Coup d’envoi de la vaccination de masse

« On attendait tous ce jour-là »

Québec — Après plus d’un an de lutte contre la pandémie, le ciel s’éclaircit enfin pour tous les Québécois : le gouvernement Legault donne le coup d’envoi (attendu) à la campagne de vaccination de masse. D’ici deux semaines, toutes les personnes âgées de 18 ans et plus pourront prendre rendez-vous pour être vaccinées. Au 24 juin, 2,5 millions de Québécois de plus auront retroussé leur manche.

« Un grand jour »

C’est avec une pointe de fébrilité que le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, a annoncé que tous les Québécois de 18 ans et plus pourraient prendre rendez-vous d’ici au 14 mai pour être vaccinés. À compter de ce vendredi, les 50 à 59 ans peuvent s’inscrire partout au Québec en utilisant la plateforme Clic Santé. Une nouvelle tranche d’âge de cinq ans sera appelée tous les deux jours. La vaccination du groupe des quinquagénaires peut commencer dès ce vendredi ; lundi, ce sera au tour des 45 à 49 ans ; et ainsi de suite jusqu’au groupe des 19 à 24 ans, qui pourront prendre rendez-vous le 14 mai (voir calendrier ci-contre). C’est l’âge et non l’année de naissance qui est pris en compte.

Évidemment, les dates de rendez-vous seront étalées dans le temps et pourront varier selon les arrivages et les régions. Québec prévoit mettre les bouchées doubles pour augmenter la capacité vaccinale. Une dizaine d’entreprises seront mises à contribution dès la semaine prochaine. On augmentera aussi le nombre de doses envoyées en pharmacie. Quelque 12 000 vaccinateurs ont été formés après avoir été recrutés par le truchement du site Je contribue !, et on continue d’accepter les volontaires.

La cible sera atteinte

Christian Dubé est catégorique : « il n’y a plus aucun doute » que l’objectif de vacciner 75 % des Québécois adultes au 24 juin sera atteint. Il assure que le Québec recevra suffisamment de doses pour même dépasser cette cible. À ce jour, 2,9 millions de Québécois ont reçu une première dose de vaccin, soit 41 % des adultes. Il reste 2,5 millions de personnes à vacciner pour atteindre l’objectif de 75 % d’ici la fête nationale. D’ici le 31 mai, ce sont 2,5 millions de doses de vaccin qui seront reçues au Québec, dont des centaines seront destinées à la deuxième dose. Les livraisons de Pfizer vont doubler. On parle de 450 000 doses de ce vaccin toutes les semaines en mai. Toujours en mai, le Québec doit recevoir 360 000 doses du vaccin de Moderna. Les premières livraisons du produit de Johnson & Johnson ont atterri au pays jeudi. Le Québec s’attend à en recevoir quelque 67 000. On attend un avis du Comité sur l’immunisation du Québec (CIQ) pour déterminer l’utilisation qui sera faite de ce dernier vaccin, qui nécessite l’administration d’une seule dose. Aucun arrivage du vaccin d’AstraZeneca n’est pour l’heure au calendrier.

La vaccination à l’auto

Québec présentera la semaine prochaine les détails entourant la mise sur pied d’un « premier » site de vaccination à l’auto, comme aux États-Unis, notamment. On sait déjà que le projet sera déployé dans la grande région métropolitaine. Le défi est de trouver des lieux où il y a suffisamment d’espaces de stationnement pour que les personnes vaccinées puissent y demeurer pendant le temps d’observation d’une vingtaine de minutes qui suit l’administration du vaccin. « Il y a toute une logistique », a illustré M. Dubé. « Mais le grand avantage, c’est pour la famille. Les familles n’ont pas à chercher de gardienne […] Des familles pourraient dire : dans notre bulle, on est quatre, on s’en va en auto se faire vacciner », a-t-il ajouté.

Les adolescents devront attendre

Même si le vaccin de Pfizer est autorisé pour administration chez les 16 ans et plus, Québec n’a pas prévu de prise de rendez-vous d’ici le 14 mai pour les adolescents de 16 et 17 ans. « On s’est rendu jusqu’aux 18 ans étant donné qu’on est en train de planifier potentiellement une intervention en milieu scolaire. À ce moment-là, ils pourraient être rejoints en milieu scolaire », a expliqué le DHoracio Arruda. Différents scénarios sont d’ailleurs sur la planche à dessin pour une vaccination des adolescents à la rentrée ou même pendant l’été, « si c’était indiqué ». Pfizer, par exemple, affirme que son vaccin est sûr pour les jeunes de 12 à 15 ans. À noter que la vaccination au Québec pour les adolescents de 16 ans et plus souffrant d’une maladie chronique est possible.

Pas de calendrier pour la deuxième dose

Québec n’est pas en mesure pour l’instant de produire un calendrier semblable à celui dévoilé jeudi pour l’administration de la deuxième dose de vaccin. C’est qu’Ottawa a confirmé ses livraisons jusqu’au 30 juin seulement. « Le seul engagement qu’on prend, c’est de respecter les 112 jours et on peut le faire le plus rapidement possible », a précisé M. Dubé. Le « plan de match » pourra être défini lorsqu’on aura une meilleure idée des arrivages des mois de juillet, août et septembre.

Québec a administré un peu plus de 10 000 deuxièmes doses mercredi. À ce jour, 76 399 personnes ont reçu les deux doses nécessaires, soit 0,9 % de la population. Suivant un avis du CIQ, la Santé publique avancera par ailleurs l’administration de la deuxième dose (quatre semaines) pour les personnes immunosupprimées.

Un passeport vaccinal pour voyager ?

Le ministre de la Santé a réitéré qu’il avait demandé à ses équipes d’élaborer un moyen pour qu’un Québécois puisse avoir une preuve numérique de sa vaccination pour remplacer « le bout de papier » remis aux personnes vaccinées. Cela pourrait servir à fournir une preuve de vaccination pour voyager dans certains pays qui le demandent, a-t-il expliqué. Pour ce qui est de présenter un « passeport vaccinal » pour avoir accès à certains services au Québec, il a demandé à la Santé publique d’évaluer les « questions éthiques » qui seraient soulevées par une telle pratique. Lors de l’étude des crédits mercredi, le DArruda a montré peu d’enthousiasme devant cette option, indiquant que les avantages de ce genre de passeport « sont surestimés » et leurs inconvénients, « sous-estimés ».

Un déconfinement pour l’été

Québec a aussi confirmé que des discussions se tenaient pour établir un plan de déconfinement pour l’été, mais il est encore trop tôt pour s’avancer publiquement. « Je pense qu’on va avoir encore des présentations ce week-end, on a dit qu’on essayerait d’avancer quelque chose dans les prochaines semaines, mais c’est certain qu’au fur et à mesure qu’on vaccine, on devient de plus en plus certains d’être capables de présenter un plan, mais il est encore un petit trop tôt aujourd’hui », a précisé M. Dubé.

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