Développement hydro-électrique à Churchill Falls

Les Innus veulent être entendus

Cette semaine, le premier ministre François Legault s’est rendu à Terre-Neuve afin de rencontrer son homologue Andrew Furey en lien avec le renouvellement du contrat pour le mégaprojet Churchill Falls. Rappelons que ce contrat a été signé entre Hydro-Québec et Churchill Falls (Labrador) Corporation Limited (CFLCo) en 1969 et vient à échéance en 2041.

Or, l’ensemble de la construction des installations hydro-électriques de Churchill Falls et de Muskrat Falls, y compris les lignes de transmission qui sont indissociables des complexes, est située sur les territoires traditionnels des communautés innues faisant partie de la Grande Nation innue « du Québec ».

Depuis leur construction, ces projets hydro-électriques sont exploités sans le consentement et sans la consultation ou l’accommodement véritable des communautés innues et en violation de leurs droits ancestraux, y compris leur titre ancestral, et de leurs droits issus de traités sur leur Nitassinan.

D’ailleurs, plusieurs communautés innues ont intenté des procédures pour faire reconnaître juridiquement leurs droits ancestraux et les faire respecter. Jamais Hydro-Québec, CFLCo, Nalcor ou les gouvernements du Québec et de Terre-Neuve-et-Labrador n’ont obtenu le consentement des communautés innues pour exploiter ces projets qui ont causé des dommages irréparables au territoire ancestral, au mode de vie et à l’identité culturelle de la Grande Nation innue « du Québec » et qui ont disséqué le territoire par ses lignes de transmission.

Avant même que soient lancées les discussions entre les premiers ministres du Québec et de Terre-Neuve-et-Labrador quant au renouvellement du contrat de Churchill Falls, il est primordial que la question de la réparation des dommages causés par ce projet au peuple innu soit abordée.

Il est inconcevable que les deux provinces envisagent la continuation du projet avant de discuter avec les communautés innues des mesures à prendre pour réparer les préjudices subis.

De plus, les discussions liées au développement économique et énergétique de la province du Québec ne peuvent avoir lieu sans la participation, la consultation, la collaboration, l’accommodement et l’accord des communautés innues.

Nous devrions être des partenaires indispensables aux gouvernements du Québec et de Terre-Neuve-et-Labrador afin de maximiser l’économie et la filière énergétique.

La Grande Nation innue « du Québec » rappelle aux gouvernement des deux provinces que le développement énergétique de notre Nitassinan passe nécessairement par le respect des droits et des titres ancestraux de nos communautés et par notre implication comme de réels partenaires.

* Cosignataires : chef Jean-Charles Piétacho, Ekuanitshit ; chef Martin Dufour, Essipit ; chef Réal Mckenzie, Matimekush Lac-John ; chef Gilbert Dominique, Mashteuiatsh ; chef Réal Téttaut, Nutashkuan ; chef Bryan Mark, Unamen Shipu ; chef Denis Mesténapéo, Pakua Shipi; cheffe Marielle Vachon, Pessamit

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