Légalisation de la marijuana

Des côtés positifs... mais un fardeau pour les provinces, dit Couillard

Le premier ministre Philippe Couillard a dit hier voir « des côtés positifs » à la légalisation imminente de la marijuana. Mais il a également exprimé des préoccupations, deux jours avant le dépôt du projet de loi très attendu du gouvernement de Justin Trudeau. Son ministre de la Santé, Gaétan Barrette, a même prévenu que la politique d’Ottawa entraînerait des problèmes de santé publique.

nuire au crime organisé

Il y a « des côtés positifs » à la légalisation de la marijuana, a indiqué Philippe Couillard, hier. Le premier ministre juge souhaitable que le commerce de la substance soit retiré des mains du crime organisé. « Un des bons arguments que j’ai entendus sur cette question de la légalisation est venu de M. Trudeau lui-même, en demandant à des personnes : c’est quand la dernière fois que vous avez acheté une bouteille de rhum sur le marché noir ? », a-t-il illustré.

« Fardeaux importants »

M. Couillard et ses ministres craignent toutefois certaines conséquences de la légalisation, qu’Ottawa souhaiterait en vigueur d’ici juillet 2018. « Il faut rappeler que si ce n’est pas bien fait et, surtout, bien coordonné avec les provinces, ça risque de transférer des fardeaux importants sur les épaules des provinces pour toute la réglementation et l’encadrement de cette question », a averti le premier ministre.

Problèmes de santé publique ?

Le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, a été catégorique : la légalisation de la marijuana entraînera des problèmes de santé publique, a-t-il prévenu. « Est-ce que la légalisation de la marijuana ou la consommation accrue sur la base de la société va amener son lot de problématiques de santé publique, de sécurité, et ainsi de suite ? Oui, a-t-il affirmé sans détour. Quand on légalise quelque chose, on peut s’attendre à ce que la consommation augmente. »

Marijuana au volant

Les lois qui régissent la conduite d’un véhicule avec les facultés affaiblies devront être repensées, a indiqué M. Couillard. Il note au passage que les autorités ne disposent pas d’outils pour établir le degré d’intoxication d’une personne qui a consommé de la marijuana. La semaine dernière, le ministre des Transports, Laurent Lessard, s’est dit « préoccupé » par l’impact de la politique fédérale sur le bilan routier. Il a souligné que les expériences à l’étranger, notamment au Colorado, avaient mené à une hausse des accidents.

Mesure « Imposée » par Ottawa

Justin Trudeau a été élu en octobre 2015 sur la promesse de légaliser la marijuana. En un an et demi au pouvoir, il n’a jamais consulté Québec au sujet de cette promesse, a affirmé Gaétan Barrette. Le ministre reproche au fédéral de se comporter de la même manière que lors des négociations sur les transferts en santé. « Le gouvernement fédéral impose la légalisation de la marijuana », a-t-il dénoncé. Sa collègue Lucie Charlebois a convenu qu’il n’y avait « pas vraiment » eu de consultation sur le plan politique, mais qu’il y avait eu des échanges entre fonctionnaires.

« Cohérence géographique »

Québec consultera les autres provinces, surtout l’Ontario, pour préparer la légalisation de la marijuana. M. Couillard veut s’assurer d’une « cohérence géographique » sur les enjeux de santé, de sécurité et de distribution. « On ne pourra pas gérer une situation où, en traversant de Gatineau en Ontario, on se trouve radicalement dans un contexte différent, a illustré M. Couillard. Il faut qu’il y ait de la cohérence et de la correspondance. »

Du pot à la SAQ ?

Le premier ministre a exprimé sa préférence pour que la marijuana soit vendue dans « un milieu réglementé ». Le Soleil a rapporté hier que Québec envisageait de confier à la Société des alcools (SAQ) la distribution du cannabis. Pour ce faire, le monopole d’État créerait un nouveau réseau – plus restreint – de points de vente.

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