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Escalade au mont Saint-Hilaire :  pas pour demain !

La Dalle noire. La Dalle verte. Brass Monkey. Dans les années 50, 60, 70 et 80, ces voies classiques sur le mont Saint-Hilaire faisaient la joie des grimpeurs.

« C’était un site majeur », se rappelle Jacques Lamontagne, qui a lui-même ouvert plusieurs voies sur cette paroi au début des années 80. « À la fin, il devait y avoir une centaine de voies. »

Le site était particulièrement diversifié : des dalles, des dièdres, des surplombs. Des voies faciles, des voies difficiles. De courts itinéraires. Des voies multi-longueurs sur une centaine de mètres. « C’était un environnement particulièrement beau pour l’escalade, poursuit Jacques Lamontagne. Ce n’était pas une petite paroi de coin de rue. »

Mais voilà, l’escalade est officiellement interdite au mont Saint-Hilaire depuis 2004 et le demeurera pour encore au moins une bonne dizaine d’années.

Et après cette période ?

« C’est sûr que s’il y a une demande, s’il y a un potentiel, nous serons enclins à faire des démarches, des représentations pour ramener l’escalade au mont Saint-Hilaire », déclare André St-Jacques, directeur des opérations à la Fédération québécoise de la montagne et de l’escalade (FQME).

Mais il y a bien loin de la coupe aux lèvres.

L’Université McGill a acquis une grande partie du mont Saint-Hilaire (la réserve naturelle Gault) en 1958 en vertu d’un legs du brigadier Andrew Hamilton Gault. Celui-ci désirait que la montagne puisse être préservée pour les générations futures.

En 1978, la Réserve naturelle Gault a été désignée réserve de la biosphère de l’UNESCO.

« Il y a eu de l’escalade dans les années 50, 60, 70, note Martin Duval, responsable des services et de la sécurité à la réserve Gault. Il y avait même un petit guide qui existait. C’était toléré. »

Protection du faucon

Mais voilà que, dans les années 80, on a constaté que le faucon pèlerin, une espèce menacée, nichait sur la falaise. « On s’est mis à faire la chasse aux grimpeurs. »

En 2004, la réserve a conclu une entente de conservation avec le gouvernement du Québec. Dans cette entente, d’une durée de 25 ans, la réserve s’engage à interdire le camping, les feux, les vélos, les animaux domestiques et l’escalade de roche et de glace.

« Nous avons une mission d’éducation, de recherche et de conservation », explique M. Duval. Le plan directeur de la réserve prévoit des activités de loisir du public, en autant qu’elles respectent les contraintes de préservation. Pour les responsables de la réserve, l’escalade ne passe pas ce test. « Les gens sont obligés d’enlever la végétation sur la paroi, ils marchent sur les pousses en bas, ils créent de nouveaux sentiers », énumère M. Duval.

Déjà, la réserve a fort à faire avec les randonneurs, qui sont de plus en plus nombreux et qui ne restent pas nécessairement sur les sentiers existants. La Réserve Gault s’inquiète également au sujet de sa responsabilité en cas d’accident d’escalade et des factures salées de sauvetage.

André St-Jacques admet que l’escalade entraînerait un certain nombre de problématiques, dont celle du stationnement. Les sites d’escalade sont situés à bonne distance du stationnement du Centre de la nature, qui accueille les visiteurs à la Réserve naturelle Gault. « Ça serait peut-être utopique de penser que les gens vont se stationner à l’arrière et faire le tour de la montagne pour faire de l’escalade, déclare M. Duval. Les gens vont se stationner dans les rues résidentielles, ça va faire beaucoup d’achalandage. Et s’il y avait possibilité de construire un stationnement pour les grimpeurs, ça risquerait d’attirer les randonneurs. »

La FQME rejette toutefois d’autres arguments de la Réserve Gault, à commencer par la protection des faucons pèlerins. « On peut fermer la paroi pendant la période de nidification, du début de juin jusqu’à la mi-juillet, note-t-il. On arrive très bien à faire respecter ces fermetures-là ailleurs. »

« Pas grand-chose à faire »

La FQME respecte toutefois la position de la Réserve naturelle Gault. M. St-Jacques reconnaît que, pendant les 25 ans de durée de l’entente de conservation avec le gouvernement québécois, « il n’y a pas grand-chose à faire ».

Cette entente viendra à échéance en 2029, mais Martin Duval, de la Réserve Gault, souligne qu’elle est renouvelable. « C’était juste pour ne pas dire que c’était à perpétuité, affirme-t-il. On a préféré renouveler l’entente aux 25 ans. »

Selon M. St-Jacques, il serait intéressant de faire des représentations avant le renouvellement pour inclure l’escalade. « S’il y a un intérêt local, s’il y a une demande, si ça peut prendre de l’ampleur, on y va. »

Jacques Lamontagne serait certainement intéressé. « La pratique de l’escalade existait plusieurs dizaines d’années avant la création du parc, soutient-il. C’était une pratique reconnue, il y avait des publications à ce sujet. Je pense que, jusqu’à un certain point, il y avait un droit acquis pour la communauté des grimpeurs qui leur a été enlevé. »

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