Transport

Péladeau et Boyko lorgnent le taxi

Au moins deux entrepreneurs québécois, Pierre Karl Péladeau et Eric Boyko, sont en lice pour récupérer des actifs de Taxelco, notamment Téo Taxi, Taxi Diamond et Taxi Hochelaga.

Avec l’appui d’un groupe d’investisseurs privés, l’entrepreneur montréalais Eric Boyko a l’intention de déposer une offre pour racheter Taxi Diamond et Taxi Hochelaga, a-t-il confirmé hier à La Presse.

« C’est une super business, dit-il. Ça génère des revenus récurrents. C’est un beau modèle. »

Eric Boyko est le grand patron du fournisseur montréalais de services musicaux Stingray, une entreprise qu’il a ironiquement fondée avec Alexandre Taillefer il y a 12 ans. Stingray ne serait pas impliquée dans une éventuelle transaction.

Alexandre Taillefer est un des fondateurs de Taxelco, qui vient de suspendre les activités de sa filiale Téo Taxi et qui possède aussi Taxi Diamond et Taxi Hochelaga. Ces deux filiales de taxi traditionnel pourraient être mises en vente maintenant que Taxelco est sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers.

« Ce qui est intéressant, c’est le centre de répartition d’appels », dit Eric Boyko. « Les voitures appartiennent aux chauffeurs. Ils sont environ 1500 à payer entre 300 $ et 400 $ par mois pour le service de répartition, en plus de frais par transaction [course] », souligne Eric Boyko.

Selon lui, ces activités traditionnelles de taxi génèrent un bénéfice d’exploitation annuel de 3 à 5 millions. Eric Boyko dit qu’il s’était déjà intéressé à l’industrie du taxi à l’époque où il a lancé Stingray. Il attend maintenant de voir les plus récents chiffres de l’entreprise avant de présenter une offre formelle.

« Le processus devrait se dérouler assez rondement. Les offres seront déposées dans les prochaines semaines et un juge décidera de la meilleure proposition au début mars », dit-il en précisant savoir que d’autres groupes sont également sur les rangs.

Pierre Karl Péladeau sur les rangs

De son côté, le président et chef de la direction de Québecor, Pierre Karl Péladeau, a confirmé hier son intérêt pour Téo Taxi, ou du moins pour un service de taxis électriques.

« C’est malheureux, ce qui s’est produit, je pense que l’idée est très bonne », a déclaré M. Péladeau lors d’un point de presse, hier midi, après avoir confié être un client de Téo depuis le début.

« Pour l’instant, ce que nous faisons, c’est d’être en mesure de pouvoir obtenir les informations adéquates des différents intervenants, parce qu’ils sont nombreux. »

Précisant agir de façon personnelle, et non au nom de Québecor, M. Péladeau verra au terme de ce processus de recherche d’information s’il souhaite poursuivre, a-t-il expliqué.

« Ça ne devrait pas tarder, parce que le temps est très important dans ce dossier. »

L’homme d’affaires n’a pas précisé comment il envisageait une éventuelle transaction – reprise directe des activités, achat de la technologie ou autre –, puisqu’il est, selon lui, encore trop tôt pour le déterminer.

Une modification du règlement

Chose certaine, il faudra que le gouvernement du Québec accepte de modifier sa réglementation, a-t-il averti. En particulier, M. Péladeau ne semble pas apprécier que le cadre actuel favorise Uber.

« L’État ne devrait pas encourager les paradis fiscaux et les entreprises qui ne paient pas leur tribut à l’État. »

— Pierre Karl Péladeau

« J’ai eu l’occasion de faire des commentaires sur Netflix. D’une certaine façon, Uber loge à la même enseigne. Uber ne contribue pas à l’économie du Québec. Ce n’est pas comme ça qu’on va être en mesure de financer nos systèmes de santé et d’éducation. 

« Il va falloir qu’il y ait à un certain moment un wake-up call, a-t-il poursuivi. Que l’État offre à toutes les entreprises qui s’engagent à construire l’économie du Québec d’avoir des conditions équivalentes ou équitables, de ne pas favoriser les entreprises étrangères. […] Nous devrions favoriser nos entreprises, ou pas nécessairement les favoriser, mais certainement pas les défavoriser comme elles le sont à l’heure actuelle. »

Pour l’ancien vice-président de la Caisse de dépôt, Michel Nadeau, M. Péladeau a une porte dans laquelle mettre le pied pour convaincre le premier ministre François Legault.

« M. Legault a dit la semaine dernière qu’il espérait qu’un entrepreneur irait au bat pour sauver Téo. Si j’étais M. Péladeau, je lui dirais : je vais aller au bat, mais vous allez devoir y aller en premier en changeant la réglementation. »

— Avec la collaboration de Denis Lessard, La Presse

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