covid-19

Les nouvelles du jour concernant la vaccination et le nouveau traitement antiviral du laboratoire Merck

Doses de vaccin en voie d’être périmées

Ottawa et Québec se veulent rassurants

Ottawa et Québec — Le Canada dispose d’une réserve d’environ 18 millions de doses des vaccins de Pfizer-BioNTech et de Moderna. Or, une partie approche de la date de péremption. Ottawa entend « minimiser le gaspillage », alors qu’il doit trancher sur la vaccination pour les enfants de 5 à 11 ans et sur l’administration d’une troisième dose pour la population générale. À Québec, on promet un « suivi serré ».

En date du 7 octobre, la réserve fédérale de vaccins renfermait 10 947 382 doses ; les dates de péremption des doses de Moderna vont de la mi-décembre 2021 à la mi-février 2022, tandis que les flacons de Pfizer-BioNTech seront périmés le 21 mars 2022, a-t-on précisé chez Santé Canada. En ajoutant les doses déjà acheminées aux provinces et aux territoires, on arrive à un total de quelque 18 millions de doses au pays.

Le fédéral assure qu’il continue de collaborer étroitement avec les provinces afin de « minimiser le gaspillage et s’assurer que les vaccins excédentaires sont donnés en temps opportun », a indiqué Anna Maddison, porte-parole du Ministère, notant que ces doses pourraient être « nécessaires pour les populations nationales au cours des prochains mois ».

De son côté, le gouvernement Legault assure « faire un suivi serré des [stocks] de vaccin » contre la COVID-19. En date du 24 septembre, la province comptait 867 481 doses en réserve, très majoritairement du vaccin de Pfizer-BioNTech (681 484). De ce nombre, 186 000 doses expireront d’ici la fin de 2021, confirme le Ministère.

Si l’on tient compte du fait que Québec a donné le feu vert à l’administration d’une troisième dose de vaccin aux aînés hébergés – ce qui représente 220 000 personnes –, la province pourra disposer de tous ses vaccins à temps.

Le reste des doses en réserve (680 000) seront périmées à la fin de mars 2022.

« Pour minimiser les pertes, les doses dont la date de péremption est la plus rapprochée sont d’abord utilisées. Le cas échéant, des doses non utilisées du vaccin pourraient être retournées aux autorités fédérales », a expliqué le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) dans un courriel.

Date de péremption élastique et doses pédiatriques

Les dates de péremption des vaccins ne sont cependant pas coulées dans le béton. « Les fabricants font ça régulièrement, reporter les dates. Ils font des tests pour voir ce qu’il reste comme produit actif, et parfois, ils réussissent à l’allonger. C’est vrai de tous les vaccins », soutient la Dre Caroline Quach, pédiatre, microbiologiste-infectiologue et épidémiologiste au CHU Saint-Justine.

Santé Canada avait d’ailleurs reporté d’un mois la date de péremption de milliers de doses du vaccin d’AstraZeneca en mai dernier.

Il n’est cependant pas dit que les doses de Pfizer-BioNTech qui sont en stock pourraient servir à vacciner les enfants âgés de moins de 12 ans. « Ce n’est clairement pas la même chose. C’est le tiers de la dose. Au lieu d’avoir 30 microgrammes d’ARN messager, on en a 10, explique la Dre Quach. La diluer nous-mêmes, ce n’est pas idéal. Alors, ce sera un nouveau vaccin avec une étiquette différente. »

La pharmaceutique, qui compte déposer d’ici la mi-octobre une demande d’autorisation pour la version pédiatrique de son produit, envoie le même signal. « Nous travaillons actuellement sur une autre présentation conçue pour un usage pédiatrique », a écrit Christina Antoniou, porte-parole de Pfizer.

Elle précise que le déploiement de nouvelles formulations, dont celle-ci, fait partie de l’entente d’approvisionnement conclue avec Ottawa.

« Les délais de livraison […] seront déterminés peu après l’obtention de l’approbation réglementaire, dans le but d’acheminer les doses au Canada le plus rapidement possible. »

— Christina Antoniou, porte-parole de Pfizer

Selon ce qu’a rapporté l’agence Bloomberg, jeudi, la campagne de vaccination pour les enfants âgés de 5 à 11 ans pourrait se mettre en branle à compter de la semaine du 1er novembre aux États-Unis.

La troisième dose

Au Canada, les doses stockées ici pourraient être injectées dans d’autres bras : ceux des personnes prêtes pour une dose de rappel, appelée booster. Plus tôt cette semaine, Moderna a d’ailleurs demandé à Santé Canada d’autoriser l’administration d’une troisième dose, sur la foi des résultats de ses essais cliniques.

Le Québec a commencé à offrir une troisième dose de vaccin il y a quelques semaines, mais seulement aux personnes immunosupprimées ou dialysées. À ce jour, 69 922 doses de rappel ont été administrées, d’après les chiffres du MSSS.

Le nationalisme vaccinal

Mettre en branle de nouvelles campagnes de vaccination au Canada alors que de 5 à 7 % de la population du continent africain est vaccinée est injustifiable, aux yeux de François Audet, directeur de l’Observatoire canadien sur les crises et l’action humanitaire et de l’Institut d’études internationales de Montréal.

« On ne peut pas annoncer une troisième dose, la vaccination des enfants, sans avoir un engagement international parallèle pour s’assurer qu’on partage des vaccins – pas ceux qu’on a ici – selon un mécanisme comme COVAX, qui, malheureusement, bat de l’aile. »

— François Audet, directeur de l’Observatoire canadien sur les crises et l’action humanitaire

À sa voix s’ajoute celle du gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem. Jeudi, lors d’une conférence de presse à Ottawa, il a plaidé pour que des vaccins soient envoyés aux pays en développement pour non seulement mettre fin à la pandémie, mais aussi soutenir la reprise économique du Canada et atténuer les pressions sur les prix des biens de consommation.

Jusqu’à présent, le Canada a fourni 2,7 millions de doses à des pays « à revenu faible ou intermédiaire », a souligné Affaires mondiales. Ottawa a pris l’engagement d’en fournir plus de 40 millions par l’entremise de COVAX, a-t-on ajouté.

— Avec La Presse Canadienne

Exemption religieuse à la vaccination

Le Bloc demande au gouvernement de reculer

Justin Trudeau a prévenu que les exemptions religieuses à la politique de vaccination obligatoire pour fonctionnaires seraient « extrêmement limitées et difficiles à obtenir », mais le Bloc québécois veut qu’elles soient abolies, point final. Au lendemain de l’annonce de l’implantation de cette obligation vaccinale, le Bloc québécois demande au gouvernement fédéral de reculer sur ce volet de la politique, auquel le parti « s’oppose catégoriquement », manifeste-t-on dans un communiqué publié jeudi. « La santé publique ne doit en aucun cas être compromise par les croyances religieuses personnelles des individus », a tranché Martin Champoux, porte-parole bloquiste en matière de laïcité, de valeurs québécoises et de vivre-ensemble. Le premier ministre Trudeau n’a pas précisé quels groupes religieux s’opposent aux vaccins contre la COVID-19 lorsqu’on lui a posé la question, mercredi. En revanche, il a noté que les exemptions seraient « extrêmement limitées et difficiles à obtenir », et qu’une « conviction personnelle » antivaccin ne suffirait pas.

— Mélanie Marquis, La Presse

Médicament antiviral

Le Canada à la traîne pour conclure un accord avec Merck

Ottawa — Depuis que le laboratoire américain Merck a annoncé il y a une semaine son intention de commercialiser un traitement qui réduirait de moitié les risques d’hospitalisation et de décès des personnes atteintes de la COVID-19, des pays se bousculent pour conclure des accords d’approvisionnement avec le géant pharmaceutique.

Ces accords sont conditionnels à ce que le médicament en question, le molnupiravir, soit approuvé par les autorités compétentes, notamment l’Agence américaine des produits alimentaires et pharmaceutiques (FDA).

Le gouvernement canadien n’a toutefois pas encore signifié formellement son intérêt, ce qui fait craindre à certaines organisations au pays de voir le Canada de nouveau pris de court pour assurer un accès à ce traitement, comme ce fut le cas l’an dernier quand il était question de l’approvisionnement en vaccins efficaces contre la COVID-19.

En prévision d’une éventuelle autorisation de la FDA, Merck a déjà commencé la production à grande échelle de ce traitement sous forme de capsule. La société compte fabriquer les doses nécessaires pour 10 millions de traitements d’ici la fin de l’année.

Des accords dans de nombreux pays

Déjà, Merck a conclu un accord de principe avec les États-Unis, qui ont prévu d’acheter 1,7 million de traitements si le molnupiravir est approuvé. Le New York Times a rapporté cette semaine que l’Australie, la Malaisie, Singapour et la Corée du Sud avaient aussi conclu des accords semblables. Dans le cas de l’Australie, l’entente prévoit l’obtention de 300 000 traitements. Reuters a pour sa part rapporté que la Thaïlande et Taiwan avaient entrepris des pourparlers en vue de conclure des accords d’approvisionnement conditionnels.

Mais au Canada, c’est silence radio. Le Conseil du patronat du Québec (CPQ) voit d’un très mauvais œil la lenteur du gouvernement Trudeau à entreprendre des démarches formelles dans ce dossier.

« Tout gouvernement responsable devrait avoir un plan de traitement », a affirmé Karl Blackburn, président et chef de la direction du CPQ.

« Évidemment, la priorité des gouvernements doit être la vaccination. On comprend que cela permet de diminuer les conséquences et l’impact sur les gens », a-t-il poursuivi.

« Mais dans un contexte où vous pouvez quand même avoir la COVID, même en étant vacciné, avoir un plan de traitement qui permet aux gens de sortir plus rapidement avec un test négatif et d’envisager un retour au travail plus rapide, tout gouvernement responsable doit avoir un tel plan. »

— Karl Blackburn, président et chef de la direction du Conseil du patronat du Québec

M. Blackburn a dit craindre de voir le Canada engagé dans autre course planétaire pour obtenir le traitement mis au point par la société Merck.

« Même si le médicament n’a pas encore franchi toutes les étapes d’approbation, il serait responsable d’envoyer un signal très clair pour assurer à la population que dès que le médicament sera approuvé, il sera accessible. Dans un contexte où on doit apprendre à vivre avec la COVID, il faut avoir les meilleurs outils disponibles pour combattre le virus », a-t-il ajouté.

Des démarches informelles d’Ottawa

Selon nos informations, le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne, a entrepris des démarches auprès des dirigeants de Merck, au cours des derniers jours, afin de s’enquérir de la disponibilité du traitement et de la possibilité de le produire au Canada.

Mais ces démarches demeurent informelles, tandis que la machine gouvernementale à Ottawa tourne au ralenti depuis le déclenchement des élections fédérales, à la mi-août. En outre, le premier ministre Justin Trudeau n’a pas encore annoncé la composition de son cabinet. Tout indique qu’il annoncera seulement durant la semaine du 25 octobre l’équipe ministérielle qui l’épaulera dans la gestion des affaires de l’État.

Dans l’intervalle, peu de décisions d’importance peuvent être prises. On ignore si l’actuelle ministre des Services publics et de l’Approvisionnement, Anita Anand, qui a réussi contre vents et marées à tirer son épingle du jeu dans la course pour mettre la main sur des millions de doses des vaccins efficaces contre la COVID-19 durant la pandémie, conservera son poste ou si elle obtiendra une promotion.

Chez Merck Canada, on affirme être en mesure de conclure un accord avec le gouvernement canadien si tel est son souhait. Santé Canada est d’ailleurs en train de revoir les données des études cliniques sur le traitement.

« Étant donné que le virus est encore en circulation ici au Canada, nous avons un besoin pressant pour des traitements antiviraux pouvant être pris à domicile afin que les personnes atteintes de la COVID-19 évitent de se présenter dans nos hôpitaux. Nous souhaitons nous entendre avec le gouvernement du Canada afin de garantir l’approvisionnement en traitements qui permettraient de fournir un accès rapide aux patients canadiens une fois l’homologation obtenue », a déclaré Jennifer Chan, vice-présidente, politique santé et affaires gouvernementales, chez Merck Canada.

S’il est autorisé, ce médicament serait le premier traitement par voie orale contre la COVID-19 sur le marché. À l’heure actuelle, tous les traitements contre la COVID-19 autorisés aux États-Unis nécessitent une injection.

Vendredi dernier, Merck a manifesté son intention de déposer un dossier auprès de la FDA « le plus tôt possible », sans donner plus de précisions. Pour sa part, Anthony Fauci, le conseiller de la Maison-Blanche sur la crise sanitaire, a déjà estimé que les données de l’essai clinique étaient « impressionnantes ».

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