Opinion

Risques de décrochage
Le CHSLD du réseau de l’éducation ?

La semaine dernière, le ministre de l’Éducation a annoncé que les élèves du primaire et du secondaire seront de retour en classe cet automne. L’Ordre des conseillers et conseillères d’orientation du Québec (OCCOQ) salue cette décision, qui permettra aux élèves et à leurs parents de revenir à une routine plus « normale ».

Toutefois, au même titre que la crise sanitaire a révélé au grand jour les problèmes majeurs dans l’organisation des services en CHSLD, elle a aussi frappé en plein cœur le réseau de l’éducation. Celui-ci doit maintenant composer avec des risques accrus de décrochage en raison de la fermeture des écoles, de l’enseignement à distance et des inquiétudes que plusieurs élèves ressentent face à leur avenir scolaire et professionnel alors que les ressources demeurent insuffisantes.

Les enseignants et les professionnels de soutien sont préoccupés par les risques que cette crise fait peser sur les élèves en termes de motivation et de réussite scolaires. Plus que jamais, ces derniers ont besoin de soutien pour persévérer et s’adapter à ce contexte scolaire différent. Et pour cela, ils doivent trouver un sens à leurs études, une orientation, pour rester motivés.

L’accompagnement en orientation au cœur de la motivation scolaire

S’orienter, c’est apprendre à se connaître pour faire des choix scolaires et professionnels qui ont du sens pour soi. C’est poursuivre un projet qui motive à fournir les efforts nécessaires pour l’atteindre. Plusieurs études démontrent un lien fort entre la persévérance scolaire et la motivation. L’un des éléments clés de la motivation, le sentiment d’efficacité personnelle, se définit comme la « perception qu’un élève a de la valeur de l’activité à accomplir, de sa compétence à la réussir et du contrôle qu’il a en l’accomplissant ». L’orientation vise exactement cela.

L’accès aux services d’orientation est donc primordial, particulièrement en temps de crise, alors que l’incertitude et l’anxiété sont plus élevées que jamais et que les informations fusent de toutes parts concernant les perspectives d’avenir.

À ce sujet, soulignons que « des recherches, tant québécoises qu’américaines, démontrent que l’exposition à de l’information de plus en plus abondante ou à des choix nombreux et diversifiés peut paradoxalement avoir un effet néfaste sur la capacité de l’individu à faire ses choix » (OCCOQ, Pour une politique de la réussite éducative, 2016). Voilà pourquoi il est important d’avoir accès à une aide professionnelle pour y voir clair.

L’urgence d’offrir un réel accès aux services d’orientation

Malheureusement, l’accès aux services d’orientation demeure difficile dans les écoles alors que la crise actuelle en démontre encore plus la nécessité. Rien ne sert d’attaquer qui que ce soit ; nous sommes bien conscients que toutes les personnes impliquées font de leur mieux pour faire face à cette situation inédite. Mais il est urgent que les décideurs agissent face aux risques de décrochage.

Les élèves du secondaire et du postsecondaire n’ont-ils pas droit à plus de soutien pour trouver une voie qui les aidera à se motiver ? L’orientation sera-t-elle un jour assez importante pour notre société afin que nous offrions un réel accès à ces services professionnels et compétents ? Si c’était déjà le cas, les élèves seraient présentement mieux accompagnés et guidés, ce qui contribuerait à réduire les risques de décrochage.

Monsieur le Ministre, vous avez pris la bonne décision d’ouvrir les écoles en septembre, car les relations sociales favorisent la motivation scolaire. Maintenant, est-ce que les élèves seront au rendez-vous ? Il est nécessaire d’agir maintenant pour augmenter le nombre de conseillers et de conseillères d’orientation dans les écoles et offrir un réel accompagnement à ces jeunes en quête de sens. Les jeunes et leurs parents ont assez attendu, la cloche a sonné !

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