Commerce de détail

Future Shop ferme ses portes

L’enseigne Future Shop est désormais chose du passé. Hier matin, 66 magasins ont été fermés définitivement au pays. Les 65 restants ferment leurs portes temporairement et rouvriront sous l’enseigne Best Buy, dans une semaine. Cette restructuration entraîne la suppression de 500 postes à temps plein et de 1000 postes à temps partiel.

L’entreprise canadienne, qui était une filiale de Best Buy depuis 2001, n’existera plus. Au Québec, les fermetures définitives touchent 11 magasins tandis que 14 autres deviendront des Best Buy.

Les employés ont appris la nouvelle hier matin lorsqu’ils se sont présentés au travail. Si certains seront intégrés aux autres boutiques Best Buy, plusieurs se retrouvent aujourd’hui sans emploi. « Les employés touchés bénéficieront d’une indemnité de départ, de programmes d’aide aux employés et de transition professionnelle », a déclaré Ron Wilson, président et directeur de l’exploitation de Best Buy Canada, dans un communiqué.

« Les décisions ayant un effet sur nos effectifs ne sont jamais prises à la légère ; notre priorité absolue est de les aider lors de ce changement et de leur offrir notre soutien », a-t-il ajouté.

Le syndicat des Travailleurs unis de l’alimentation et du commerce (TUAC), auquel certains employés de Future Shop ont brièvement adhéré, déplore le fait que les employés n’aient pas reçu de préavis.

« C’est la façon de faire des Américains et c’est un manque de respect pour les travailleurs. C’est une triste journée pour eux. »  

— Roxane Larouche, porte-parole des TUAC

Mme Larouche ajoute que la fermeture du Future Shop à Boucherville, l’été dernier, laissait déjà penser que l’entreprise traversait une période difficile.

Aucun employé de Future Shop n’était syndiqué. La fermeture du magasin de Boucherville était survenue deux semaines après le dépôt d’une demande d’accréditation syndicale, et le seul magasin qui avait réussi à se syndiquer au Québec, celui de l’ancien Forum de Montréal, avait fermé ses portes un an plus tard, en 2013.

FERMETURE CAVALIÈRE

« C’est très cavalier pour les employés et même pour les consommateurs », souligne Jacques Nantel, professeur de marketing à HEC Montréal.

Les clients se sont effectivement butés à des portes fermées et des fenêtres recouvertes de papier, hier matin. Devant le Future Shop du Marché Central, plusieurs sont demeurés perplexes en lisant l’affiche qui annonçait la fermeture du magasin. « Ce magasin est définitivement fermé, pouvait-on lire. Nous vous remercions de votre soutien, nous serons heureux de vous servir dans un magasin Best Buy à proximité. »

Si certains clients poursuivaient leur chemin sans trop d’états d’âme, d’autres s’inquiétaient.

« Que va-t-il arriver à nos garanties prolongées ? »

— Dominique Roy, cliente

Sa mère Lise était déçue de ne pas pouvoir profiter d’un rabais sur les montres fitness et espérait que Best Buy honore les prix du Future Shop.

Un homme qui devait aller chercher son cellulaire en réparation s’expliquait mal pourquoi il n’avait pas été informé de cette fermeture. Il est reparti bredouille. Une autre dame qui venait payer une facture ne savait plus vers qui se tourner.

Aucune affiche ne répondait aux questions des clients. Dans son communiqué, toutefois, Best Buy confirme que les cartes-cadeaux Future Shop seront acceptées dans tous les magasins Best Buy au Canada et sur le site bestbuy.ca.

« Les commandes de produits en cours, les rendez-vous de service et les garanties continueront d’être respectés. Les achats Future Shop pouvant être retournés ou échangés seront acceptés dans tous les magasins Best Buy », a assuré l’entreprise.

Best Buy et Future Shop ont répondu à nos demandes d’entrevue en faisant suivre ce même communiqué, mais personne n’a rappelé La Presse.

PROBLÈME DE RENTABILITÉ

Ouvert en 1982, Future Shop est devenu le plus grand détaillant de produits électroniques au Canada dans les années 90.

« Tout au long des années 90, Future Shop a poursuivi son expansion dans le reste des provinces canadiennes et au cours de l’exercice financier 2001, ses ventes annuelles dépassaient 2 milliards de dollars », peut-on lire sur le site de Future Shop. Il est également indiqué que l’enseigne compte 10 000 employés.

Best Buy a acheté l’entreprise pour 580 millions. Mais ces dernières années, la rentabilité n’était plus au rendez-vous. L’entreprise américaine dit avoir pris la décision de fermer certains magasins à la suite d’un « examen approfondi de son parc immobilier en prenant en considération la proximité des magasins ».

Jacques Nantel n’a pas été surpris par cette annonce. « C’était juste une question de temps depuis deux ans, dit-il. Très rapidement [après le rachat par Best Buy], les deux réseaux se sont retrouvés côte à côte. Depuis cinq ans, c’était évident qu’il y avait trop de pieds carrés pour la population. »

Ces deux dernières années, Best Buy a fermé 400 magasins un peu partout en Amérique du Nord, indique M. Nantel. De ce nombre, on comptait 15 Best Buy et Future Shop au Canada, ce qui ne laissait plus de place au doute quant aux difficultés de l’entreprise.

Comme l’explique M. Nantel, Best Buy a perdu des parts de marché au profit du commerce en ligne. « Environ 35 % des ventes de produits électroniques passent par le web, mais cela ne représentait que 15 % des ventes de Best Buy et Future Shop en 2013. Autrement dit, ils perdaient des parts de marché. »

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