Opinion : Secteur forestier

L’arbre qui cache la forêt

Est-ce qu’on parle assez souvent de la forêt ? Pas assez sous l’angle de son apport à la lutte contre les changements climatiques. Pas assez sous l’angle de la vitalité des régions du Québec et de son apport économique aux grands centres urbains. Souvent, les enjeux forestiers sont remplacés par une fausse perception selon laquelle la forêt, c’est statique.

Alors que nous soulignons aujourd’hui la Journée internationale des forêts de l’Organisation des Nations unies le 21 mars, il est essentiel de se rappeler qu’un arbre, c’est vivant et ça se reproduit. Une forêt, c’est beaucoup plus qu’un arbre. C’est un écosystème qui se régénère bien s’il est bien aménagé.

Malheureusement, nous voyons certains esprits s’échauffer sans qu’on puisse discuter raisonnablement d’harmonisation des différents usages sur le territoire et de la meilleure façon de faire contribuer cette ressource naturelle renouvelable dans notre lutte contre les changements climatiques.

En réalité, le bois est l’un des seuls matériaux de construction qui emmagasinent du carbone. On estime qu’un mètre cube de bois permet de séquestrer une tonne de CO!

Selon un sondage d’opinion CROP réalisé en 2020 pour le compte de l’Union des municipalités du Québec (UMQ), une majorité de Québécois sont d’accord avec ce constat : l’aménagement de la forêt pourrait avoir un impact élevé sur la réduction des gaz à effet de serre (GES).

Il est temps d’innover davantage dans le secteur forestier. Créons ici des produits qui peuvent se substituer à des matériaux qui génèrent une plus grande empreinte carbone. Créons ici de l’énergie verte provenant d’une source renouvelable. Le moment est venu de lancer une conversation nationale sur la forêt pour déboulonner les mythes, rétablir les faits et apporter les correctifs appropriés là où cela sera indiqué.

La régionalisation des activités du MFFP, une nécessité

S’il y a un chantier pour améliorer la gestion de nos forêts auquel il faudrait s’attaquer en priorité, c’est celui de la régionalisation des activités.

Aujourd’hui, en 2021, les principales opérations du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs sont concentrées à Québec plutôt que dans les régions forestières.

En 2018, le gouvernement du Québec s’était engagé à transférer 5000 postes de fonctionnaires vers les régions. Par une réelle déconcentration, le gouvernement favoriserait l’atteinte de son objectif tout en contribuant à régler certains dossiers spécifiques aux communautés forestières.

Les enjeux forestiers de l’Abitibi-Témiscamingue ne sont pas les mêmes que ceux de la Côte-Nord, de l’Outaouais ou du Saguenay–Lac-Saint-Jean. Sur les enjeux forestiers comme sur d’autres, les solutions mur-à-mur sont à éviter.

La forêt comme moteur de la relance économique durable

Avec la crise de la COVID-19, le secteur forestier – qui génère des retombées économiques, touristiques et sociales de 6 milliards de dollars annuellement et représente 60 000 emplois partout au Québec – constitue un levier de premier plan pour la relance de nos régions.

Le gouvernement du Québec a dévoilé, le 3 mars dernier, un programme de 500 millions de dollars sur cinq ans pour relancer les exportations des entreprises du Québec, mises à mal par la pandémie. Le secteur forestier, et particulièrement le secteur du papier, a été frappé de plein fouet par la baisse de la demande mondiale. Le ministre de l’Économie et de l’Innovation, Pierre Fitzgibbon, souhaite que, d’ici un an, le Québec comble la baisse des exportations enregistrées au cours de la dernière année. Pour atteindre cet objectif ambitieux, le secteur forestier doit être un partenaire clé de la relance de l’économie.

Il est temps d’offrir une réponse convaincante à l’ensemble de la population pour dynamiser l’économie du Québec et assurer un avenir prospère pour nos régions. Le Québec sera beaucoup plus fort avec des régions forestières fortes.

* Cosignataires :  ; Micheline Anctil, mairesse de Forestville ; Marc Asselin, maire d’Alma ; Roch Audet, maire de Bonaventure ; Rénald Bernier, maire de Saint-Pascal ; Daniel Bourdon, maire de Mont-Laurier ; Pascal Cloutier, maire de Dolbeau-Mistassini ; Pierre Corbeil, maire de Val-d’Or ; Manon Cyr, mairesse de Chibougamau ; Diane Dallaire, mairesse de Rouyn-Noranda ; Marcel Furlong, préfet de la MRC Manicouagan ; Steve Gamache, maire de Chapais ; Luc Gibbons, maire de Saint-Félicien ; Benoit Lauzon, maire de Thurso ; Jean-Maurice Matte, maire de Senneterre ; Maurice Plouffe, maire de La Conception ; Réjean Porlier, maire de Sept-Îles ; Alain Thibault, maire de Port-Cartier ; Pierre-David Tremblay, maire de La Tuque

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