COMMANDITÉ
Urbanisme

Qu’est-ce qu’une ville éponge ?

Les changements climatiques entraînent des événements météorologiques extrêmes qui peuvent sembler, à première vue, contradictoires. Des canicules et des périodes de sécheresse sont suivies de pluies diluviennes causant des inondations, ce qui met à rude épreuve les milieux urbains. Et si la solution à ces problèmes se trouvait elle aussi dans la nature ? Voici la ville éponge.

Le concept

Les villes éponges sont des environnements urbains qui intègrent d’abondants espaces naturels tels que des lacs, des parcs, des zones boisées et d’autres mécanismes contribuant à l’absorption des eaux de surface. De tels aménagements aident non seulement à évacuer l’excédent d’eau lors des fortes pluies, mais aussi à conserver davantage d’humidité pour mieux faire face aux sécheresses.

L’expression « ville éponge » est attribuée à l’architecte et urbaniste chinois Kongjian Yu. Dès 1997, son équipe de recherche et lui ont suggéré de revoir les systèmes de drainage urbains pour s’inspirer davantage des milieux humides. Le ministère de la Construction a accueilli favorablement leurs recommandations au tournant du millénaire, et des projets pilotes visant à recueillir 70 % des eaux pluviales ont été mis en branle dans plus de 200 villes du pays.

Les éléments d’une ville éponge

Il n’existe pas de modèle unique de ville éponge; il s’agit plutôt d’un coffre à outils de technologies souvent toutes simples qui peuvent être combinées en fonction des besoins de chaque milieu. Lorsqu’elles sont adéquatement planifiées, de telles interventions s’intègrent harmonieusement à l’environnement urbain et sont à peine perceptibles du grand public.

·      Arbres

·      Bassin de rétention

·      Jardins communautaires

·      Mur végétal

·      Noue

·      Parc

·      Sol perméable

·      Système de drainage

·      Terrain de golf

·      Toit végétalisé

·      Zone humide

Une cascade de bienfaits indirects

En plus de leur fonction principale — soit atténuer les pluies et les sécheresses extrêmes —, les divers éléments d’une ville éponge enrichissent le milieu de vie de bien des façons.

L’eau de pluie est préfiltrée naturellement par la végétation et le sol, ce qui contribue à la santé des rivières et des lacs avoisinants, en plus de faciliter le travail d’assainissement des eaux. La présence de vastes espaces verts contribue aussi à purifier l’air, à réduire les îlots de chaleur et à accroître la biodiversité.

Ces espaces offrent d’agréables refuges aux citoyens et aux citoyennes, des endroits qui leur permettent de se rafraîchir lors des canicules ou, plus simplement, de se retrouver à proximité de la nature.

Les retombées se mesurent aussi en dollars. Le Forum économique mondial rapporte que les solutions naturelles sont environ 50 % moins onéreuses que les systèmes artificiels, tout en générant 28 % plus de valeur ajoutée1. En Chine, des propriétés situées dans des villes éponges ont par ailleurs vu leur valeur foncière tripler ou quadrupler en raison du vif intérêt manifesté par les acheteurs et acheteuses.

2 villes éponges qui se démarquent

Le rapport Global Sponge Cities Snapshot2 de la firme de recherche Arup évalue la « spongiosité » de 13 grandes villes du monde en fonction du volume de leurs espaces naturels, du potentiel de ruissellement des espaces verts et des propriétés hydrologiques des sols. En voici deux qui font bonne figure.

Auckland

La ville la plus peuplée de Nouvelle-Zélande compte plus de 4 000 parcs publics et une vingtaine de terrains de golf. Malgré le grand nombre d’ensembles résidentiels de faible hauteur qu’on y trouve, la Ville comporte une abondance d’espaces verts, puisque les logements intègrent souvent de grands potagers. Pour compenser le manque d’infrastructures vertes dans les secteurs industriels, ceux-ci sont stratégiquement situés à proximité de parcs, de terres agricoles et de zones gazonnées.

Singapour

Cette cité-État entourée d’eau doit gérer les caprices de son climat de forêt tropicale, qui alterne entre pluies abondantes et sécheresses. La majorité des maisons possèdent des cours arrière, tandis que les nouveaux quartiers plus densément peuplés sont aménagés près d’espaces verts. Au cours des 50 dernières années, la Ville a investi massivement dans ses infrastructures de drainage et développé des espaces naturels un peu partout pour diminuer le nombre d’inondations.

[1] https://www.weforum.org/agenda/2022/11/flood-climate-change-sponge-cities/

[2] https://www.arup.com/-/media/arup/files/publications/g/global-sponge-cities-snapshot-2023.pdf

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