« Montréal fait partie de Carey »
Edmonton — À l’occasion du passage du Canadien à Vancouver, en début de semaine, Carey Price a eu la chance de renouer avec parents et amis. Une trentaine de personnes – parmi lesquels des gens issus de la communauté ulkatcho d’Anahim Lake – sont venues assister à la victoire du Canadien et à une solide prestation de sa part.
Son père Jerry était au milieu d’eux.
En plus de l’arrêt annuel du CH en Colombie-Britannique, l’homme de 58 ans vient à Montréal trois ou quatre fois par saison. Il assiste chaque année à quelque 10 à 15 matchs de son fils. Plus important encore, ça lui permet de rester proche de lui et d’être au diapason de ce qu’il vit.
« Carey et moi avons toujours été très proches, confie Jerry Price, dont le ton de voix posé et réfléchi rappelle celui du gardien vedette.
« Notre relation ne se limite pas au hockey, au contraire. On parle peu de hockey, en fait, et beaucoup plus d’autres choses. »
— Jerry Price
Parler de la vie à Montréal, par exemple. De ce bain dans lequel les joueurs du Canadien trempent à longueur d’année, avec ce que ça implique d’adulation et d’étroite attention. Carey Price a vécu tout le spectre de ce que Montréal a à offrir – outre l’allégresse d’une Coupe Stanley.
Ni le Tricolore ni son gardien n’en sont encore à parler de contrat. Mais le jour où ils y arriveront, le choix de poursuivre ou non dans ce cadre bien particulier aura un rôle à jouer dans la décision de Price de s’engager plus longtemps avec le CH.
« Il vient d’une toute petite place, d’une communauté reculée, rappelle son père. Mais Carey est un gars résilient. Il a mûri, il s’est développé et il s’est habitué à son environnement. Notre environnement nous aide à grandir. Montréal fait partie de sa vie depuis presque la moitié de sa vie. La ville, les fans et l’équipe sont tout autant une partie de lui que lui l’est pour eux. Il a contribué à la ville et à l’équipe et, en retour, elles ont contribué au fait qu’il a pris de la maturité. »
Les hauts et les bas
On ignore si Montréal, après avoir aidé à faire de Price ce qu’il est aujourd’hui, l’encouragera à prolonger l’aventure dans les années à venir. Ce n’est pas à son père d’y répondre. Jerry Price, lui, ne peut que constater le chemin parcouru et le processus à travers lequel son fils est passé.
Récemment, après un match à Toronto, Price a évoqué des moments troubles de son apprentissage à ses premières années à Montréal. Le soir où il a dépassé Ken Dryden au troisième rang des gardiens qui ont connu le plus de victoires dans l’histoire du Canadien, il a confié avoir traversé une période difficile à l’âge de 21 ans. Dryden l’avait alors appelé pour lui offrir conseils et réconfort.
« J’essayais non seulement de retrouver mon jeu, mais aussi de savoir qui j’étais en tant que personne. Avoir quelqu’un de cette trempe qui vous appelle, ça change une vie. »
— Carey Price, plus tôt cette saison, à propos de la période difficile qu’il a traversée à l’âge de 21 ans
Jerry Price se souvient de cette période-là, lui aussi.
« J’ai eu cet âge-là, moi aussi, et je me souviens d’être passé par là, dit-il. J’ai également été gardien de but… même si je n’ai jamais été aussi bon que Carey ! Je n’ai jamais douté qu’il s’en sortirait bien. On dit d’un joueur qu’il a ses hauts et ses bas, mais on pourrait dire la même chose de quiconque. »
Aujourd’hui, Price s’est rangé, il a mûri… et il a gagné. Son père secoue la tête d’incompréhension en pensant au fait que Carey vient de doubler le légendaire numéro 29 du Canadien.
« Je n’en reviens pas, avoue-t-il. J’ai grandi à cette époque-là avec Dryden, Bernard Parent… c’était les gardiens que j’idolâtrais quand j’étais jeune. De voir Carey au-dessus de Ken Dryden dans la colonne des victoires, j’ai peine à y croire. »