Guerre en Ukraine

Les armes controversées de la Russie

La Russie soulève colère et indignation depuis son invasion de l’Ukraine. Les armes utilisées par les troupes de Vladimir Poutine sont décriées parce qu’elles tuent beaucoup de civils ou parce qu’elles sont interdites par des traités. Or, d’autres armes encore plus sales sont en réserve et inquiètent l’OTAN au point que l’alliance songe à distribuer des trousses de protection aux Ukrainiens. De quoi est fait l’arsenal des armes russes déjà employées ou dont on craint l’usage ?

Missiles hypersoniques Kinjal et Zircon

La Russie se targue d’avoir utilisé des missiles air-sol Kinjal dont le nom signifie « poignard » en russe. Ils se caractérisent par leur vitesse, plus de Mach 5, supérieure à celle des missiles conventionnels. Faisant huit mètres de long, ils sont tirés par des avions de chasse MiG-31 et très difficiles, voire impossibles à intercepter. La Russie teste ces engins, incluant aussi des missiles Zircon tirés par des navires, depuis 2018, mais ne les avait jamais utilisés à ce jour.

Bombes à sous-munitions

Selon les experts, la grande majorité des victimes de ces bombes sont des civils. Une fois larguées ou tirées, les bombes à sous-munitions se fragmentent avant l’impact et déversent des dizaines de petites bombes sur une large surface. Une minibombe tombée au sol sans exploser demeure une menace létale, comme une mine antipersonnel. Les bombes à sous-munitions sont interdites par la Convention d’Oslo, signée par 119 États, mais ont été souvent utilisées, notamment en Ukraine, rapporte l’ONU.

Bombes thermobariques

Nous avons déjà évoqué l’usage de projectile tiré par lance-roquette monté sur un char T-72 russe. La bombe thermobarique se caractérise par l’enchaînement de deux explosions. Une première charge libère des particules liquides ou métalliques très inflammables sur plusieurs centaines de mètres. Une deuxième explosion enflamme ce combustible. La boule de feu produite peut vaporiser un être humain. Plusieurs photos de ces engins circulent sur les réseaux sociaux depuis le début de la guerre.

Phosphore blanc

Des officiels ukrainiens, dont Oleksiiy Bilochitskyi, directeur adjoint de la patrouille policière de Kyiv, accusent la Russie d’avoir utilisé des bombes au phosphore blanc. Les composantes chimiques de ces projectiles peuvent illuminer un objectif et créer beaucoup de fumée pour confondre l’ennemi. Mais elles peuvent aussi servir de matière incendiaire au même titre que les bombes au napalm et causer de très graves brûlures.

Armes chimiques

Avant de quitter Washington pour l’Europe, mercredi, le président des États-Unis, Joe Biden, a qualifié de « menace réelle » la possibilité que la Russie utilise des armes chimiques. Celles-ci existent sous différentes formes (gaz sarin, gaz moutarde, chlore) et peuvent provoquer des irritations, de la suffocation, de l’empoisonnement, etc. La Russie, qui a ratifié la Convention sur l’interdiction des armes chimiques, a été accusée d’en avoir utilisé contre les rebelles en Syrie en 2013. Michel Fortmann, professeur honoraire de science politique à l’Université de Montréal et chercheur au Centre d’études et de recherches internationales, croit que les Russes hésiteront longuement avant de passer aux actes. « Pour le moment, c’est une arme rhétorique, dit-il. Les Russes ont déjà le monde entier contre eux et ils savent que leur usage pourrait accroître davantage la détestation de l’opinion publique à leur égard. » La Russie a par ailleurs accusé les États-Unis d’entretenir des laboratoires d’armes biologiques en Ukraine, affirmation largement démentie dans la communauté internationale.

Missiles nucléaires tactiques

Cette menace est évoquée depuis que Vladimir Poutine a relevé le niveau d’alerte de ses forces nucléaires. Lundi, le New York Times a parlé de la création d’une « nouvelle génération » d’armes nucléaires dont le pouvoir de destruction équivaut à une « fraction de la bombe larguée sur Hiroshima ». Ici encore, Michel Fortmann appelle à la prudence. « L’arme nucléaire est dans une catégorie à part. Peu importe sa puissance, la dernière fois qu’elle a été utilisée remonte au 9 août 1945 à Nagasaki, rappelle-t-il. C’est l’arme de dernier recours. Mardi, un porte-parole du Kremlin a déclaré que, respectant la doctrine russe, l’arme nucléaire ne serait utilisée qu’en cas de menace existentielle contre la Russie. » Mais il ne faut pas énerver la partie adverse, ajoute-t-il. « Plus on garde les armes nucléaires en retrait, moins il y a de risques d’accident. »

Sources : Le Temps, The New York Times, l’Agence France-Presse, ONU Info, CNews, Le Figaro, RTBF et Handicap international

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