Mégacontrat pour Nova Bus
Québec — Le constructeur québécois Nova Bus décroche un contrat de 2,2 milliards pour fournir 1230 autobus urbains électriques aux sociétés de transport du Québec, a appris La Presse. Ces véhicules verts seront « produits et assemblés » à son usine de Saint-Eustache.
L’entreprise, filiale du groupe suédois Volvo, a remporté ce qui est considéré comme le plus important appel d’offres public pour la construction d’autobus urbains en Amérique du Nord.
Québec et Ottawa en feront l’annonce bientôt. Ils se partagent la facture, qui s’avère plus élevée que prévu.
On estimait que le coût serait d’environ 1,1 million de dollars par autobus, ce qui aurait donné un total d’un peu moins de 1,4 milliard. Or la facture s’élève plutôt à 2,2 milliards, une flambée d’environ 55 %.
Cet ambitieux contrat découle d’une promesse du premier ministre François Legault à l’automne 2021 en marge du sommet des Nations unies sur le climat à Glasgow, en Écosse. Il avait alors annoncé un investissement de 5 milliards afin d’électrifier 55 % du parc d’autobus urbains d’ici 2030. De cette somme, 2,4 milliards étaient destinés à l’achat de 2148 autobus électriques ; le reste servait à construire et convertir des garages. On a aujourd’hui la preuve que l’opération sera plus coûteuse.
Il y a un an quasi jour pour jour, le gouvernement Legault a donné le feu vert au lancement du processus pour acquérir un premier parc de 1230 autobus, des véhicules électriques de 12 m. Ils sont destinés aux neuf sociétés de transport – Montréal, Laval, Québec, Longueuil, Lévis, Outaouais, Sherbrooke, Trois-Rivières et Saguenay – et à exo, qui exploite des services d’autobus dans la région métropolitaine. La Société de transport de Montréal a été désignée comme responsable de cet achat groupé.
Québec a exigé un minimum de 25 % de contenu canadien et un assemblage final des autobus au Canada, conformément aux accords commerciaux internationaux. Une société hors Québec pouvait donc mettre la main sur le contrat. L’an dernier, François Legault disait néanmoins ne pas douter que les autobus seraient construits ici. Nova Bus a finalement remporté la mise. On a signalé à La Presse que les véhicules seraient « produits et assemblés » à l’usine de Saint-Eustache ; on ne pouvait par ailleurs exclure que certains éléments soient réalisés à l’extérieur du Québec.
Les premiers autobus seront livrés l’an prochain. Le contrat s’échelonne jusqu’en 2027.
Pour mesurer l’ampleur du contrat, il suffit de faire quelques comparaisons avec d’autres projets de transport collectif.
Pour le tramway de Québec qui fait régulièrement les manchettes, Alstom Transport Canada vient de décrocher un contrat de 569 millions pour fournir ce qu’il est convenu d’appeler le « matériel roulant » – les trains seront assemblés à l’usine de La Pocatière. Dans le cas du REM, plus gros projet de transport collectif des cinquante dernières années au Québec, Alstom a obtenu en 2018 un contrat de 2,2 milliards pour la fourniture de 212 voitures de métro léger, qui sont construites en Inde.
Le contrat remporté par Nova Bus vise à électrifier le parc d’autobus urbains, mais aussi à répondre à des besoins cruciaux. Des centaines, voire près d’un millier de véhicules des sociétés de transport sont « en fin de vie » ou sur le point de l’être.
L’an dernier, Québec disait s’attendre à ce que l’électrification de 55 % du parc d’autobus urbains permette d’éliminer l’émission d’environ 131 500 tonnes de CO2 par année à terme. C’est l’équivalent de près de 40 000 automobiles en moins sur les routes.
Le gouvernement Legault s’est engagé à réduire de 37,5 % d’ici 2030 les émissions de gaz à effet de serre (GES) au Québec par rapport au niveau de 1990. Il a identifié jusqu’ici environ la moitié des mesures nécessaires pour y arriver.
La feuille de route du gouvernement se trouve dans le Plan pour une économie verte du ministre de l’Environnement Benoit Charette, député de la circonscription de Deux-Montagnes qui comprend la ville de Saint-Eustache.
Selon le bilan rendu public en décembre, les émissions de GES en 2020 étaient de 13,2 % sous le niveau de 1990, un résultat dopé par l’effet de la pandémie. À preuve, les émissions de 2019 étaient inférieures de seulement 3 % à celles de 1990. Le secteur des transports demeure le principal émetteur de GES et plombe année après année le bilan québécois.
Le gouvernement Legault ambitionne d’atteindre la carboneutralité d’ici 2050. Cette mission, comme on l’a indiqué maintes fois, implique une vaste opération d’électrification qui nécessitera pas moins de 100 térawattheures additionnels d’énergie. C’est 50 % de la production actuelle d’Hydro-Québec. La société d’État envisage la construction d’un ouvrage hydroélectrique sur la rivière du Petit Mécatina (Côte-Nord). Elle mise également sur de nouveaux parcs éoliens et des mesures d’efficacité énergétique.
2000
Nombre approximatif d’autobus dont dispose la STM. Ils ne roulent pas tous en permanence, car il s’en trouve toujours un certain nombre dans les ateliers d’entretien. Au total, le réseau de bus de la société couvre environ 500 km2.
Source : Société de transport de Montréal