Farouche : trouver l’équilibre en nature
Quand ils résidaient dans le quartier Rosemont–La Petite-Patrie, à Montréal, avec leurs enfants (Anne-Sophie, Léopol et Juliette), l’avocate Geneviève Côté et l’urbaniste Jonathan Casaubon adoraient le secteur. « Notre quartier était un parfait mélange d’urbanité et de tranquillité, explique Jonathan. Mais les avantages de la ville, on en profitait très peu. Toutes les fins de semaine, on montait au chalet familial dans le Nord, et le dimanche soir, on avait les blues à l’idée de devoir rentrer en ville. » Ils ont alors constaté qu’ils étaient heureux, certes, mais qu’il leur manquait quelque chose.
Comme la majorité des familles contemporaines, les Côté-Casaubon étaient à la recherche de la recette parfaite pour atteindre l'équilibre entre les obligations du quotidien et le temps de qualité passé en famille.
À l’époque, Geneviève était avocate en entreprise. Pour aider sa famille à atteindre cet équilibre, elle a pris la décision, autour de 2011, de s’établir à son compte, question d’avoir plus de temps pour ses enfants. Or les contrats affluaient et Geneviève ne refusait aucun mandat, poussée par la crainte que vivent plusieurs travailleurs autonomes, à savoir : à force de refuser, le téléphone arrêtera inévitablement de sonner.
Pendant près de six ans, elle a donc travaillé jour et nuit, mais jamais en présence de ses enfants. Cependant, un rythme à ce point effréné n’était pas soutenable : « Avoir ma pratique m’a permis une belle flexibilité et m’a aussi permis d’être très présente pour mes enfants, mais je me suis brûlée. »
L’appel du Nord
Bien que ce ne soit pas pour tout de suite, Jonathan aspire à prendre sa retraite dans les Laurentides. Quant à Geneviève, elle rêve depuis longtemps d’autonomie alimentaire et s’imagine les deux mains dans la terre à prendre soin d’un grand jardin.
Animée par le désir intense de reprendre le contrôle sur sa vie et son bonheur ainsi que de se rapprocher de la nature, la famille a donc choisi de déménager à Sainte-Adèle.
Les Côté-Casaubon ont adopté la formule du télétravail pendant plus de trois ans, au bout desquels Geneviève a délaissé tranquillement sa pratique pour devenir l’aidante naturelle de son père en perte d’autonomie. De son côté, Jonathan a peu à peu commencé à se sentir prêt pour un autre défi professionnel.
Une occasion à saisir
Par un beau concours de circonstances, l’occasion d’acquérir une terre de 40 hectares (100 acres) aux portes du parc national du Mont-Tremblant s’est présentée. Geneviève et Jonathan sont tombés amoureux de ce lopin et ont sauté sur l’occasion. Le point de départ : l’envie de bâtir une ferme maraîchère pour vivre en autosuffisance. Grisés par cette toile vierge, ils ont été motivés dès le départ par des idées de grandeur qui les gardaient éveillés jusqu’au milieu de la nuit.
C’est alors qu’ils ont pris la décision de mettre en veilleuse leurs carrières respectives pour se lancer dans la réalisation de ce rêve. La graine était plantée, et Farouche en a germé.
« C’était difficile, au début, d’imaginer cette forêt devenir quelque chose », se souvient l’aînée de 15 ans, Anne-Sophie.
« On lisait beaucoup d’articles sur les difficultés financières des agriculteurs, ajoute Geneviève. On a eu l’idée de stabiliser les revenus de la ferme avec d’autres activités connexes. Sont donc venus se greffer à la ferme des gîtes, un café, un coin boutique, un spa et des équipements sportifs. » L’urbaniste et l’avocate ne sont toutefois jamais bien loin : Jonathan a développé les plans, tandis que Geneviève a négocié les demandes de permis avec la Municipalité. Les deux entrepreneurs forment aujourd’hui une équipe solide grâce à leurs expertises professionnelles.
Des enfants patients
Mener à bien un tel projet représente beaucoup de travail, et Geneviève et Jonathan reconnaissent chez leurs enfants une grande patience. C’est que, de parents extrêmement présents, ils sont vite devenus débordés par tout ce qu’il y avait à accomplir. « En fin de compte, c’est presque une bonne chose d’être obligés de les laisser un peu plus seuls; ils s’émancipent et c’est beau à voir », observe Geneviève. Anne-Sophie, Léopol et Juliette sont assurément fiers de faire partie intégrante du projet; ils ont surtout une grande admiration pour leurs parents, qu’ils trouvent plus heureux dans leur nouvelle vie.
C’est donc peut-être sur un territoire farouche en pleine nature, après avoir fait quelques détours et emprunté plusieurs chemins, que la famille Côté-Casaubon trouvera cet équilibre tant convoité.