatives au loyer trop cher. »

De là l’importance pour le RCLALQ et le FRAPRU que le gouvernement mette en place un contrôle obligatoire des loyers et un registre des loyers, ce qui permettrait de protéger les locataires contre les hausses abusives et freinerait la hausse du prix des logements.

« Ça permettrait de savoir réellement combien l’ancien locataire payait pour le même logement et ça enlèverait donc les abus », affirme Maxime Roy-Allard, porte-parole du RCLALQ.

Véronique Laflamme est tout à fait d’accord. Elle ajoute que la construction de nouveaux logements sociaux devrait faire partie des plans de relance des gouvernements et des municipalités. Pas moins de 26 regroupements, dont le FRAPRU, ont d’ailleurs signé une lettre au mois de mai pour demander au gouvernement Legault « au moins 10 000 nouveaux logements sociaux et communautaires pour la prochaine année ».

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