Cirque social

L’importance du groupe

Il se fait appeler Fire. Alors qu’il avait 9 mois, son père biologique a mis le feu dans sa maison de Sainte-Adèle dans le but de se suicider. Mario Junior Lemire a été sauvé in extremis par un policier, mais il a perdu ses jambes et son corps a été brûlé à 80 %. Il nous raconte comment le cirque social a donné un sens à sa vie.

« Je suis né du feu », nous dit le jeune homme aux yeux bleus brillants, en justifiant son surnom de Fire. « C’est aussi parce que je veux donner la flamme de la vie aux autres, explique-t-il. Je me considère comme une chandelle qui peut en allumer une autre. Je me sens une responsabilité envers les autres, pour les motiver… » Des paroles bouleversantes venant d’une personne durement éprouvée par la vie.

Le cirque social a littéralement transformé sa vie, sa façon d’être, de penser. Aujourd’hui, il est pleinement autonome, vit seul en appartement.

« Le fait d’appartenir à un groupe m’a donné l’occasion de me soucier des autres, dit-il. Ça a changé ma façon de gérer le regard des autres. Un enfant qui me regarde a tout de suite peur. Parce qu’il n’est pas habitué à ce qu’il voit, c’est normal. Mais aujourd’hui, j’ai appris à vivre avec ça, à désamorcer la situation, à entrer en contact avec les autres, à échanger. »

L’ergothérapeute Frédéric Loiselle l’a pris en charge il y a deux ans, à un moment où il était très dépendant de son entourage. « Le cirque amène les jeunes à prendre des risques. C’est ce que Junior a fait. »

« Avant le programme, il était tellement dépendant de son père adoptif... Il ne faisait rien seul. Maintenant, il gère ses déplacements, il a des projets, il est vraiment de plus en plus autonome. »

— Frédéric Loiselle, en parlant de Mario Junior Lemire

« JE ME SENS IMPORTANT »

Avec le cirque social, il a fait du clown et de la manipulation de bâton. Aujourd’hui, Junior se définit comme un comédien, acteur et animateur. Il diffuse des capsules vidéo sur sa page Facebook, il est devenu ami avec Martin Deschamps et Jean-Marie Lapointe. Il a même une entreprise de clowns, Souriez avec boucane, pour des visites à des enfants malades.

« J’aime les interactions avec le public, dit Junior. J’aime voir leur expression quand ils ont l’air de dire : “J’ai oublié mes soucis de la journée.” Quand je suis face au public, je me sens important. Je pense que j’ai toujours eu un penchant pour les arts, mais le cirque social m’a fait réaliser à quel point c’était important. À quel point j’en avais besoin. »

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