Opinion

À quand la vaccination obligatoire ?

Quand je suis arrivée au Canada, en 1958, la vaccination contre la variole était obligatoire pour entrer au pays. C’est comme ça qu’on a enrayé cette pandémie et fait disparaître à jamais ce virus. Puisque la preuve scientifique de l’efficacité des vaccins a largement été démontrée, pourquoi avoir peur des négationnistes qui représentent un danger réel pour la société ?

Je parle en connaissance de cause. J’ai 72 ans et je suis soignée depuis huit ans pour un myélôme multiple dont un des effets est de réduire le système immunitaire. Parmi tous les traitements que j’ai reçus, il y a deux greffes de cellules souches dont l’étape préliminaire était la destruction du système immunitaire.

La semaine dernière, je me suis présentée au centre de cancérologie pour mon nouveau traitement. Durant les trois heures que prend le traitement, le centre offre aux patients des massages de pieds qui favorisent la détente.

Comme d’habitude, j’ai engagé la conversation avec la dame en lui disant, entre autres, que j’étais déçue parce que mon oncologue m’avait dit que la vaccination n’aurait probablement pas beaucoup d’effets dans mon cas et que je devrais rester prudente.

Elle s’est alors ouverte à moi en me disant qu’elle n’avait pas l’intention de se faire vacciner.

S’en est suivi un échange autour de ses arguments qui reprenaient ni plus ni moins les théories conspirationnistes sur le fait que, par le vaccin, le gouvernement injecte le virus dans nos cellules et les thèses du docteur français Raoult sur l’efficacité de l’hydroxychloroquine, que le gouvernement interdirait.

Sa réponse à mes arguments, après que je lui ai dit que je suis une scientifique, a été : « Peu importe, j’ai droit à mon opinion. »

Je suis restée interloquée. Comment cela peut-il être possible que cette personne puisse circuler au centre et risquer de contaminer autant psychologiquement que physiquement des personnes aussi vulnérables que moi ? J’ai porté plainte auprès des instances responsables de l’hôpital. Manifestement, elles ignoraient la situation, mais je ne suis pas certaine que des mesures vont être prises à moins que le gouvernement ne les oblige, comme me l’a fait comprendre la commissaire aux plaintes. Faire son rapport pourra lui prendre 45 jours, un temps suffisant pour que le virus se répande au centre et que beaucoup d’entre nous attrapent la COVID-19 et même en meurent.

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