Chronique

Montréal, on te reconnaît !

Une borne de stationnement avec la lettre P peinte sur le côté, dans un gros cercle bleu. Le square Dorchester à l’angle de Peel et de René-Lévesque, où lunchent quotidiennement des employés des tours de bureaux avoisinantes.

Des panneaux de signalisation du centre-ville de Montréal. Le joli café La Finca, rue De Bleury, près de la rue De La Gauchetière. Et le magnifique hall d’entrée de l’édifice Jacques-Parizeau de la Caisse de dépôt et placement du Québec.

Chers créateurs de la série millénariale The Bold Type, vous ne tromperez pas les yeux de lynx des téléspectateurs d’ici. Toutes vos tentatives de camouflage ont échoué. Bel effort, cependant, pour l’importation de taxis jaunes.

On le sait très bien que vos trois héroïnes dégourdies – certains diront qu’elles sont « woke » – ne déambulent pas sur l’asphalte quasi liquide des rues bondées de New York, grand latté à la main, sans jamais perler du front.

C’est plutôt à Montréal (et un brin à Toronto) que le trio de jeunes femmes dans la mi-vingtaine de The Bold Type concilie travail, relations amoureuses et Instagram.

Dans chacun des épisodes, de petits détails trahissent la montréalité de son environnement. On s’entend. Ce n’est rien d’ultradramatique, seulement amusant de les relever.

Dans The Bold Type, souvent décrite comme le Sex and the City de la génération Y, les aires communes de l’immeuble de la Caisse de dépôt deviennent le hall du superbe édifice new-yorkais qui abrite le magazine féminin Scarlet, où bossent les trois vedettes de l’émission.

Les filles y papotent, achètent leur café et s’y confient de juteux secrets de bureau. Ces lieux, magnifiques et lumineux, apparaissent dans presque tous les épisodes de cette série diffusée sur ABC Spark. La boutique iTunes la propose aussi, tandis que Vrak relaiera The Bold Type à l’automne sous le titre De celles qui osent.

Potin de plateau. L’équipe de The Bold Type ne plante pas en pleine semaine ses caméras au siège social de la Caisse de dépôt, pour éviter de gêner le trafic. « Les tournages ont toujours lieu le week-end et, en priorité, dans les espaces communs. Ils s’installent le vendredi soir et repartent 48 heures plus tard », précise Sébastien Théberge, vice-président aux affaires publiques d’Ivanhoé Cambridge, filiale immobilière de la Caisse de dépôt.

Depuis plus d’un an, les Montréalais tombent régulièrement sur des panneaux de tournage orangés frappés des lettres TBT. Vous savez maintenant ce que ce sigle signifie. Les pancartes poussent souvent en bordure du boulevard Saint-Laurent et dans le Vieux-Montréal.

Autre exemple ? L’appartement du jeune avocat de la publication s’élève dans une tour de condos du boulevard René-Lévesque Ouest. Certaines scènes ont été mises en boîte à Toronto, dont celle de l’émission pilote où Kat, Sutton et Jane attendent le métro dans leurs robes chic et colorées. Prochaine station : Bloor-Yonge, et non celle de 59e Rue.

The Bold Type s’inspire de la vraie vie de l’ancienne rédactrice en chef du magazine Cosmopolitan Joanna Coles. Les trois protagonistes occupent des fonctions différentes au sein de la publication fictive Scarlet. L’idéaliste Kat dirige les médias sociaux, la féministe Jane tente de lancer sa carrière de journaliste « sérieuse », alors que la créative Sutton s’emmerde à son travail d’assistante et pousse pour une mutation au service de la mode.

Au fil des heures, on suit l’entrée sur le marché du travail de ces trois copines allumées, avec tout ce que cela comporte d’obstacles, de remises en question et de frustrations.

C’est bien fait et pas cucul. C’est une bonne friandise estivale, pour se rafraîchir le cerveau.

La série manque toutefois de budget pour réaliser pleinement ses ambitions, mais compense par son regard frais et pas condescendant sur une génération que les patrons de télévision saisissent encore mal.

Selon la section canadienne de l’Association cinématographique (MPA), l’implantation de The Bold Type à Montréal a injecté 20 millions dans l’économie locale uniquement pour la première saison. Le troisième chapitre est en chantier.

Parlant de série américaine, je vous ai vanté hier les mérites de la série The Good Fight (Une lutte exemplaire), qui dérive de The Good Wife. Je n’ai pas changé d’avis : c’est toujours excellent. Sachez, par contre, que Séries+ la diffuse en reprise les mardis à 21 h. Programmez vos enregistreurs. Ou visitez la section sur demande de votre fournisseur de télé numérique !

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