La visite du pape au Canada repose sur son genou
La visite du pape François au Canada, à la fin de juillet, est compliquée par des inquiétudes sur son genou. Il se déplace depuis quelques jours en fauteuil roulant et peine à monter des marches.
« Il faudra voir comment ça évolue, pour le choix des endroits qui seront visités », explique Raymond Poisson, évêque de Saint-Jérôme et président de la Conférence des évêques catholiques du Canada. « Il est en bonne forme, mais il a des douleurs au dos et plus récemment des problèmes à un genou. Il a annulé une visite au Liban, peut-être qu’il va avoir des traitements. »
Le pape fera en outre une visite en Afrique centrale au début de juillet. « C’est un mois chargé pour un pape, surtout que d’habitude, l’été est un mois de repos à la résidence d’été de Castel Gandolfo », dit Philippe Vaillancourt, fondateur du site d’information religieuse Présence.
À Québec, le pape ira à la cathédrale et à Sainte-Anne-de-Beaupré pour la fête de sainte Anne, la grand-mère de Jésus. « C’est une fête très importante pour les personnes autochtones », dit Gérald Cyprien Lacroix, archevêque de Québec. « La figure de la grand-mère est importante dans les cultures autochtones, et dans notre culture aussi d’ailleurs. » Une visite à Wendake est-elle prévue ? « Ça va dépendre de son genou », répond Mgr Lacroix.
Roger Twance, un Ojibwé qui est portier à la chapelle Notre-Dame-de-Lourdes, dans le Quartier latin, et organise des messes pour Autochtones à Montréal, va essayer de se rendre à Québec pour la messe du pape. « Je connais des gens à Sainte-Anne-de-Beaupré, je devrais pouvoir participer à la célébration », dit M. Twance.
La visite sera coordonnée par l’archevêque d’Edmonton, Richard Smith. « Il est plus conservateur, mais a été plus actif pour établir des liens avec les communautés autochtones, dit M. Vaillancourt. Est-ce que ça va venir teinter le voyage ? Smith a tendance à chérir le secret dans l’Église, et on peut se poser des questions sur la place du français. »
Après Québec, François ira à Edmonton, où sont prévues des visites à un sanctuaire de Sainte-Anne au lac du même nom ainsi qu’à une réserve voisine de la capitale albertaine. Il se rendra aussi à Iqaluit, ce qui fera de lui le pape ayant voyagé le plus au nord. Jean-Paul II s’était rendu à Anchorage, en Alaska, en 1981.
Retraite jésuite
François est venu au Québec à plusieurs reprises, la dernière fois avant son élection papale, en 2008 pour le Congrès eucharistique. « Il n’avait pas vraiment frappé l’imagination, il ne parle pas très bien français et anglais », note M. Vaillancourt. Il s’est aussi rendu à quelques reprises dans une résidence jésuite importante à Lafontaine, près de Saint-Jérôme, pour des retraites. « Quand j’ai rencontré le pape et que je lui ai dit que j’étais évêque de Saint-Jérôme, il m’a dit qu’il connaissait bien la ville », dit Mgr Poisson.
De son côté, le premier ministre Justin Trudeau a indiqué dans un communiqué que « bien que Sa Sainteté ait présenté des excuses à Rome le mois dernier, des excuses officielles présentées en personne au Canada de la part de l’Église catholique romaine aux Survivants et à leurs familles donneraient suite à l’appel à l’action 58 de la Commission de vérité et réconciliation ».
Le chef anglican est déjà passé au Canada
Fin avril et début mai, le grand patron de l’Église anglicane, l’archevêque de Canterbury Justin Welby, a lui aussi fait une visite au Canada, où il a rencontré des Autochtones et demandé pardon pour le rôle des Anglicans dans la gestion de pensionnats pour Autochtones. Mais la visite a été beaucoup moins couverte que celle des Autochtones au Vatican début avril, et seulement par des médias anglophones. Les Anglicans étaient responsables du quart des pensionnats, une proportion qui grimpait à la moitié dans l’Arctique. « C’est un silence assez surprenant », dit Gilles Routhier. Mgr Welby s’est arrêté en Saskatchewan et en Ontario et n’est pas allé en Arctique.