L’ancien responsable croit sa réputation « irréparablement ternie »
Ottawa — L’officier militaire qui supervisait auparavant la campagne de vaccination au Canada a déclaré que sa réputation avait été « irréparablement ternie » par la décision du gouvernement de le remplacer brusquement en mai et de révéler publiquement qu’il faisait l’objet d’une enquête pour inconduite sexuelle.
L’affirmation du major-général Dany Fortin est contenue dans une déclaration sous serment (« affidavit ») souscrite la semaine dernière, mais seulement révélée publiquement jeudi dans le cadre de sa bataille judiciaire pour annuler son licenciement de l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC), qui, selon lui, était inapproprié et politiquement motivé.
Dany Fortin a été exclu de la campagne de vaccination le 14 mai, cinq jours seulement avant que le Service national des enquêtes des Forces canadiennes ne renvoie une enquête pour inconduite sexuelle au Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) afin de déterminer si des accusations criminelles devraient être portées.
Par l’intermédiaire de ses avocats, Dany Fortin a nié tout acte répréhensible.
Les avocats de Dany Fortin ont déposé une demande le mois dernier auprès de la Cour fédérale pour obtenir un contrôle judiciaire accéléré de la décision de le renvoyer de son poste à l’ASPC, demandant l’annulation de la décision et sa réintégration à l’agence ou à un autre poste.
Dans la déclaration souscrite le 13 juillet, Dany Fortin affirme que l’impact de la décision de l’évincer de son poste et de révéler l’enquête sur l’inconduite a été dévastateur pour sa réputation et sa carrière.
Dany Fortin affirme qu’il a reçu une évaluation de rendement exemplaire seulement trois jours avant d’être exclu de la campagne de vaccination et qu’il était « au sommet » de sa carrière, avec des attentes d’une promotion ou d’une autre opportunité à la fin de son travail à l’ASPC.
Cependant, il dit qu’en raison de la décision de l’évincer, il n’a plus d’affectation, bien qu’il reste membre des Forces armées canadiennes.
Selon lui, il n’est pris en considération pour aucun poste et sa « carrière semble terminée ».
Dany Fortin a également contesté la décision du gouvernement de révéler l’enquête sur sa conduite.
« La réputation que j’ai bâtie au cours de trois décennies au service de mon pays a été irrémédiablement ternie par la décision d’annoncer publiquement une enquête sur ma conduite présumée », lit-on dans la déclaration, situation « exacerbée par le fait que l’annonce manquait de contexte et que l’enquête porte sur une seule allégation d’inconduite remontant à plus de 30 ans ».
L’avocate de Dany Fortin, Natalia Rodriguez, a déclaré que la déclaration sous serment avait été signifiée au procureur général David Lametti, mais qu’elle ne serait déposée devant le tribunal qu’en septembre.
Invité à commenter l’affaire jeudi, le porte-parole du ministre de la Défense Harjit Sajjan, Daniel Minden, a déclaré : « Comme il s’agit d’une question juridique en cours, il serait inapproprié pour nous de commenter pour le moment. »
Les avocats de Dany Fortin ont fait valoir que la décision d’évincer leur client était déraisonnable, manquait d’équité procédurale et impliquait une ingérence politique inappropriée dans la chaîne de commandement militaire de la part du premier ministre Justin Trudeau, de la ministre de la Santé Patty Hajdu et de M. Sajjan.
Aucune des allégations n’a été démontrée devant le tribunal.