Élections

Où en sommes-nous dans les sondages et les intentions de vote ?

Les changements de dernière minute chez les électeurs sont sans doute plus fréquents qu’on le pense. En 2018, 36 % des répondants au sondage postélectoral que nous avons réalisé avec mon collègue André Blais ont déclaré avoir décidé de leur vote durant la dernière fin de semaine et même la journée du vote ou au moment de voter. La proportion de ceux qui avaient pris leur décision dans les derniers jours montait toutefois jusqu’à plus de 70 % chez ceux qui avaient changé de préférence ou qui étaient discrets pendant la campagne.

Où en sommes-nous dans cette élection ?

Au moins trois sondages seront publiés aujourd’hui ou demain. Pour ce qui est des sondages publiés depuis la fin août (18), des mouvements dans les intentions de vote semblent se dessiner. Si on tient compte de tous les sondages publiés, les partis plus « traditionnels », soit le Parti libéral du Québec (PLQ) et le Parti québécois (PQ), semblent avoir pris du mieux au détriment de leurs opposants les plus proches au cours des derniers jours, soit après le débat de Radio-Canada du 22 septembre. Les appuis au PLQ dépassent maintenant ceux du Parti conservateur (17 % comparé à 15 %) et le PQ apparaît à égalité avec Québec solidaire à près de 13 %. La CAQ est relativement stable à 40 %.

Cette remontée du PLQ et du PQ est similaire dans la grande région de Montréal. Le PLQ semble en remontée et serait en ce moment à 25 %. Le Parti conservateur (PCQ) et Québec solidaire (QS) sont en baisse et se retrouvent à égalité avec le PQ à 12 %. Enfin, les appuis à la CAQ sont relativement stables autour de 35 %.

Peut-on se fier aux sondages ?

Cette élection est particulièrement difficile pour les analystes de sondage puisqu’il y a des différences notables dans les estimations des différentes firmes. D’une part, il y a une différence significative entre Léger et Mainstreet, deux firmes qui utilisent des méthodologies très différentes – panel web pour Léger et sondages téléphoniques automatisés pour Mainstreet. Comparativement à Mainstreet, Léger évalue les appuis à QS quatre points plus élevés (16,2 comparé à 12,1), au PQ, 2,7 points plus élevés (12 comparé à 9,3) et au PCQ, 3,5 points moins élevés.

À ces firmes, s’ajoutent quatre autres firmes avec des méthodologies et des échantillons différents, soit Segma (sondage téléphonique), Ekos (sondage automatisé), Angus Reid et Research Co. (sondages web). Loin de nous aider à y voir clair, ces firmes se distinguent par des estimations différentes. Segma et Ekos estimaient les appuis au PQ à 14-15 % et ceci, avant le dernier débat. Segma et Angus Reid ont la même estimation que Léger pour QS (16 %), mais Ekos estime l’appui à 21 %.

Enfin, Research Co. et Angus Reid ont la même estimation que Mainstreet pour le PCQ (18-19 %), mais Ekos l’estime à 12,3 %.

Comment y voir clair ?

Il faut d’abord rappeler que plus il y a de sondages, plus on peut penser que les biais des uns peuvent compenser les biais des autres. Dans les circonstances, la moyenne pondérée des sondages, en tenant compte autant que possible du moment où le sondage a été réalisé, est la solution la plus fiable… en attendant d’avoir les résultats des élections. D’autre part, s’il y a un enseignement à tirer des dernières élections québécoises, c’est qu’il faut regarder les sondages jusqu’à la fin de la campagne pour savoir si les mouvements post-débat détectés semblent se confirmer.

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