Kyiv affirme avoir percé la ligne de défense russe
Kyiv — L’Ukraine a affirmé lundi avoir percé la ligne de défense russe en reprenant deux villages près de la ville dévastée de Bakhmout, sur le front oriental, voulant y voir un signe encourageant pour sa contre-offensive au moment où le président Volodymyr Zelensky, arrivé aux États-Unis, va s’adresser à l’assemblée générale de l’ONU et rencontrer Joe Biden.
Engagées depuis début juin dans une difficile contre-offensive face à des lignes fortifiées russes, les forces ukrainiennes ont accentué leur pression ces deux dernières semaines, reprenant le village de Robotyné, dans le Sud, puis celui d’Andriïvka, dans l’Est.
Dimanche, c’est la localité voisine d’Andriïvka, Klichtchiïvka, qui est tombée après des mois de combats.
Avec ces avancées, « la ligne de la défense de l’ennemi a été percée », a déclaré le commandant des troupes terrestres de Kyiv, le général Oleksandre Syrsky.
Ces localités étaient « importantes » pour la ligne de défense russe autour de Bakhmout, a-t-il ajouté, précisant que trois brigades russes avaient été « détruites ».
La situation dans la zone est reste « compliquée » et des « combats acharnés près de Bakhmout se poursuivent », a toutefois admis le général Syrsky.
Le président Volodymyr Zelensky s’est dit sur X « fier » de « chacun [des] héros sur la ligne de front ».
La Russie a revendiqué la prise de Bakhmout en mai après dix mois de combats sanglants. Mais elle fait face depuis lors à des contre-attaques ukrainiennes sur ses flancs, et la bataille continue pour cette ville de 70 000 habitants avant la guerre et aujourd’hui largement détruite.
Frappes russes
Les frappes nocturnes en profondeur du territoire ukrainien se sont également poursuivies avec 24 drones envoyés et 17 missiles tirés par la Russie, a déclaré l’armée de l’air ukrainienne, selon laquelle tous les missiles et 18 drones ont été interceptés.
L’armée russe a de son côté affirmé dans son rapport quotidien avoir bombardé en Ukraine des lieux de stockage de missiles de croisière Storm Shadow et de munitions à l’uranium appauvri, deux types d’armes fournies par Londres.
La Russie a également annoncé avoir abattu dans la nuit plusieurs drones ukrainiens en Crimée annexée, dans la région de Moscou ainsi que dans celles de Belgorod et de Voronej, proches de l’Ukraine. Un type d’attaque devenu quasi quotidien.
Zelensky et Lula
Sur le plan diplomatique, Volodymyr Zelensky a annoncé sur X être arrivé lundi soir avec sa femme Olena aux États-Unis, où il doit s’adresser à l’assemblée générale des Nations unies et avoir des rencontres au siège de l’ONU à New York. Il doit ensuite se rendre à Washington pour de nouvelles discussions jeudi avec son homologue américain, Joe Biden, dont le pays est le principal soutien militaire et financier de Kyiv.
À New York, le président ukrainien doit notamment s’entretenir avec son homologue brésilien, Luiz Inácio Lula da Silva, après une rencontre annulée en mai durant le Sommet du G7 à Hiroshima, au Japon, officiellement en raison d’une incompatibilité d’agendas.
À l’inverse de plusieurs puissances occidentales, le Brésil n’a jamais imposé de sanctions financières à la Russie ni accepté de fournir des munitions à Kyiv. M. Lula avait suscité une vive controverse en avril en affirmant que les États-Unis devaient cesser « d’encourager la guerre » en Ukraine.
Berlin a de son côté annoncé lundi une nouvelle aide de 400 millions d’euros (476 millions de dollars canadiens), notamment militaire, à la veille d’une réunion des alliés de Kyiv en Allemagne.
Le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, est lui attendu en Russie pour des pourparlers consacrés à la « sécurité ».
Plainte à l’OMC
Kyiv a annoncé lundi avoir porté plainte devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC) contre trois pays de l’UE – la Pologne, la Slovaquie et la Hongrie – qui ont prolongé leur embargo sur les importations de céréales ukrainiennes, malgré la levée des restrictions décidée par Bruxelles.
« C’est pour nous crucial d’établir que des États membres [de l'UE] ne peuvent pas interdire à titre individuel l’importation de biens ukrainiens. [...] C’est pour cela que nous portons plainte contre [la Pologne, la Slovaquie et la Hongrie]. »
— Ioulia Svyrydenko, ministre de l’Économie de l'Ukraine, dans un communiqué
Dans la foulée, Varsovie, par ailleurs un des meilleurs alliés militaires et diplomatiques de l’Ukraine contre la Russie, a annoncé maintenir sa décision.
Fin avril, la Commission européenne avait permis à cinq États membres (Pologne, Hongrie, Slovaquie, Bulgarie, Roumanie) de bloquer sur leur sol la commercialisation de blé, maïs, colza et tournesol ukrainiens afin de protéger leurs agriculteurs.