Oui, Québec peut s’inspirer de Doug Ford !

Cet été, l’équipe éditoriale de La Presse vous propose une série de textes sur la densification urbaine comme clé pour venir à bout de la crise du logement, un enjeu répandu dans l’ensemble du Québec qui sera certainement au cœur de la prochaine campagne électorale.

Un rapport important a été publié, il y a quelques mois, au sujet de la crise du logement.

On y lit que « les prix de l’immobilier […] ont presque triplé au cours des 10 dernières années, une hausse plus rapide que celle des revenus » et que l’acquisition d’une propriété est « hors de portée de la plupart des acheteurs d’un premier logement de la province, même ceux qui occupent un emploi bien rémunéré ».

La conclusion de ce rapport ? « Le système ne fonctionne pas comme il le devrait. »

Ça vous semble familier ? C’est la situation qui prévaut en Ontario, mais force est d’admettre que les ressemblances avec le Québec sont frappantes.

Dans l’ensemble, les problèmes sont peut-être un peu moins sérieux de ce côté-ci de la rivière des Outaouais, en particulier pour ce qui est de l’abordabilité ; Montréal n’est pas Toronto, par exemple.

N’empêche qu’ils sont tout de même criants, ces problèmes.

Un chiffre qui frappe : au Québec, les prix de l’immobilier avaient l’an dernier doublé par rapport à 2009 et triplé par rapport à 2003, toutes catégories de propriétés confondues.

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Le rapport dont on parle a été rédigé par le Groupe d’étude sur le logement, formé à la demande du premier ministre Doug Ford. Ce dernier en a tiré des leçons : il a par la suite légiféré à ce sujet.

Le Québec pourrait aussi s’inspirer de cette étude.

Premièrement, parce qu’il importe, ici aussi, de construire davantage de logements.

Peut-être pas autant qu’en Ontario, où on dit avoir besoin de 1,5 million de nouveaux logements au cours des 10 prochaines années. Mais tout de même, au Québec, on parle au bas mot de 600 000 à 650 000 en 10 ans, selon les chiffres de l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec.

C’est-à-dire qu’il faudrait construire au cours de la prochaine décennie 100 000 nouveaux logements de plus que ceux qui sont déjà prévus selon les estimations des mises en chantier.

D’autres, comme la Société canadienne d’hypothèques et de logement, estiment que le rattrapage nécessaire s’annonce encore plus considérable.

Il est donc urgent d’augmenter la cadence.

Comment ?

Ça ne pourra vraisemblablement pas se faire sans changer certaines règles du jeu.

Encore là, il est possible de s’inspirer du plan ontarien. À commencer par l’idée d’exiger, à l’avenir, une densité accrue. Il importe de mettre de l’avant toute une série de mesures pour y parvenir. C’est la clé, comme nous l’avons déjà expliqué.

Lisez l’éditorial de Stéphanie Grammond

Le rapport ontarien évoque entre autres la fin des règles municipales qui empêchent ou retardent la construction de nouveaux logements et la dépolitisation du processus d’approbation des logements.

Il est crucial d’en débattre ici aussi. En prenant garde toutefois de ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain.

Comme nous l’a rappelé Jean-Philippe Meloche, professeur agrégé à l’École d’urbanisme et d’architecture de paysage de l’Université de Montréal, « si on veut avoir des villes qui ne sont pas juste habitées parce qu’on y a construit des logements, mais habitables parce qu’on a fait des milieux de vie, ça prend un minimum de réglementation et d’encadrement ».

Il serait par ailleurs avantageux de suivre une autre recommandation importante faite en Ontario : offrir un soutien financier aux municipalités qui construisent davantage de logements. Doug Ford a mis sur pied un fonds à cet effet, doté de 45 millions de dollars.

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Ce ne sont donc plus les idées qui manquent pour faciliter la construction de nouveaux logements. Le plan de match ontarien peut nous être très utile.

Merci à Doug Ford, donc. Maintenant, il nous reste à voir jusqu’à quel point la volonté politique sera autant au rendez-vous au Québec qu’en Ontario.

C’est le tout premier obstacle qui se dresse sur la route de ceux qui réclament qu’on change la donne. Aussi, outre l’habituelle force d’inertie, n’oublions pas que la pénurie de main-d’œuvre et la hausse des coûts frappent durement l’industrie de la construction.

Ce qui tombe à pic, c’est qu’un scrutin est à nos portes. Le débat d’idées qui va le précéder est l’occasion idéale pour s’entendre sur les moyens que le prochain gouvernement aurait tout avantage à mettre de l’avant dans ce dossier prioritaire.

Consultez le rapport du Groupe d’étude ontarien sur le logement abordable

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