Chantal Machabée et Daphnée Malboeuf

La pionnière et la recrue

L’une est affectée à la couverture quotidienne des activités du Canadien de Montréal, alors que l’autre est membre de l’équipe de télédiffusion des matchs du Rocket de Laval, les deux au Réseau des sports (RDS).

Pionnière du journalisme sportif au féminin et recrue de talent, Chantal Machabée et Daphnée Malboeuf n’ont qu’un guide : leur passion pour le sport, et plus particulièrement le hockey.

« Les gens me disent : “Chantal, ça ne doit pas être facile de pratiquer ton métier cette saison”, raconte-t-elle. Chaque fois, je réponds la même chose : “C’est plus compliqué, mais je vois du hockey tous les jours et ça, ça reste un grand, grand privilège.” »

Cette passion a été la grande inspiration de Daphnée Malboeuf, qui ne ratait jamais un bulletin Sports 30, dont Chantal Machabée a été la coanimatrice pendant plus de 20 ans à RDS.

« Je regardais Chantal et je voulais tellement faire comme elle, explique-t-elle. C’était mon modèle, mon étoile à moi. Je la regardais et je la trouvais tellement, tellement bonne. C’est pas compliqué, c’est elle qui m’a permis de croire que c’était possible que je puisse faire ce métier un jour. »

Aujourd’hui, les deux femmes travaillent à la même station et sont devenues des complices, des amies.

« Chantal m’a ni plus ni moins prise sous son aile. Elle me donne des tas de conseils, elle m’appelle quand j’ai fait un bon coup à la télé, elle m’encourage, elle est toujours là pour moi. Dire que mon idole est aussi mon amie, ça me semble irréel quand j’y pense ! »

Oui, Chantal est fière de Daphnée. Mais elle est tout aussi fière de voir que les femmes sont de plus en plus nombreuses dans le monde des médias sportifs.

« Il y a Daphnée, mais il y a aussi Elizabeth Rancourt et Frédérique Guay à TVA Sports, ainsi qu’Andrée-Anne Barbeau, qui fait du sacré bon boulot à RDS. De voir les femmes prendre de plus en plus leur place dans le milieu, c’est l’fun. »

Travailler plus fort ?

Chantal Machabée a travaillé dur afin de se rendre là où elle est aujourd’hui et, surtout, afin de jouir de cette grande crédibilité qui est la sienne. A-t-elle travaillé plus fort que bien des collègues masculins ? Fort probablement.

« Je fais mes devoirs, je fais toujours mes devoirs de façon très sérieuse, confie-t-elle. Jamais je n’oserais arriver en ondes sans m’être préparée très soigneusement. Pendant longtemps, certains n’attendaient que ça, me prendre en défaut. Tu apprends là-dedans. »

« À un moment donné, j’ai compris que je n’avais pas droit à l’erreur. Mais en bout de ligne, ça m’a servie. »

— Chantal Machabée

Daphnée Malboeuf espère avoir la même crédibilité que son modèle un jour. Et elle sait, elle aussi, qu’on va lui remettre sous le nez la moindre faute.

« Je pense qu’on a un peu plus de pression en tant que femmes dans le monde du sport, mais de la pression, je suis la première à m’en mettre. Qu’on le veuille ou non, tu ne veux pas te faire dire que tu ne connais pas ça et que tu devrais retourner à tes chaudrons.

« Moi, je veux montrer que je connais mon sport, que je suis bonne. Et pour ça, je mets les bouchées doubles plus souvent qu’autrement. J’ai toujours tendance à en faire plus que pas assez. Qu’elle me serve ou non pour un reportage, la pratique du Rocket, je vais y aller. »

Mais en faire plus que pas assez, c’est plus facile lorsqu’on aime véritablement ce que l’on fait.

« Moi, en congé ou en vacances, je continue à suivre tout ce qui se passe, à regarder des matchs, à prendre de l’info ici et là, reprend Chantal. Mais honnêtement, je n’ai pas de mérite. J’aime mon métier, j’aime le hockey, j’aime le sport. C’est ma vie. Mes amies me trouvent folle quand, sur la plage, je sors mon ordi pour vérifier telle ou telle nouvelle. C’est vrai que c’est fou, mais je suis comme ça. »

« Et c’est comme ça que Chantal est devenue la meilleure ! », enchaîne Daphnée, de l’admiration dans les yeux.

Préparer la relève

Chantal Machabée couvre le hockey de la LNH et Daphnée Malboeuf, qui a aussi travaillé au 91,9 Sports, à La Presse Canadienne et à La Presse, couvre la Ligue américaine. L’image illustre bien le concept de la pionnière et de la recrue.

« Les joueurs de la Ligue américaine sont en développement et moi aussi, je suis en développement, souligne Daphnée, 26 ans. Mais j’ai peine à réaliser que je couvre le Rocket et que je travaille dans l’environnement du Canadien, au Centre Bell. La vie est bonne avec moi. »

« Il faut préparer la relève ! rigole Chantal. Mais en même temps, la retraite, ce n’est pas pour tout de suite. Ma mère a travaillé jusqu’à l’âge de 72 ans et je ne vois pas quand je vais m’arrêter. Quand je lis que seulement 4 % des gens sont réellement passionnés par leur travail, je m’estime encore une fois privilégiée. »

La passion, toujours…

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