Mon clin d’œil

« On est prêts pour le tournoi de golf ! »

— Les joueurs du Canadien

Réflexion

Notre rapport à l’argent

Comme la sexualité, notre rapport à l’argent est une réalité taboue que peu de gens aiment dévoiler. Nous gardons souvent bien cachés nos états financiers, et ce, même aux gens proches et familiers avec lesquels nous partageons notre vie. Mais pourquoi est-ce ainsi ? Parce que l’argent représente notre intimité profonde, notre réelle identité, notre sentiment d’autonomie et la confiance que nous avons en nous-mêmes.

L’argent a une valeur très subjective et personnelle qui influence notre façon d’être et de penser. Certains attribuent d’ailleurs beaucoup plus de valeur aux personnes qui détiennent beaucoup d’argent, tandis que d’autres ont plutôt tendance à déprécier les gens riches. Notre rapport à l’argent traduit donc d’abord et avant tout ce que nous sommes.

Nos émotions, perceptions et agissements par rapport à l’argent sont bien sûr conditionnés par notre vécu passé alors que nous étions jeunes enfants. La psychologue Alice Miller a noté que ceux qui ont subi très tôt des stress dans l’enfance conservent toute leur vie d’adulte l’impression qu’ils ont déjà trop donné. Et cela s’exprime dans leur rapport avec l’argent. Ils ont davantage besoin de préserver ce qu’ils ont, de ne pas donner encore et encore. En fait, nous pouvons penser que les enfants qui viennent d’une famille problématique dans laquelle la confiance, l’autonomie et l’estime d’eux-mêmes étaient compromises sont plus à risque de développer un rapport conflictuel avec l’argent.

Être aimé à tout prix

Par exemple, les personnes qui ont un profil carencé ont tendance à voir l’argent comme un outil de rapprochement. Comme si la valeur de leur argent et de leurs possessions servait à construire leur réseautage de supports et de sympathies. En fait, pour la personne carencée, l’argent est un moyen très efficace de se rapprocher des gens, d’être entourée et aimée par plusieurs.

En général, l’individu carencé dépense beaucoup sans compter.

C’est alors que l’expression « vouloir être aimée à tout prix » prend son sens. Et lorsqu’il n’a plus d’argent, il utilise aisément des pensées irrationnelles du type : « s’il n'y en a plus, il y en aura d’autre » ou « l’argent, c’est fait pour être dépensé ». 

En d’autres termes, la personne carencée a tendance à aborder sa réalité financière par le déni ; elle nie le danger d’avoir trop de dettes et des fonds insuffisants, ce qui peut créer beaucoup de tensions dans ses relations intimes si elle partage un compte conjoint. D’ailleurs, il est souvent observé qu’un des deux partenaires du couple affiche généralement cette propension à dépenser alors que l’autre a tendance à économiser ou à restreindre les dépenses.

D’autre part, les personnalités anxieuses ont tendance à utiliser l’argent comme un outil de protection. Leur argent sert avant tout à les sécuriser.

Toutefois, considérant sa forte tendance à imaginer des dangers potentiels, la personne anxieuse a constamment peur de manquer d’argent. C’est pourquoi elle accumule et dépense peu. Tel l’écureuil qui accumule sans cesse ses provisions, l’anxieux vie dans l’hypervigilance, parfois même dans l’obsession de l’argent. Dans le couple, c’est souvent l’anxieux qui contrôle les dépenses, qui cherche à faire entrer plus d’argent en travaillant beaucoup, qui répare les choses pour qu’elles durent plus longtemps, qui s’indigne devant le prix exorbitant des articles de consommation et de leur courte durée de vie utile.

En somme, que l’on soit dépensier ou économe, l’argent constitue toujours une denrée importante dont la valeur est avant tout affective. Et comme toutes les ressources que nous possédons, il est important de se questionner sur notre rapport à l’argent. C’est lorsque nous réalisons que l’argent est notre seule et unique motivation dans la vie qu’il est temps de se questionner sur nos réels besoins, ces besoins non assouvis que l’éclat de l’argent ne peut mettre en lumière.

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