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Une fin de vie digne et naturelle refusée aux Québécois

Près de 200 lecteurs et lectrices ont commenté la lettre de Geneviève Dechêne, médecin de famille, sur les soins de fin de vie à domicile. Voici un aperçu des courriels reçus.

Humanité et sérénité

J’ai bénéficié de ce service pour ma conjointe. Vous savez, c’est aussi mourir dans la dignité d’y avoir accès. Étant résidant de Ville-Émard, j’ai pu bénéficier des services SIAD du CLSC de Verdun. L’équipe médicale a mis en place un aménagement qui a fait en sorte que ma conjointe, atteinte du cancer, est décédée dans la dignité, accompagnée de ses trois enfants et moi-même. L’accompagnement a fait en sorte que le deuil s’est effectué dans un contexte humain et serein. Ce service doit être étendu à tous les Québécois.

— Pierre Lépine

Souhait

Je suis tout à fait d’accord avec les propos et la position de la Dre Dechêne. J’ai 73 ans et j’espère que, le temps venu, j’aurai la chance de terminer mes jours dans la paix de mon foyer, accompagnée de personnes qui me sont chères et au son de ma musique préférée (Bach), plutôt que dans l’anonymat et la bousculade des services d’urgence, même si, selon ma propre expérience, ils sont offerts par un personnel dévoué et attentif.

— Marie Brasseur

Repos à la maison

Je trouve ça bien triste. Un de mes frères est décédé chez lui, entouré des siens avec les services de professionnels. Il est parti en douceur. Le peu de temps qu’il a passé à l’hôpital, il n’arrivait pas à se reposer avec les bruits, le va-et-vient et les sonnettes qui n’arrêtaient pas de sonner. Alors, il est revenu chez lui. Le CLSC suivait son état. Ma belle-sœur a été là pour lui jour et nuit, je lui lève mon chapeau. Je souhaite que chacun puisse avoir l’appui d’une équipe de soignants à domicile. Une personne en fin de vie a besoin de calme, des siens et de bons soins, que ce soit dans une maison palliative ou à la maison.

— Diane Delorme

Pensez à nous !

Effrayant, il n’y a pas d’autres mots. Étant moi-même aux prises avec un cancer de stade 4, phase terminale, je suis découragée de voir notre gouvernement mettre des bâtons dans les roues à ceux qui font tout pour nous accompagner en fin de vie. On m’a parlé des soins palliatifs à domicile, mais on s’est bien gardé de me dire que je ne pourrai être soignée chez moi le huitième jour. C’est incompréhensible. Coudonc, lorsqu’une façon de faire fait en sorte que le gouvernement économise de l’argent, on dirait qu’il déteste ça. J’aimerais juste que nos dirigeants passent une seule journée dans notre corps pour voir si, pour nous, c’est un plaisir d’aller à l’hôpital au lieu d’être soignés chez nous ! Ça fait neuf mois que je passe à l’hôpital pour tellement d’examens, de rendez-vous. Il me semble qu’on pourrait penser un peu à nous. Parce qu’avoir le cancer, c’est une job à temps plein !

— Christiane Pichette, Tingwick

Extraordinaire

Je suis immensément touchée par votre lettre. Je suis une infirmière retraitée qui a travaillé aux soins à domicile ainsi qu’aux soins palliatifs à domicile. Accompagner des personnes et leurs familles dans la dernière période de leur vie est tellement extraordinaire, tant pour la personne et sa famille que pour les soignants, qui répondent aux besoins et désirs ultimes de mourir à domicile.

— Cécile Létourneau

Plus de moyens

Oui, il faut concentrer et augmenter les ressources pour les soins en fin de vie à domicile. Je vois actuellement ma mère dormir paisiblement chez elle et je la sens bien.

— Chantal Brisebois

Long parcours

En 2013, une de mes belles-sœurs est décédée à la maison à la suite d’une longue bataille contre un cancer. Elle avait exprimé le vœu d’être à la maison, ce que nous avons accepté. Jusqu’à la fin, accompagnée de ses frères, sœurs, tantes, enfants et cousins, nous nous sommes relayés. Nous avons eu de beaux moments, de beaux partages, des fous rires avec elle et des pleurs, de la tristesse aussi. Tout au long de ce parcours, l’équipe du CLSC de Verdun, infirmières et médecins, nous accompagnait et nous guidait. Quelle chance pour ma belle-sœur et nous. Cette façon de faire nous a permis de resserrer des liens et de faire notre deuil progressivement, ce qui n’est pas négligeable pour les familles. Ce système devrait être instauré définitivement, c’est une question de dignité pour la personne malade et c’est sûrement moins coûteux pour la société.

— Ginette Dufour

Primauté de la maison

Mon conjoint des 47 dernières années a bénéficié de ces soins de fin de vie à domicile à la suite d’un cancer du poumon fulgurant qui nous l’a emporté en sept mois. Je l’ai secondé et soigné du mieux que j’ai pu, avec une équipe du CLSC. Il n’était aucunement question qu’il passe du temps à l’hôpital. Pour lui comme pour moi et les enfants, c’était très important qu’il reste à la maison. J’en remercie encore toute l’équipe qui s’est occupée de lui.

— Laurie Rafael

Partir avec dignité

Ma fille, alors qu’elle avait 42 ans, a eu un diagnostic de cancer agressif du sein. Ses enfants avaient alors 6 et 9 ans. Les années suivantes, elle a subi de multiples traitements et opérations chirurgicales qui lui ont permis de rester avec nous quatre années de plus. Je veux remercier l’équipe d’oncologie et le CLSC, qui ont participé à ce qu’elle revienne chez elle, dormir dans son lit, pour lui permettre de s’assoir à la table avec ses enfants et de les embrasser avant qu’ils ne s’endorment ou partent pour l’école. Il était sûrement difficile pour eux de voir leur maman perdre des forces, mais un travail de deuil s’amorçait. Elle est restée chez elle jusqu’à ce que ses poumons nécessitent de l’oxygène en permanence. Elle nous a quittés dignement.

— Nicole Latendresse, infirmière retraitée

Merci

Merci, c’est ce que je vis avec mon conjoint en soins palliatifs grâce au soutien de la Société des soins palliatifs à domicile du Grand Montréal.

— Lise Charland

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