Dévoilement imminent d’un passeport vaccinal

Élan spontané vers la vaccination

Alors que le ministre de la Santé, Christian Dubé, s’apprête à annoncer, ce jeudi à 13 h, quels seront les privilèges auxquels la preuve vaccinale permettra d’accéder, cette perspective semble donner un nouvel élan à la vaccination au Québec.

Hausse de la prise de rendez-vous

L’annonce lundi par le ministre Christian Dubé du dévoilement imminent des avantages à détenir un passeport vaccinal semble avoir été entendue par bien des personnes qui tardaient à prendre un rendez-vous de vaccination. Alors que le nombre de personnes en attente d’un rendez-vous diminuait un peu plus chaque jour, la tendance s’est inversée depuis lundi. La Presse calcule que près de 6000 Québécois de 18 à 34 ans ont pris rendez-vous ces deux derniers jours pour se faire vacciner. Il manque ainsi un peu plus de 104 000 personnes dans cette tranche d’âge pour atteindre l’objectif de vacciner 75 % d’entre elles. Pour éviter un reconfinement généralisé à l’automne et inciter les Québécois à se faire vacciner, le Ministère a laissé savoir que « les gens ayant reçu deux doses auront des petits avantages par rapport aux gens qui ne sont pas adéquatement vaccinés ». Quels seront ces avantages ? Réponse jeudi après-midi.

Non-vaccinés, plus souvent infectés

Les plus récentes données sur les nouveaux cas d’infection, publiées mercredi après-midi par le ministre Christian Dubé, enfoncent le clou de la vaccination : 95 % des nouveaux cas de COVID-19 identifiés entre le 27 juin et le 3 juillet concernaient des gens qui n’étaient pas vaccinés ou qui étaient insuffisamment vaccinés. « Tous les Québécois ont accès à la vaccination équitablement, a écrit sur le réseau Twitter le ministre Dubé. Face aux variants, on doit se donner les moyens pour éviter les hospitalisations et un reconfinement. » Pour le microbiologiste Donald Vinh, du Centre universitaire de santé McGill, ces données concordent avec les études cliniques des vaccins. « On sait que même dans les conditions optimales des études cliniques, il y a 5 % des gens qui ne seront pas protégés par le vaccin », dit-il. La bonne nouvelle, c’est que les personnes vaccinées qui sont infectées ont peu de symptômes et se retrouvent moins souvent à l’hôpital. « Les personnes non vaccinées sont la cible numéro 1 du virus. Actuellement, le virus ne frappe pas les personnes âgées qui se sont fait vacciner, il frappe des jeunes qui ne se font pas vacciner. »

Le variant Delta frappe les contrées non vaccinées

Si le variant Alpha (identifié pour la première fois au Royaume-Uni) est toujours la souche dominante au Québec, le variant Delta continu d’étendre sa présence ailleurs dans le monde. Et partout, une même constatation revient : les personnes qui ne sont pas adéquatement vaccinées se retrouvent plus souvent à l’hôpital. Au Missouri, où seulement 45 % de la population a reçu une première dose, le nombre de nouveaux cas atteint maintenant en moyenne 1000 par jour, soit le même nombre répertorié dans tout le nord-est des États-Unis, incluant les villes de New York, Boston et Philadelphie, où les taux de vaccination sont beaucoup plus élevés. Car pour bloquer le variant Delta, plus transmissible que les autres mutations, l’arsenal est déjà bien connu : deux doses de vaccin (peu importe ceux qui sont homologués au Canada) sont nécessaires pour se protéger efficacement des complications liées à une infection.

Quant aux autres variants qui courent (que ce soit le Lambda, en Amérique du Sud, ou l’Epsilon, qui a circulé aux États-Unis), les données encore fragmentaires sur l’efficacité des vaccins n’inquiètent pas trop le DVinh. La mesure du nombre d’anticorps développés in vitro n’est pas la seule indication de l’efficacité d’un vaccin, puisque le système immunitaire compte également sur d’autres mécanismes, comme les cellules mémoires (lymphocytes T et B), pour reconnaître le virus. « Est-ce qu’on verra un variant contre lequel les vaccins seront complètement inefficaces ? Je ne pense pas », dit-il.

Des adolescents moins vulnérables

Si la Santé publique met de la pression pour que les Québécois aillent chercher leur deuxième dose de vaccin, nécessaire pour résister au variant Delta, elle ne permet pas encore aux 12-17 ans de réduire le délai de huit semaines entre les deux doses. Un avis scientifique sur la question doit être remis avant d’autoriser le devancement de la deuxième dose chez les adolescents, a indiqué mardi le ministre Dubé. Pour le DVinh, l’urgence de donner une deuxième dose aux adolescents est moins pressante que pour leurs aînés. « Leur réponse immunitaire est très robuste, plus élevée que celle des jeunes adultes. Je ne dis pas qu’ils n’ont pas besoin de deuxième dose, mais ils n’ont pas besoin de se dépêcher d’aller la chercher avant six à huit semaines », note-t-il.

Le retour du mètre à partir de lundi

Au tout début de la pandémie, la distance recommandée entre les personnes était de un mètre, avant de passer à deux mètres. Voilà maintenant qu’avec la baisse de la circulation du virus, la Santé publique juge sécuritaire de revenir à un mètre à partir du lundi 12 juillet. Ces assouplissements ne s’étendent toutefois pas aux « activités de chant », ni à la « pratique d’exercices à intensité élevée dans les gyms ». Dans ces deux cas, les deux mètres continuent de s’appliquer. Le ministère de la Santé permettra aussi aux salles de spectacles de ne laisser qu’un siège libre entre personnes d’adresses différentes (au lieu d’une distance minimale de 1,5 m actuellement).

Un Québécois sur trois complètement vacciné

Le Québec a franchi le seuil du tiers de sa population qui est complètement vaccinée (36 %), ce qui comprend les personnes qui ont reçu deux doses de vaccin ou une seule dose si elles ont eu la COVID-19. À ce jour, près des trois quarts de tous les Québécois (71,6 %) ont reçu au moins une première dose. Du nombre, 2,9 millions en ont reçu deux, soit 33,9 % des Québécois. Si on tient uniquement compte des gens admissibles à la vaccination (soit les 12 ans et plus), la proportion grimpe à 41 %. Par ailleurs, le Québec a rapporté mercredi 103 nouveaux cas de COVID, pour une moyenne quotidienne calculée sur une semaine à 73 nouveaux cas par jour. La tendance est à la baisse de 20 % sur une semaine. Un décès supplémentaire a été rapporté, à Laval.

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