Portfolio Énergies renouvelables

Biométhanisation à la sauce saguenéenne

Un petit groupe d’entrepreneurs en agroalimentaire du Saguenay voit grand pour son projet d’usine de biométhanisation agricole : il souhaite faire du gaz naturel renouvelable une révolution énergétique.

« J’aimerais ça que le gaz naturel renouvelable devienne une richesse au Québec et qu’on soit reconnu pour ça, un peu comme l’hydroélectricité ! »

Voilà ce à quoi rêve Luc Boivin, président-directeur général de Fromagerie Boivin, lorsqu’il parle d’Agriméthane Saguenay, un ambitieux projet de 18,3 millions de dollars pour lequel le gouvernement du Québec vient d’accorder une aide financière de 8 millions.

M. Boivin est l’un des actionnaires-fondateurs du projet, avec un groupe d’une douzaine de producteurs laitiers regroupés sous le nom de Groupe Laitier Carboneutre, Nutrinor et Viridis Environnement. Prévue pour entreprendre ses activités à la fin de 2024, l’usine transformera les résidus et déchets (fumier, lisier, foin, autres résidus et liquides) pour en extraire un engrais et du gaz naturel.

« La biométhanisation, c’est un procédé qui permet la fermentation des matières. On compresse ces matières et ça fait deux choses : les bactéries dégagent du méthane et on peut injecter ce gaz directement dans les conduites de gaz naturel, et on récolte aussi un engrais naturel, noble, qui a une forte valeur agronomique. »

— Luc Boivin, président-directeur général de Fromagerie Boivin

Les avantages de la biométhanisation agricole sont multiples et immenses, selon Martin Garon, directeur général d’Agrinova et partenaire d’Agriméthane pour le volet recherche et développement. « Le gaz extrait provient d’une économie circulaire, dit-il. On valorise les déchets à l’entrée et à la sortie du processus, on augmente le potentiel des terres agricoles de la région, on recycle et on élimine les senteurs et l’utilisation du site d’enfouissement. »

L’usine, qui devrait créer de quatre à six emplois, utilisera entre 60 000 et 75 000 tonnes de résidus par année et, une fois bien rodée, elle produira 3 millions de mètres cubes par année de biogaz, estime M. Garon. Cela permettrait la réduction de 7500 tonnes de gaz à effet de serre par année, soit l’équivalent de 2000 voitures, selon le communiqué diffusé par le cabinet du ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles lors de l’annonce de la subvention, à la fin du mois de mars.

La suite des choses

Pour le moment, les actionnaires finalisent le plan d’affaires et se penchent sur l’ingénierie de l’usine. Le choix du terrain, crucial pour favoriser le transport des matières et l’accès à une conduite principale d’Énergir, est toujours à l’étude... même s’il semble y avoir un favori dans la course.

« Ça fait un an et demi que nous travaillons à élaborer le Bioparc qui regroupera des entreprises qui produisent du gaz naturel renouvelable et favorise une économie plus verte, souligne Patrick Bérubé, de Promotion Saguenay. C’est un terrain industriel en retrait, à 750 mètres, voire 1 kilomètre des résidences. »

Situé à côté d’un ancien site d’enfouissement sanitaire, dans le secteur de Laterrière, l’espace réservé au Bioparc s’étend sur 1,5 million de pieds carrés.

À noter que l’usine de biométhanisation de Saguenay sera la troisième au Québec, après celle de Warwick (2020) et celle de Saint-Hyacinthe (2014).

Le secteur agroalimentaire au Saguenay

1227

Nombre d’entreprises agroalimentaires (production laitière, fruits, céréales, bovins, etc.)

271 millions

Revenus agricoles (2014, MAPAQ)

329 134

Nombre d’hectares de zones agricoles

15 300

Nombre de personnes travaillent dans le secteur bioalimentaire (13 % du total des emplois de la région)

Sources : MAPAQ (2014) et Promotion Saguenay

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