Programme frontalier Nexus

Une entente d’ici décembre, selon le ministre Champagne

Ottawa — Le différend entre le Canada et les États-Unis au sujet du programme de voyageurs dignes de confiance Nexus devrait être résolu bien avant la rencontre du président Joe Biden et du premier ministre Justin Trudeau en décembre, a déclaré vendredi le ministre de l’Industrie François-Philippe Champagne.

M. Champagne, qui était à Washington pour rencontrer la secrétaire au Commerce Gina Raimondo, a déclaré qu’il avait soulevé la question avec son homologue américaine comme exemple d’une situation qu’il serait dans l’intérêt des deux pays de résoudre rapidement.

« Si je regarde les défis auxquels nous sommes confrontés, je dirais que cela devrait être facile à résoudre, car après tout, il s’agit de s’assurer que la frontière est aussi fluide que possible », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse.

« J’espère certainement que nous pourrons résoudre ce problème bien avant que le président et le premier ministre [se rencontreront] », a-t-il ajouté.

Le premier ministre Justin Trudeau devrait s’asseoir avec le président Joe Biden lorsque les deux dirigeants rencontreront le président mexicain Andrés Manuel López Obrador lors du sommet dit des « Trois Amigos » à Mexico en décembre.

Un face-à-face entre MM. Trudeau et Biden pourrait cependant avoir lieu plus tôt que cela : M. Biden n’a pas encore effectué sa première visite au Canada, promise depuis longtemps et souvent retardée, depuis qu’il est devenu président. Les responsables de la Maison-Blanche ont refusé de dire quand ce voyage pourrait avoir lieu.

Alors que les centres d’inscription Nexus aux États-Unis sont ouverts depuis avril, les 13 centres au Canada sont restés fermés depuis le début de la pandémie de COVID-19 en 2020. La fermeture de ces centres a fait exploser l’arriéré de demandes. Il dépasse maintenant les 330 000, selon Ottawa.

« Un peu frustrant », selon l’ambassadrice

Plus tôt cette semaine, l’ambassadrice du Canada à Washington, Kirsten Hillman, a fait part dans une entrevue à La Presse de son exaspération concernant les dysfonctionnements du programme Nexus.

« C’est un peu frustrant en ce moment », a laissé tomber Mme Hillman.

Même si les deux pays s’entendent sur « l’importance » du programme, « les Américains se sont retirés des centres d’inscription Nexus au Canada », regrette-t-elle.

Et une partie ne peut pas « unilatéralement » mettre la clé sous la porte, souligne Kirsten Hillman lors de cet entretien accordé dans un français impeccable.

« Ça va prendre du temps pour travailler sur les demandes. Ce ne sont pas des questions simples. Entre-temps, il est essentiel que les centres rouvrent », a plaidé la diplomate.

Car « les arriérés continuent de monter », a-t-elle prévenu.

Il y a quelques jours, devant un auditoire américain, l’ambassadrice canadienne avait été moins diplomate, accusant les États-Unis de « prendre en otage » le programme en question.

Celui-ci, qui existe depuis plus de 20 ans, permet un passage accéléré pour les voyageurs préautorisés, jugés à faible risque.

Inquiétudes

Le Conseil canadien des affaires a exprimé ses préoccupations auprès de l’ambassadeur des États-Unis à Ottawa, David Cohen, dans une lettre envoyée plus tôt cette semaine.

Son PDG, Goldy Hyder, a dit « craindre l’impact disproportionné » que la paralysie pourrait avoir sur les PME dont les employés ne possèdent pas déjà des cartes Nexus.

Car « les voyages post-COVID n’étant pas encore revenus à la normale, des obstacles supplémentaires entraveront leurs projets de visiter les États-Unis », a signalé le PDG du Conseil canadien des affaires.

La Maison-Blanche réclame du Canada qu’il assure aux agents de Nexus des protections juridiques comme celles dont les agents jouissent dans les aéroports ou à la frontière.

L’Agence des douanes et de la protection frontalière des États-Unis, la U.S. Customs and Border Protection, n’a pas répondu aux questions de La Presse, jeudi.

Son patron, Chris Magnus, était présent dans la salle de Washington où Mme Hillman a parlé de prise d’otage, d’après la CBC.

Vaccination : asymétrie frontalière

Pendant une bonne partie de la pandémie de COVID-19, le Canada et les États-Unis ont été au diapason en matière frontalière. Les règles sanitaires étaient la plupart du temps réciproques.

Mais il y a asymétrie depuis que le gouvernement Trudeau a aboli l’obligation vaccinale pour les voyageurs étrangers, dont ceux des États-Unis, le 1er octobre dernier.

L’inverse n’est pas vrai.

« On a posé la question aux Américains, et ils ont dit qu’ils n’avaient pas l’intention de faire un changement tout de suite », a indiqué Mme Hillman.

« Pour l’instant, je n’ai pas d’indications qu’ils vont suivre le Canada », a-t-elle poursuivi.

En juin 2022, les résidents des États-Unis ont effectué plus de 1,7 million de voyages au Canada, plus de 13 fois le nombre de voyages enregistré en juin 2021 (128 400) et plus de la moitié (57,5 %) du nombre de voyages observé au cours du même mois en 2019, selon Statistique Canada.

Le même mois, les résidents du Canada ont effectué près de 2 millions de voyages de retour après un séjour aux États-Unis, un nombre six fois plus élevé que celui enregistré en juin 2021 (310 900) qui correspond à 56,9 % du niveau observé en juin 2019, avant la pandémie, d’après la même agence.

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