COVID-19

62 %

Réclamée depuis plusieurs jours, une liste préliminaire des établissements pour personnes âgées les plus lourdement touchés par la COVID-19 a été publiée par le gouvernement du Québec mardi soir. C’est au CHSLD Sainte-Dorothée, à Laval, que la situation est, en proportion, la plus criante. Au total, 62 % des résidants sont atteints du virus, soit 120 personnes. Selon cette liste, 25 centres comptent plus de 25 % de résidants frappés par la COVID-19 ; cette proportion est de 15 à 25 % pour 16 autres lieux d’hébergement. La grande majorité des centres où la situation est la plus critique se trouvent à Montréal et à Laval, mais des centres de Québec, de Lavaltrie, de Shawinigan, de Lévis, de Chicoutimi, de Sherbrooke et de Trois-Rivières font aussi partie des endroits les plus problématiques. La Presse a publié mardi matin une liste des résidences sous haute tension, que Québec refusait jusqu’alors de rendre publique. Le gouvernement s’est finalement ravisé en cours de journée. — Louise Leduc, La Presse

transferts de patients vers les hôpitaux

Des CHSLD trop débordés pour prodiguer des soins de fin de vie ?

Alors que plusieurs centres pour personnes âgées sont aux prises avec d’importantes éclosions de COVID-19, au moins quatre grands hôpitaux de Montréal auraient reçu depuis quelques jours des patients qui auraient normalement pu obtenir en CHSLD leurs soins de fin de vie, selon l’urgentologue Alain Vadeboncoeur.

En entrevue, le Dr Vadeboncoeur dit avoir reçu quatre témoignages directs en lien avec quatre hôpitaux différents qui assistent à de tels transferts.

« Ça semble s’expliquer par deux phénomènes. D’une part, des transferts se font à la demande de familles paniquées. D’autre part, il semble que des CHSLD ne sont plus en mesure de prodiguer des soins de fin de vie comme ils le font habituellement. »

Le Dr Vadeboncoeur ajoute que des personnes âgées atteintes de la COVID-19 qui recevaient en CHSLD de simples soins de confort sont maintenant amenées vers des hôpitaux, où l’on tente dans certains cas de prolonger leur vie, « ce qui peut inclure une intubation », une procédure qui peut sauver des vies, mais qui est invasive et dont il est difficile de se remettre, particulièrement quand on est âgé. 

Sur Twitter, le Dr Claude Rivard, médecin en soins palliatifs qui travaille sur la Rive-Sud de Montréal, a expliqué en soirée avoir lui-même fait « plusieurs prescriptions de protocole en détresse respiratoire dans une résidence de personnes âgées » pour des patients atteints de COVID-19. « Aucun n’a servi, tous les patients ont été transférés à l’hôpital, car il n’y avait pas d’infirmières de soir et de nuit » pour donner les soins sur place.

La Dre Isabelle Leblanc a elle aussi dit sur Twitter avoir été informée d’un de ces cas. Parce qu’il manquait d’infirmières dans un CHSLD pour administrer les médicaments palliatifs, une famille qu’elle connaît bien s’est aussi résignée à contrecœur à transférer une personne âgée à l’hôpital.

« Contraire à l'ordre des choses »

Mais dans l’état actuel des choses, les familles peuvent-elles vraiment faire autrement quand la fin est si proche ? En fait, selon le Dr Vadeboncoeur, « c’est un peu contraire à l’ordre des choses », dans la mesure où un transfert d’urgence, hors de son milieu de vie, n’est pas idéal pour une personne âgée.

Mais bien sûr, ajoute-t-il, là où les soins de fin de vie ne peuvent plus être prodigués adéquatement, là où le manque de personnel est criant, ça devient inévitable.

Une fois que les personnes âgées sont arrivées à l’hôpital, elles y restent, la consigne étant maintenant donnée de ne renvoyer vers des CHSLD que les personnes âgées qui auraient finalement un test négatif, fait observer le Dr Vadeboncoeur. 

Il invite cependant les familles à ne pas céder à la panique. Si la situation est préoccupante dans les centres où il y a un manque criant de personnel, le Dr Vadeboncoeur a tenu à rappeler que les décès dus à la COVID-19 dans des résidences de personnes âgées ne surviennent pas qu’au Québec, mais qu’ils ont été rapportés partout dans le monde.

Ceux qui habitent en CHSLD y restent habituellement peu longtemps, justement parce qu’ils sont déjà très hypothéqués, a ajouté le Dr Vadeboncoeur.

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