Opinion

Ceux qui souffrent malgré l’arrivée du printemps

Un an de pandémie. Un an de restrictions, de privations, de solitude. Un an d’adaptation, de surcharge mentale, de détresse.

Le printemps est arrivé. Le beau temps nous aidera à changer d’air autant à l’extérieur qu’à l’intérieur. À panser nos blessures et nos souffrances de la dernière année. L’espoir de la vaccination porte en son sein un enthousiasme pour plusieurs. On sort de la morosité des derniers mois, de la lourdeur des restrictions. On pourra se voir et être avec les autres, plus facilement.

Je porte aujourd’hui la voix de tous ceux d’entre nous qui sont marqués par la souffrance des derniers temps. Ceux qui sont en pleine dépression, qui ont développé ou ont vu s’aggraver un trouble anxieux perturbant. Ceux qui peinent à gérer leurs apports alimentaires et leur perception corporelle, se débattant avec un trouble alimentaire de plus en plus envahissant.

Je porte la voix de couples qui ne se comprennent et ne se tolèrent plus, de ceux qui se sont éloignés malgré la très/trop grande proximité de la dernière année.

Les couples qui sont en pleine instance de séparation, ou qui cherchent tant bien que mal à régler les conflits qui se sont immiscés dans leur quotidien.

Je porte la voix des parents qui sont épuisés et qui rêvent d’un peu de temps pour eux.

Ces parents qui se demandent encore comment planifier les prochains mois en ayant à conjuguer le télétravail avec les fermetures d’écoles et garderies.

Je porte la voix des jeunes qui sont privés des contacts spontanés et de l’intimité, essentiels au développement de leur identité, et qui ressentent encore le poids des contraintes perçues comme contrôlantes. Les jeunes qui à cet âge sont dans une période d’individuation et d’autonomisation fondamentale, mais qui ont peu d’occasions pour sortir du noyau familial et apprendre à s’affranchir.

Je porte la voix des aînés qui, bien qu’encouragés par la vaccination, demeureront isolés encore pendant un temps.

La voix des aînés qui, même une fois les contacts réguliers permis, ne recevront parfois tout simplement pas de visite de leur entourage.

Et quand on sent que les autres autour vont mieux, qu’ils se sentent plus heureux et soulagés, mais que nous, on reste malheureux ou découragé, on peut avoir tendance à se critiquer sévèrement, à se sentir dysfonctionnel et à s’isoler davantage. C’est un drame silencieux dont on n’est souvent pas conscient.

Le printemps nous fait grand bien, mais n’oublions pas de tendre l’oreille à ces voix autour de nous qui continuent de souffrir, parfois en silence. Prenons plus souvent des nouvelles de nos proches, surtout de ceux qu’on contacte moins souvent, soyons à l’écoute de ce qu’ils vivent, offrons un regard réconfortant et une parole aimable aux gens qu’on croise au quotidien.

Intéressons-nous à l’autre. Il en a besoin.

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