L’avis du nutritionniste

Peut-on éviter les effets de l’abus d’alcool ?

Qui dit temps des Fêtes dit soirées arrosées. Plusieurs en profitent alors pour boire plus qu’à l’habitude. Certains adoptent même des pratiques pour éviter les effets négatifs de l’alcool, malgré les abus. Est-ce qu’elles fonctionnent vraiment ? Non. Petit ménage dans quatre croyances fréquentes.

Le café permet de dessaouler rapidement

Un petit café avant de prendre la route, question de ne pas vous endormir au volant ? Hum… Mauvaise idée. Quand on se sent intoxiqué par l’alcool, c’est sa (grande) concentration dans le sang qui provoque l’effet. Et comme vous le savez probablement, plus l’alcoolémie est élevée, plus nos facultés risquent d’être affaiblies.

Oui, c’est vrai que la caféine peut avoir un effet sur l’état d’éveil. Toutefois, elle n’aide aucunement le foie à faire son travail (dégrader l’alcool) ni à en faire diminuer le taux dans le sang. Au contraire, elle peut masquer la sensation d’être saoul et donner l’impression qu’on est en meilleure possession de ses moyens que la réalité.

La SEULE façon efficace de dégriser est d’attendre.

Pour éviter le mal de tête, il ne faut pas mélanger les types d’alcools

« Blanc sur rouge, rien ne bouge. Rouge sur blanc, tout fout le camp. »

Je ne sais pas pour vous, mais je n’ai pas tendance à me fier aux dictons pour prendre des décisions liées à ma santé ou à mon alimentation. Pourtant, au nombre de fois où j’ai entendu mes amis me répéter cette phrase, après y avoir bien réfléchi pour se souvenir de la règle exacte, je constate que plusieurs semblent aveuglément s’y fier.

La réalité, c’est que mélanger les types d’alcools (bière, vin, spiritueux) n’a pas un impact particulier sur la sévérité du lendemain de veille. C’est plutôt la quantité consommée qui en est responsable. Ainsi, si vous vous sentez pire lorsque vous mélangez les boissons, c’est peut-être parce que vous en avez simplement bu davantage, voire trop.

Prendre une cuillère d’huile d’olive prévient la cuite

Avant de commencer à boire, certains prennent une cuillère d’huile d’olive dans le but d’éviter les désagréments des abus alcoolisés. Selon la croyance, elle formerait une couche protectrice sur la paroi de l’estomac, ce qui permettrait d’en ralentir l’absorption. Mais pensez-vous vraiment que l’huile sait où se placer, une fois ingurgitée ? Non. Dans l’estomac, tout se mélange et aucune barrière n’est formée par les matières grasses.

Il est vrai que le fait de manger en même temps qu’on boit permet de ralentir l’absorption de l’alcool, car le système digestif doit travailler plus fort. Mais une seule petite cuillère d’huile n’y changera rien. C’est plutôt en mangeant un vrai repas qu’on réduira les risques de se sentir mal à cause d’un abus d’alcool.

Pour guérir la gueule de bois, il faut manger du fast-food

Je ne suis certainement pas le seul à avoir déjà expérimenté la poutine à 3 h du matin pour me « faire un fond » avant d’aller me coucher. Dans mon groupe d’amis, à l’époque du cégep, c’était un truc qu’on mettait en pratique pour tenter d’éviter le mal de tête du lendemain. L’efficacité était plus ou moins approximative, mais on y croyait dur comme fer.

Cette époque de ma vie est déjà loin derrière, mais la semaine dernière, je me suis fait poser la question à ce sujet, signe que cette croyance a survécu au passage du temps.

Trois phénomènes permettent d’expliquer, en partie, le phénomène de la gueule de bois.

1. La déshydratation. L’alcool déshydrate quand on en consomme trop. Le corps doit alors s’abreuver à même les organes, ce qui provoque maux de tête et douleurs musculaires.

2. L’acétaldéhyde. Cette molécule est créée par le foie lorsqu’il métabolise l’alcool et génère des effets indésirables comme la nausée et les vomissements. Plus on boit d’alcool, plus la concentration d’acétaldéhyde augmente, et donc les risques d’en subir les désagréments.

3. Le manque de sommeil. Une longue nuit de party empiète sur les heures disponibles pour dormir et, en plus, l’alcool altère la qualité du sommeil.

Chaque personne possède une tolérance différente, mais règle générale, plus on boit, plus les risques de souffrir d’un lendemain de veille douloureux augmentent. Et la réalité, c’est qu’aucun aliment ne peut effacer les effets d’un abus d’alcool. La seule façon de les prévenir, c’est de consommer moins d’alcool et de boire de l’eau tout au long de la soirée. Mon truc : alternez entre un verre d’alcool et un verre d’eau.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.