Solutions de rechange au gazon

Drummondville fait le test pour ses citoyens

Troquer le gazon pour une pelouse plus diversifiée est une bonne idée sur papier, mais concrètement, quel sera le résultat ? La Ville de Drummondville met ses espaces publics à contribution pour montrer différentes options.

Drummondville — Ici, une grande talle de trèfle couvre le parterre ombragé au pied d’un arbre ; là, de la petite pervenche bleue émerge d’un sol compact ; plus loin, du millepertuis et du thym serpolet poussent en plein soleil.

Ces différentes plantes ont été semées aux quatre coins de la ville de Drummondville, cet été, afin de permettre aux citoyens de voir les différentes options qui existent pour remplacer le traditionnel gazon.

Beaucoup de citoyens souhaitent diversifier leur pelouse, mais se demandent quels végétaux choisir et de quoi aura l’air leur parterre, avait constaté l’administration municipale.

« Les gens veulent voir le résultat avant », lance le directeur du service de l’environnement de la Ville, Roger Leblanc. « Quoi de mieux que de faire des vitrines et démontrer aux gens les solutions possibles ? »

Neuf « zones d’intégration »

La Ville a ainsi aménagé neuf « zones d’intégration », où elle a semé différentes espèces indigènes en fonction des caractéristiques propres à chaque lieu.

Dans quatre autres endroits, la Ville teste simplement l’arrêt de tonte, pour « laisser la nature reprendre sa place », ajoute M. Leblanc.

« C’est assez surprenant, les espèces qui surgissent », constate-t-il, disant en avoir recensé jusqu’à 20 nouvelles par endroits.

Et avec elles revient toute une faune qui avait disparu.

« Il y a des espèces d’oiseaux qu’on n’avait pas vues, ils viennent se nourrir, ils viennent nicher », s’enthousiasme M. Leblanc.

« On voit déjà les résultats sur la biodiversité et ça ne fait même pas un an, c’est assez incroyable. »

— Roger Leblanc, directeur du service de l’environnement de la Ville de Drummondville

L’objectif de l’expérience est qu’elle soit répétée sur les propriétés privées, sans pour autant « changer toutes les pelouses sur toutes les propriétés », précise Roger Leblanc.

« Il y a des gens qui ont des espaces plus complexes, ombragés, où c’est difficile d’avoir de la végétation, donc on va amener des idées comme ça aux citoyens », explique-t-il.

Il faut parfois surmonter certaines réticences, aussi, reconnaît la Ville, particulièrement à propos de l’arrêt de tonte, qui est souvent perçu comme un manque d’entretien. « [Mais] à la minute où il y a un ajout fleuri dans l’aménagement, la perception est complètement différente, ça enlève la notion de manque d’entretien », constate Roger Leblanc.

Gains pour la Ville

La Ville elle-même compte adopter à plus large échelle les techniques qu’elle expérimente cet été sur ses terrains.

« Il y a d’énormes bénéfices à faire ça », affirme Roger Leblanc, évoquant la réduction de l’entretien des espaces verts, et par conséquent des dépenses et des émissions de gaz à effet de serre de la Ville.

« L’objectif est de réduire la superficie des contrats d’entretien de 20 % », indique-t-il.

Pour y arriver, Drummondville ne fera pas qu’ajouter de la biodiversité dans ses pelouses, elle fera aussi une « transition » de ses aménagements paysagers en utilisant des plantes indigènes, plus résistantes et demandant moins d’entretien.

« Le meilleur entrepreneur pour faire de l’aménagement paysager, c’est la nature ! »

— Roger Leblanc, directeur du service de l’environnement de la Ville de Drummondville

Cette démarche permettra également des économies d’eau et cadre avec le récent bannissement des pesticides par la Ville, souligne Roger Leblanc, qui affirme que les résultats surpassent les attentes.

Et les citoyens aussi semblent apprécier.

« Les gens voient ça et on a énormément de questions, ils veulent avoir les mêmes semences », indique M. Leblanc.

La Ville prévoit d’ailleurs recueillir les semences sur ses terrains afin de les offrir à la population, le printemps prochain.

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Population de la ville de Drummondville

Source : ministère des Affaires municipales et de l’Habitation

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