Les Desmarais intronisés au Canadian Business Hall of Fame
Toronto — Près de neuf ans après la mort du patriarche, Paul Desmarais, et 26 ans après que ses deux fils, André et Paul, jr, ont repris les rênes de Power Corporation, les trois hommes ont été intronisés jeudi soir au Canadian Business Hall of Fame lors d’une cérémonie à Toronto.
Ce panthéon établi en 1979 par l’organisme canadien Junior Achievement a célébré quelque 200 personnalités du monde des affaires considérées comme des inspirations pour la jeunesse. Outre les trois membres de la famille Desmarais, on a intronisé cette année deux autres personnalités, Maureen Kempston Darkes, vice-présidente du groupe General Motors, et Hassan Khosrowshahi, fondateur de Future Shop.
Dans une cérémonie qui s’est déroulée exclusivement en anglais, Paul Desmarais, jr, et André Desmarais ont commencé leur allocution par des remerciements en français. Ils ont d’abord tenu à rendre un vibrant hommage à leur père, qui a repris l’entreprise familiale d’autobus en 1951 avant de prendre le contrôle de Power Corporation en 1968, en faisant l’un des plus importants conglomérats canadiens, qui a entre autres été propriétaire de La Presse jusqu’en 2018. Le premier des deux frères à monter sur scène, Paul, jr, estime que « sa réelle passion, je crois, à la fin, c’était sa famille ». « Il m’a toujours permis de faire ce que j’aimais faire, et je n’aurais pu le faire sans lui », a-t-il poursuivi. Il a du même coup salué sa mère, Jacqueline, « toujours aimante et une pile Eveready permanente ». « Je n’aurais pu demander d’avoir de meilleurs parents. »
Il a rappelé que son père avait, dans un geste peu habituel en 1996, donné le titre de co-chef de la direction à ses fils.
« Mon père a été assez brillant pour nous donner chacun nos zones et nos aires », a raconté celui qui a posé les bases de Power Corporation en 1986 comme conglomérat de services financiers. « C’est génial, parce que ça nous a donné de l’oxygène, la possibilité de développer chacun notre monde, notre propre leadership avec notre propre équipe. »
Il a tenu à remercier les collaborateurs de premier plan, comme Robert Gratton, « le phénomène de sa génération », et Michel Plessis-Bélair, qui ont contribué à bâtir l’entreprise. « Sans ces individus, je n’aurais pas été béni par une carrière que j’ai tellement appréciée. »
« Cet honneur n’appartient pas qu’aux Desmarais, mais aux personnes qui ont travaillé avec nous au cours des décennies », a renchéri André Desmarais. Il a avoué avoir craint que son père, après avoir nommé les frères co-chefs, continuerait à mener l’entreprise. Quelques acquisitions d’importance plus tard, il a été rassuré et a tenu à remercier son frère. « Il a été un magnifique partenaire. Et pourtant, nos avis divergeaient sur à peu près tout… »
Paul, jr, lui, a difficilement contenu ses larmes en retournant le compliment à son frère. « Ensemble, nous avons pris la décision de faire pivoter l’entreprise et d’aller profondément dans les services financiers. À travers toutes les transactions, nous avons renforcé mutuellement notre courage et, par Dieu, nous en avions besoin. Ça faisait du bien d’avoir quelqu’un près de soi avec un soutien inconditionnel. Et c’était mon frère. »
Plus tôt en entrevue avec La Presse, André Desmarais a reconnu que des hommages comme celui de jeudi soir, « ce sont toujours des choses qui nous gênent, mais cette fois-ci, on a décidé de le faire, puisqu’ils ont décidé d’honorer mon père en même temps. C’est assez spécial d’avoir mon père, mon frère et moi intronisés en même temps. C’est formidable ».
Alors que Power Corporation a longtemps été un conglomérat très diversifié, il estime que cette intronisation récompense les succès obtenus comme groupe de services financiers. « Quand on a vendu Consolidated Bathurst et Montreal Trust [en 1989], ça nous a donné beaucoup de cash. Ça nous a permis de faire une offre pour London Life et, après ça, on a fait des offres pour d’autres compagnies. »
Les investissements en Chine, dans lesquels Power Corporation a été l’un des premiers acteurs canadiens, et en Europe ont « probablement » été considérés pour cette intronisation.
« Je dirais que c’est un peu de tout, finalement… »