Télévision Prix Gémeaux

Tandems dorés

À l’occasion des 38es prix Gémeaux dimanche, La Presse a provoqué des rencontres entre acteurs – et finalistes – qui ont marqué, de différentes manières, la dernière année télévisuelle.

Animés par Pierre-Yves Lord, les 38es prix Gémeaux seront diffusés sur ICI Télé dimanche à 20 h. En après-midi, ICI ARTV présentera le Gala d’ouverture piloté par Nicolas Ouellet à 15 h.

Éléonore Loiselle et Catherine-Anne Toupin

Prendre la parole

Catherine-Anne Toupin a regardé Désobéir : le choix de Chantale Daigle, la série pour laquelle Éléonore Loiselle pourrait remporter le Gémeaux du meilleur premier rôle dramatique. Elle envie la jeune comédienne d’avoir décroché ce contrat. « D’abord, parce que tu étais parfaite, mais aussi, parce qu’on a toujours raconté l’histoire des hommes. Il serait temps qu’on fasse une place aux femmes importantes. »

Assise aux côtés de Catherine-Anne Toupin, Éléonore Loiselle acquiesce. « Et des fois, ce sont des femmes qu’on a complètement oubliées. »

Calée dans son fauteuil, l’actrice de 22 ans parle en connaissance de cause. Avant d’auditionner pour Désobéir, elle ignorait l’existence de Chantale Daigle, cette Québécoise qui s’est battue jusqu’en Cour suprême pour revendiquer son droit d’avorter en 1989.

« Ça m’avait choquée, raconte-t-elle. J’aurais aimé ça qu’on l’apprenne à l’école. J’aurais aimé ça qu’on discute d’elle. Mes amis ont réagi pareil en voyant la série. Gars ou filles, ils étaient comme : “J’aurais aimé ça qu’on m’en parle avant.” Surtout parce qu’il est question d’avortement, un sujet tellement tabou, encore aujourd’hui. »

« Je pensais que j’étais l’égale des hommes »

Échanger sur Chantale Daigle avec l’actrice qui l’incarne et Catherine-Anne Toupin, une comédienne, dramaturge et scénariste qui carbure aux enjeux de société, donne une entrevue qui déborde évidemment du cadre qu’on s’était fixé au départ. Et c’est tant mieux.

La finaliste au Gémeaux du meilleur premier rôle (comédie) pour Moi non plus !, une série qui traite de clivage gauche-droite sur fond d’idylle entre deux animateurs radio, a beaucoup de choses à dire sur l’œuvre écrite par Isabelle Pelletier et Daniel Thibault, et surtout, sur l’histoire qu’elle exhume.

« J’avais 14-15 ans quand c’est arrivé, se rappelle Catherine-Anne Toupin. J’étais trop jeune pour poser un regard critique. Je pensais que j’étais l’égale des hommes, parce que c’était l’époque à laquelle le monde nous vendait qu’on pouvait avoir une vie similaire : aller à l’université, se marier, faire carrière... You can have it all ! Mais quand tu vieillis un peu, tu réalises que ce n’est pas tout à fait vrai. »

« La violence dont [Chantale Daigle] a été victime m’a frappée, poursuit l’actrice, en regardant Éléonore Loiselle. J’étais comme : “Crisse ! On n’a pas beaucoup avancé !” »

« Aujourd’hui, la violence faite aux femmes est différente. Elle s’est transformée. Parce que devant une misogynie affirmée, c’est sûr qu’on va tous faire : “Ta gueule !” C’est donc rendu plus subtil, plus insidieux et moins frontal. »

— Catherine-Anne Toupin, comédienne, dramaturge et scénariste

Pour Éléonore Loiselle, la série Désobéir est porteuse d’espoir... bien qu’elle revisite une période peu glorieuse du Québec par rapport aux droits des femmes. « Chantale avait 21 ans, mais elle a changé les choses. Elle s’est fait entendre. »

« Ça veut dire qu’on peut intervenir, qu’on peut faire quelque chose... tant qu’on n’est pas aux États-Unis », ajoute Catherine-Anne Toupin, sourire amer en coin, en référence à l’annulation de l’arrêt Roe c. Wade, qui protégeait le droit d’avorter chez nos voisins du Sud.

Chapitres marquants

Désobéir : le choix de Chantale Daigle et Moi non plus ! revêtent une signification particulière pour Éléonore Loiselle et Catherine-Anne Toupin. La première, qu’on a découverte en 2019 dans L’échappée, n’avait jamais décroché de premier rôle au petit écran avant d’être sélectionnée pour camper l’antihéroïne du mouvement pro-choix.

Éléonore Loiselle s’est d’ailleurs âprement battue pour apparaître au sommet du générique du drame vécu. Après avoir échoué à sa première audition (« Je portais une petite chemise... J’avais l’air d’un lutin ! »), la comédienne a écrit une lettre au réalisateur, Alexis Durand-Brault, demandant une seconde chance.

« Je trouvais cette femme fabuleuse ! s’exclame-t-elle. Il y avait quelque chose chez elle que j’avais envie d’interpréter. Et j’avais souvent joué des rôles similaires. J’avais envie d’aller ailleurs, d’essayer quelque chose d’autre. »

Pour Catherine-Anne Toupin, la série Moi non plus ! est venue « cristalliser » ses 25 premières années d’expérience. « Je portais plusieurs chapeaux : c’est moi qui ai trouvé l’idée, c’est moi qui l’ai écrite [avec Karina Goma], c’est moi qui l’ai jouée, c’est moi qui l’ai produite [comme productrice associée]... Ça a été tout un apprentissage. »

« C’est un nouveau plancher que j’atteins, à 48 ans. Un plancher où j’ai envie d’être. Dans mes prochains projets, je vais arriver beaucoup plus armée... et beaucoup plus zen », ajoute-t-elle, émettant au passage un rire qui laisse croire qu’elle met elle-même en doute son potentiel de zénitude.

Envies d’écriture

Le parcours de Catherine-Anne Toupin est assurément une source d’inspiration pour Éléonore Loiselle, qui éprouve des envies d’écriture, mais manque de repères.

« Je suis comme : “Comment ça marche ? Je commence où ?” C’est un blocage. »

« Tu dois commencer toute seule chez toi, avec ton ordinateur. C’est la meilleure façon, répond Catherine-Anne Toupin. Essaie de donner vie à quelque chose. Ça n’a pas besoin d’être quelque chose de complet. Juste une idée. Ça peut être trois pages. »

« J’ai commencé en faisant des courtes pièces, des trucs de 10 minutes, 15 minutes, poursuit l’actrice et autrice. Ensuite, j’ai écrit pour la télé. J’ai commencé avec des émissions jeunesse, des demi-heures. J’ai appris mon métier. J’ai appris à devenir meilleure. »

Catherine-Anne Toupin a toujours su qu’elle voulait écrire. Au Conservatoire d’art dramatique de Montréal, elle était impatiente de coucher ses idées sur papier.

« Je suis arrivée bien naïve comme comédienne en 1999, une époque où on était soit “la blonde de”, soit une pute, soit une danseuse. Rapidement, j’ai voulu imposer ma vision des choses, avoir une parole. J’adore être une interprète et incarner l’univers de quelqu’un d’autre, mais j’aime aussi recréer mon univers. Et j’ai toujours aimé défoncer des portes. »

— Catherine-Anne Toupin, comédienne, dramaturge et scénariste

Et maintenant…

Moi non plus ! ayant pris fin l’automne dernier après deux saisons sur Noovo, Catherine-Anne Toupin espère maintenant « un beau gros rôle juteux » dans lequel elle pourrait mordre à pleines dents. Le type qui n’émanerait pas d’elle, toutefois.

« J’irais bien dans quelque chose de dramatique. On m’a souvent dit que j’étais intimidante, que j’avais quelque chose de rough. Je pourrais m’en servir pour jouer une femme d’affaires, quelqu’un d’extrêmement strict et désagréable. Une femme mature qui n’a pas froid aux yeux... et désagréable, de préférence. Parce que c’est toujours plus l’fun de jouer des personnages désagréables ! »

En attendant ce mandat rêvé, elle tiendra l’affiche du long métrage La meute, réalisé par Anne Émond. Il s’agit de l’adaptation cinématographique d’une pièce de théâtre qu’elle a écrite, attendue en salle le 14 février.

Quant à Éléonore Loiselle, L’échappée et Désobéir bouclés, elle rêverait d’un rôle physique. Elle cite en exemple les comédiens Denis Lavant et Marc Béland, dont elle admire le travail. « Comme acteur, la parole est intéressante, mais des fois, on oublie le corps. Pour Chantale Daigle, je n’avais jamais marché en talons hauts. J’ai dû suivre des cours de walking parce que je n’étais pas capable. J’ai toujours porté des souliers plats ! Ça m’a donné envie d’explorer davantage l’aspect physique des rôles. »

Les séries Désobéir : le choix de Chantale Daigle et Moi non plus ! sont offertes sur Crave. Noovo diffusera Désobéir : le choix de Chantale Daigle les mercredis à 20 h, à partir du 25 octobre.

Patrick Hivon et Steve Laplante

« J’aurais adoré jouer ton rôle »

À peine assis, Patrick Hivon amorce la discussion avec Steve Laplante en livrant cette confidence : « J’aurais adoré jouer ton rôle dans Léo. »

Mais autant Patrick Hivon aurait souhaité camper Chabot, l’attachant acolyte du héros imaginé et défendu par Fabien Cloutier, autant il savoure chaque épisode qu’il découvre comme simple téléspectateur. « Quand tu joues dans quelque chose, tu dois bouder ton plaisir, d’une certaine façon, observe le comédien. Ça m’est déjà arrivé d’être hyper content de jouer dans une affaire, mais d’un autre côté, j’étais triste parce que je savais que je n’allais pas pouvoir en profiter une fois sorti. »

Ce type de déception peut seulement poindre quand son agenda est bien rempli, précise Steve Laplante.

« Sans blague, quand tu as assez de job et que tu n’as pas à t’inquiéter pour l’argent, c’est l’fun d’écouter un projet écœurant dans lequel tu aurais voulu jouer », renchérit Patrick Hivon.

Doubles finalistes

Patrick Hivon et Steve Laplante discutent de Léo parce qu’il s’agit d’une des deux séries pour lesquelles ce dernier est finaliste aux prochains prix Gémeaux. La seconde est Chouchou, de l’auteur Simon Boulerice, qui dépeint l’histoire de Chanelle (Évelyne Brochu), une professeure de 37 ans qui s’embourbe dans une relation interdite avec Sandrick (Lévi Doré), son élève de 17 ans. Steve Laplante y campe le conjoint cocu, qui s’avère la force tranquille du drame à fleur de peau, que Noovo a diffusé l’automne dernier.

Le comédien raconte avoir accepté le rôle après avoir parcouru le scénario des premiers épisodes et parlé aux réalisateurs Marie-Claude Blouin et Félix Tétreault. « Je voulais qu’il ait un côté un peu laid, qu’il ne soit pas parfait. Je voulais m’assurer qu’il ait une colonne vertébrale. »

Patrick Hivon pourrait également remporter deux statuettes dorées : celle du meilleur rôle de soutien – comédie pour L’œil du cyclone, dans laquelle il interprète l’éternel adulescent Jean-François, et celle du meilleur premier rôle – série dramatique pour La nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé. Dans cette adaptation d’une pièce de Michel Marc Bouchard signée Xavier Dolan (sa première incursion au petit écran), le finaliste personnifie Julien, l’aîné renfermé et torturé d’une fratrie fracturée, minée par plusieurs non-dits.

Patrick Hivon, qui reprenait la partition qu’il avait défendue sur scène en 2019 au Théâtre du Nouveau Monde, qualifie Laurier Gaudreault de « projet d’envergure » d’une rare intensité : 45 jours de tournage répartis sur 6 mois, un plateau qui rassemblait quotidiennement une centaine de personnes et l’aura d’un réalisateur qui jouit d’une renommée mondiale.

« C’était de longues heures, de très longues heures, mais c’était la meilleure affaire qui pouvait m’arriver. Par moments, j’étais tellement fatigué que j’étais perdu. J’ai lâché prise. Je n’étais plus dans le regard de moi-même. Je voulais juste finir la job et l’envoyer au client ! »

— Patrick Hivon, comédien. à propos de la série La nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé

Cet abandon a soufflé Steve Laplante, qui s’est délecté de chaque épisode. « Quand on t’a vu, moi pis ma blonde, on a fait comme : “OK. Woa !” Il y avait une charge... Tu as atteint une autre coche. C’était vraiment impressionnant. »

Être heureux pour l’autre

Steve Laplante et Patrick Hivon sont tous deux diplômés de l’École nationale de théâtre du Canada : le premier en 1996, le second en 2000. Bien qu’ils aient chacun mené une carrière entre télévision, cinéma et théâtre, ils n’ont travaillé ensemble qu’une seule fois : en 2020 pour Babysitter, de Monia Chokri. Le souvenir du long métrage, dans lequel ils jouaient des frères, accroche un sourire aux visages des comédiens, qui affirment avoir beaucoup rigolé durant l’aventure.

« Sinon, on ne s’est pas vraiment côtoyés, indique Patrick Hivon. Je vais faire mon téteux : j’aurais aimé ça qu’on se voie plus souvent. »

Les deux acteurs ignorent s’ils ont passé les mêmes auditions au cours des années. Ils affirment toutefois qu’ils auraient été heureux de voir l’autre réussir.

« Plus tu vieillis, plus tu apprends à dealer avec tout ça », lance Steve Laplante.

« En sortant de l’École nationale, j’auditionnais, mais je n’avais rien. J’étais découragé jusqu’à ce que je réalise que : “Ah, OK. C’est la game.” Tu dois l’accepter, parce que tu n’y peux rien. Des fois, tu es juste trop vieux, trop jeune, trop chauve... Des choses impossibles à contrôler. »

— Steve Laplante, comédien

« Je n’ai jamais senti d’hostilité entre acteurs, poursuit Patrick Hivon. Au début, quand j’avais un rôle et qu’autour de moi, les autres étaient contents, j’étais surpris. Ça m’a fait réaliser : “Ah ben crisse, je vais être généreux, moi aussi. Je vais être content pour eux.” »

Se prêter au jeu

Patrick Hivon et Steve Laplante partagent la même vision des prix Gémeaux, auxquels ils assisteront, dimanche soir, au Théâtre Maisonneuve. À leurs yeux, il s’agit d’une occasion de promouvoir la télévision québécoise et d’échanger entre collègues. En entrevue, ils persistent et signent : ils n’accordent aucune importance aux sélections qu’ils récoltent.

« Des fois, on fait la plus belle affaire de notre vie, pis ça passe sous silence, et d’autres fois, on fait quelque chose de correct, pis ça pogne au bout, relativise Patrick Hivon. Je ne peux pas dire que je tripe d’aller là-bas, mais je suis bon joueur. Il faut se prêter au jeu. »

« Quand j’apprends que j’ai été nommé, je considère que j’ai gagné, ajoute Steve Laplante. J’ai reçu quatre nominations l’an passé. Je n’ai rien gagné. C’est un record qui ne sera jamais battu, je pense. »

Télé-Québec diffuse La nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé les jeudis à 21 h. La série est également présentée sur Club illico. Chouchou est offerte en rattrapage sur Crave. Léo est relayée sur Club illico. L’œil du cyclone est offerte sur ICI Tou.tv Extra.

Christine Beaulieu et Luc Senay

L’ego au vestiaire

Luc Senay a déjà souffert d’un problème d’ego surdimensionné. Le comédien l’admet aujourd’hui, au grand étonnement de Christine Beaulieu.

— Dans ma tête, j’étais plus grand que nature.

— Ah oui ?

— C’était à l’époque où j’animais La guerre des clans. Après trois saisons, c’était rendu MON show.

— Toi ?

Christine Beaulieu dépose son café latte. Sa surprise est totale. Côtoyant Luc Senay depuis 2021 sur L’œil du cyclone, jamais elle n’aurait pu imaginer son collègue attraper la grosse tête.

« J’étais malheureux, raconte l’acteur. J’étais en thérapie. J’avais du mal à comprendre ce qui m’arrivait. »

Luc Senay se rappelle le moment et l’endroit où finalement, ses pieds sont retombés sur terre. C’était en 1995 à Montréal, à l’extérieur des studios d’enregistrement du populaire jeu-questionnaire de TQS, dans l’arrondissement de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension. Durant sa marche, un vieil homme le reconnaît et l’approche : « Dans ma vie, j’ai toujours été tout seul. Chaque soir, vous êtes ma famille. »

Cette réplique résonne comme un signal d’alarme.

« Son “vous” m’a frappé, raconte l’ex-animateur. Ce n’était pas moi ; c’était tout nous autres. Toute l’équipe. En l’espace de quelques secondes, ce monsieur m’a redonné l’humilité que j’avais complètement perdue. »

Un travail collectif

Depuis cette période trouble, Luc Senay n’a plus rechuté. Sinon, parions qu’il aurait trouvé les tournages de L’œil du cyclone éprouvants, puisque Christine Beaulieu préconise une politique claire, qui consiste à laisser son ego au vestiaire. Selon l’actrice, qui défend le personnage d’Isabelle, travailleuse autonome et chef de famille monoparentale, c’est l’une des raisons pour lesquelles la comédie connaît un succès en crescendo depuis son arrivée sur ICI Tou.tv Extra en 2021.

« C’est très collectif, comme travail. C’est toujours la meilleure idée qui l’emporte. Des fois, je propose quelque chose, et c’est mauvais. C’est correct : on l’envoie aux vidanges, pis on passe à autre chose ! »

— Christine Beaulieu, comédienne, à propos de la série L’œil du cyclone

Christine Beaulieu a beau accumuler les honneurs pour L’œil du cyclone (elle a d’ailleurs reçu le prix Gémeaux en 2021), elle croit n’avoir jamais péché par immodestie. « Mon Dieu, j’espère que non ! s’exclame-t-elle, attablée au Darling, un bar et resto du boulevard Saint-Laurent. Mon début de carrière n’a pas été fulgurant, on s’entend. J’ai fait du théâtre. J’ai bizouné mes affaires. Mon enjeu, c’est plutôt d’avoir confiance en moi. C’est une affaire que j’aurais aimé avoir plus tôt. J’aurais perdu moins de temps. »

« Je viens du théâtre pauvre, poursuit Luc Senay. J’ai étudié à l’UQAM. On faisait tout : les costumes, l’éclairage, la mise en scène, la production, tout ! Après, j’ai fait du théâtre expérimental pendant 15 ans. On n’avait pas grand-chose, mais je suis content en titi d’avoir pris ce chemin. Il y avait une forme de liberté, mais aussi d’humilité. »

Souvenirs de Mégantic

Quatre ans après avoir échappé une sélection pour Faits divers (la saison dans laquelle il formait un couple de nudistes avec Chantal Baril), Luc Senay pourrait récolter dimanche une statuette dorée pour Mégantic, la série-évènement du Club illico qui vient d’atterrir sur TVA. Le comédien de 64 ans y incarne Fernand, le père d’une des victimes du drame ferroviaire de 2013.

« Je n’ai pas vu ta performance dans Mégantic, mais pour toi, est-ce que tu t’es dépassé ? demande Christine Beaulieu. Sens-tu qu’il y a quelque chose de particulier qui s’est passé ? »

« Je vais te répondre d’une façon weird, prévient Luc Senay. J’ai fait beaucoup de sport de compétition quand j’étais jeune. J’ai été réserviste sur l’équipe nationale de ski alpin, par exemple. Quand je terminais ma descente, si j’étais fier, même si j’arrivais sixième, c’était correct. »

« Des fois, quand je regarde mes performances, je suis comme : “Tu aurais pu faire mieux.” Mais pour Mégantic, je suis content. Je suis content d’avoir contacté Sophie Lorain et Alexis Durand-Brault [coproducteurs avec Antonello Cozzolino] sur Facebook quand j’ai appris qu’ils préparaient une série. »

— Luc Senay, comédien

« J’ai écrit : “Si jamais vous cherchez un vieux bonhomme avec une bedaine, je suis disponible.” Je fais ça, des fois. J’appelle ou j’écris. Je dis que j’aimerais ça participer. C’est tout. »

Luc Senay garde un excellent souvenir du tournage de Mégantic, même si certaines journées étaient émotionnellement chargées. « On n’était pas censés aller là-bas. Toutes les scènes d’église : le mariage, les funérailles... C’est à la demande des gens qui avaient perdu des proches qu’on les a tournées sur place. Ils voulaient être figurants. Durant le tournage, c’était vibrant à l’intérieur de l’église. »

Contagieux

De son côté, Christine Beaulieu affirme se sentir « comme un poisson dans l’eau » sur L’œil du cyclone, dont elle tourne en ce moment la quatrième saison. « Isabelle, c’est comme moi, c’est comme mes sœurs. C’est très naturel. J’ai beaucoup de plaisir. »

Luc Senay, qui incarne son beau-père et qui l’appelle la « capitaine », confirme ses paroles.

« Ton investissement, c’est dans la douceur, dans la gaieté. C’est rare qu’on voie ça. T’es investie, ça n’a pas de crisse d’allure ! Tu pourrais être fatigante, mais non. C’est tout le contraire. Ça invite. C’est contagieux. »

« C’est l’fun d’entendre ça, enchaîne Christine Beaulieu. C’est très touchant. Quand un technicien vient me dire qu’il trouve ça motivant de travailler avec moi, ça m’émeut vraiment. »

« Parce que je suis exigeante... envers moi-même et envers les autres, poursuit-elle. Je n’ai pas envie de faire un truc juste pour faire un truc. Ça ne m’intéresse plus de faire quelque chose de correct. Tant qu’à faire, faisons du mieux qu’on peut. Sinon, laissez faire. Je vais rentrer chez nous faire du jardinage ! »

TVA diffuse Mégantic les jeudis à 20 h. La série est également présentée sur Club illico. La troisième saison de L’œil du cyclone sera diffusée sur ICI Télé dès janvier. La quatrième saison sera déposée sur ICI Tou.tv Extra en février.

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