Acquisition de Cogeco

Rogers veut convaincre le Québec qu’elle est une bonne option

« On est très ouverts au dialogue », soutient la présidente de Rogers Communications pour le Québec, en entrevue avec La Presse

Deux jours après que le premier ministre du Québec eut déclaré qu’il n’était « pas question de laisser cette entreprise québécoise déménager son siège social en Ontario », Rogers a tenté vendredi de convaincre le Québec qu’elle était une bonne option pour Cogeco.

Rogers a revêtu ses plus beaux atours dans un communiqué qui flirtait avec la campagne de séduction. En plus d’employer 3000 Québécois et de promettre de connecter des régions éloignées de la province, l’entreprise canadienne, dont le siège social est à Toronto, s’est engagée à ce que la direction de Cogeco et son siège social restent au Québec si l’entreprise accepte l’offre hostile d’Altice USA.

En entrevue avec La Presse, la présidente de Rogers Communications pour le Québec, Édith Cloutier, a fait valoir que son entreprise voulait participer à l’avenir numérique du Québec, entre autres avec la 5G, et qu’elle adopterait la même approche que lors de l’acquisition de Fido, en 2004. La marque Fido est toujours dirigée de Montréal, où ses patrons travaillent depuis 1996.

« On est des gens qui sont au Québec, on est des gestionnaires du Québec, on prend des décisions pour nos clients du Québec, on prend des décisions pour nos employés du Québec. »

Rogers détient déjà quelque 41 % des actions de Cogeco et 33 % de celles de sa filiale Cogeco Communications, mais la famille Audet contrôle les deux entreprises par le truchement de ses actions à droit de vote multiple.

Offre hostile

En entrevue sur les ondes du FM93, mercredi matin, le premier ministre François Legault a dit que ni Louis Audet ni Rogers ne voulaient vendre leurs actions et que c’était « comme une chicane entre deux gros actionnaires ». Questionnée à ce sujet, Édith Cloutier s’est contentée de dire que Rogers voulait accroître sa présence au Québec et y créer des emplois de qualité.

Au cours de l’entretien, La Presse a voulu savoir si Altice USA et Rogers avaient joint Cogeco avant d’en arriver à cette offre hostile, et si les deux entreprises croyaient que l’offre avait une chance d’être acceptée par la famille Audet. Mme Cloutier a répondu qu’elle ne pouvait pas entrer dans les détails de l’offre parce qu’elle implique des sociétés cotées en Bourse.

« Rogers est depuis longtemps un actionnaire principal chez Cogeco. On travaille dans le même environnement, il y a des parallèles. Dans ce cas-ci, c’est Altice qui est entrée en contact avec nous, et nous, on a fait une offre, puis on s’est entendus avec Altice pour faire une offre pour les actifs canadiens. »

— Édith Cloutier, présidente de Rogers Communications pour le Québec

Malgré le refus catégorique de Cogeco, Rogers n’entend pas lâcher le morceau et croit « fortement à ce qui a été présenté », sans pouvoir en dire plus sur la suite.

« On demeure très engagés à l’égard de cette offre-là et on est très ouverts au dialogue, que ce soit avec la famille, avec les actionnaires, que ce soit avec les conseils », soutient-elle.

Rogers et Fido emploient environ 3000 Québécois dans l’ensemble de la province. Rogers compte près de 2 millions de clients au Québec.

Selon une étude de PwC commandée par Rogers, l’empreinte économique totale des investissements et des activités de l’entreprise au Québec a atteint, en 2019, plus de 2,7 milliards.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.