Un puissant séisme secoue Taïwan

Quatre personnes ont perdu la vie à Taïwan dans un puissant séisme sous-marin de magnitude supérieure à 7 qui s’est produit près des côtes de l’île, mercredi (heure locale), selon l’agence de lutte contre les incendies du pays. Le plus puissant tremblement de terre à toucher l’île depuis 25 ans a aussi fait au moins 57 blessés.

« Le séisme est proche de la côte et peu profond. Il [a été] ressenti dans tout Taïwan et dans les îles voisines », a déclaré aux journalistes le directeur du Centre sismologique de Taipei, Wu Chien-fu. La secousse a frappé tout près de la côte est du pays peu avant 8 h, mercredi.

Sa magnitude a d’abord été estimée à 7,5 par l’Agence météorologique japonaise (JMA), à 7,4 par l’Institut américain d’études géologiques (USGS) et à 7,2 par l’Agence météorologique taïwanaise (CWA). Il a bel et bien eu lieu à faible profondeur, selon ces agences, et a été suivi de plusieurs répliques.

De l’avis de Christie Rowe, professeure au département des sciences de la Terre et des planètes de l’Université McGill, il est inévitable qu’un séisme de cette force occasionne des dégâts. Taïwan, fait-elle remarquer, est plutôt bien préparé pour faire face à ces évènements extrêmes.

« Mais il n’y a pas une place au monde où un tel séisme ne causerait pas de dégâts. Particulièrement lorsqu’il survient si près de la côte. »

— Christie Rowe, professeure au département des sciences de la Terre et des planètes de l’Université McGill

Gare à la suite

En plus de la secousse principale, Mme Rowe s’inquiète des conséquences que pourraient avoir les répliques survenues dans la foulée et celles à venir. « C’est un autre facteur de risque, qui va causer une pression supplémentaire sur les infrastructures déjà touchées », avance-t-elle.

On voit déjà apparaître un certain nombre de vidéos des secousses sur les réseaux sociaux, constate l’experte, « et il y aura assurément des impacts pour la population ». Pour preuve, deux immeubles se sont effondrés à Hualien, ville située près de l’épicentre du violent séisme, selon les pompiers. « Des personnes pourraient être prises au piège. Nous n’avons pas plus d’informations pour le moment », a déclaré un responsable.

Les écoles ont évacué leurs élèves vers les terrains de sport, les équipant de casques de protection jaunes. De nombreux enfants en bas âge ont également été équipés de casques de moto pour se protéger des chutes d’objets, alors que les répliques sismiques se poursuivaient.

Le service ferroviaire a été temporairement suspendu dans l’île de 23 millions d’habitants, tout comme le service de métro de la capitale, Taipei, où une ligne aérienne nouvellement construite s’est partiellement séparée.

Au moment où ces lignes étaient écrites, l’ampleur des dommages demeurait inconnue, mais les Taïwanais savent faire face à la réalité sismique de leur pays, et la plupart sont outillés pour y réagir, se console Mme Rowe. « Ils vont être vigilants pour les répliques, la possibilité de tsunamis ou de glissements de terrain », énumère-t-elle.

Tant et si bien qu’il n’y a eu que peu de panique dans l’île, selon l’Associated Press. Celle-ci est régulièrement secouée par des tremblements de terre, elle organise des exercices dans les écoles et publie des avis par l’entremise des médias publics et des téléphones portables.

Craintes de tsunami dissipées

Peu après l’annonce du tremblement de terre, des alertes au tsunami ont été diffusées pour Taïwan, le Japon et les Philippines, où la population des zones côtières avait été priée de gagner les hauteurs. L’aéroport de Naha, le plus important de l’île japonaise d’Okinawa, a temporairement suspendu le trafic aérien.

En cours de soirée, cependant, ces alertes ont été levées ou rétrogradées en avertissements. Le Centre d’alertes au tsunami du Pacifique, un observatoire régional établi à Hawaii, a notamment estimé que le risque de tsunami était « largement passé ».

Christie Rowe estime qu’à ce chapitre, le pire a en quelque sorte été évité. Avec un séisme sous-marin d’une magnitude estimée à 7,5, « on se retrouve sur une fine ligne ».

« Un peu plus fort, on aurait été pratiquement assuré d’avoir des dégâts [liés aux tsunamis] conséquents, et un peu plus faible, on ne se serait attendu à rien de majeur. »

— Christie Rowe, professeure au département des sciences de la Terre et des planètes de l’Université McGill

Par chance, à la lumière des premières observations, on semble être en présence du deuxième cas de figure. Elle incite néanmoins à la prudence, puisque les tsunamis, même si leur amplitude est modeste, sont portés par une puissance considérable. L’Agence météorologique japonaise, par exemple, a prévenu que des vagues d’une hauteur d’un mètre pourraient survenir.

« Ça ne se compare en rien aux vagues qu’on aperçoit à la plage – [les tsunamis] peuvent être bas, mais très forts », affirme Mme Rowe.

Le plus fort en 25 ans

« C’est le plus fort [séisme] depuis 25 ans, depuis le tremblement de terre de 1999 », a estimé Wu Chien-fu, du Centre sismologique de Taipei. En septembre de cette année-là, un séisme de magnitude 7,6 avait fait 2400 morts, la pire catastrophe de l’histoire moderne de Taïwan.

« C’est certainement le plus gros que j’ai ressenti de ma vie et il a duré peut-être 30 secondes, même s’il m’a paru durer beaucoup plus longtemps », a raconté Phil Smith, un Britannique résidant à Taipei.

« J’ai entendu quelques sirènes de véhicules d’urgence, mais il n’y a certainement aucune panique », a-t-il poursuivi.

Situé à la frontière de plusieurs plaques tectoniques, Taïwan est fréquemment touché par des séismes. Pour limiter les risques autant que possible, le pays applique des normes de construction parmi les plus strictes au monde.

— Avec l’Associated Press et l’Agence France-Presse

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